Retour aux blocages pour les gilets jaunes

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« Le gouvernement continue à tout augmenter : Essence, gaz, électricité, péages. Stop, on bloque tout ! » Début juin, Eric Drouet s’est fait le relais, selon ses dires, de propositions de faire du samedi 22 juin une date de blocage. Les cibles pointées sur un des visuels de cet acte 32 sont les ronds-points, les péages, les entrepôts, mais aussi les institutions. L’initiative, reprise aux quatre coins du pays et relayée par d’autres figures de la mobilisation, est devenue au fil du mois de juin l’objectif commun de la journée. Début mai, une première tentative d’un retour aux sources par l’occupation des ronds-points avait été diversement suivie. Ce coup-ci les actions de blocages ont été effectives un peu partout.

Les autoroutes ont été particulièrement ciblées ce samedi. Dès 6 h du matin, plusieurs dizaines de gilets jaunes organisent une opération péage gratuit à Thiers, 40 kilomètres à l’est de Clermont-Ferrand. Délogés par la gendarmerie trois heures plus tard, ils se replient sur l’occupation d’un rond-point. La même opération au péage de Toulouse Nord a connu un sort équivalent en moins d’une heure. Inlassablement, les mêmes scènes se répètent autour de Bourges, Nantes, Chambéry, Villefranche-sur-Saône. À Troyes, les gilets jaunes délogés par les forces de l’ordre se sont dirigés vers McDonald où ils ont réclamé à la multinationale qu’elle paye ses impôts.

Plusieurs dizaines d’opérations péages gratuits ont ainsi été organisé dans la matinée notamment à Montélimar, dans les Yvelines, le Vaucluse, l’Ariège ou encore à Senlis où se sont déplacés plusieurs figures du mouvement. Autre opération de gratuité : le parking de Disneyland Paris. Toujours dans la capitale, des manifestants ont investi la gare de Lyon un moment avant de repartir. Des actions de blocage économique ont aussi eu lieu en matinée. Le port de Saint-Malo a été bloqué pendant trois heures, ainsi qu’un pont et une station essence Total à Brest. À Metz, c’est une zone commerciale qui a été prise pour cible, comme à Mondeville dans le Calvados ou à Saint-Avold où un gilet jaune a été blessé par un automobiliste forçant un barrage.

Blocage et manifestation en même temps.

À Brive-la-Gaillarde, une soixantaine de gilets jaunes ont défilé dans les rayons de Carrefour pour protester contre le plan social du géant de la grande distribution. Pour autant, ces opérations de blocage n’ont pas éloigné tous les gilets jaunes des manifestations en centre-ville. Paris a connu sa manifestation du samedi réunissant plus d’un millier de personnes. Si à Montpellier, seulement 200 gilets jaunes étaient présents sur la place de Comédie à 14 h – les autres étant mobilisés au péage de Saint-Jean-de-Védas – les rues du centre-ville de Toulouse se sont emplies de manifestants. Dans la ville rose, ils étaient également plus d’un millier à inaugurer une nouvelle stratégie : viser les grandes enseignes. L’entrée d’un Macdonald a ainsi été perturbée avant que les boutiques Zara ou Camaïeu se voient empêchées de fermer leurs rideaux et interpellées sur le paiement de leurs impôts.

À Marseille, plusieurs centaines de manifestants ont tenté de bloquer la circulation. Des heurts avec les forces de l’ordre ont eu lieu, comme à Caen aux abords de la préfecture ou à Charleville-Mézières où le leader local a été interpellé. Si les chiffres de mobilisation baissent comparativement au printemps, les gilets jaunes sont encore là en ce 22 juin. Pour cet acte 32, plusieurs figures du mouvement parmi lesquelles Priscilla Ludosky, Jérôme Rodrigues et Maxime Nicolle, ont publié un communiqué de presse annonçant la création d’un « puissant organe de contestation collectif » poursuivant les revendications principales des gilets jaunes. Ils assurent vouloir inscrire le mouvement dans la durée et posent déjà une ébauche de calendrier de mobilisation avec deux dates phares dans l’été et un point d’orgue le 17 novembre 2019, pour les un an du mouvement.

Parallèlement, la troisième assemblée des assemblées doit se tenir à Monceaux-les-Mines les 27, 28 et 29 juin. Des signes qui laissent à penser qu’il faudra peut-être encore compter sur les gilets jaunes à la rentrée.

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