La police doit protéger les citoyens et non les frapper

LR: Campagne prémonitoire de la CGT et c’est le « socialiste » Bernard Cazeneuve qui couvrait leur police…

CGT : l’affiche qui fâche la police

Par Amandine Cailhol, à Marseille et Ismaël Halissat — 
L'affiche a choqué les syndicats des forces de l'ordre.
L’affiche a choqué les syndicats des forces de l’ordre. Capture d’écran du site d’Info’Com-CGT

Un syndicat de la confédération a publié, sur son site internet, un visuel explicite sur les violences des forces de l’ordre. La démarche, dénoncée par le ministre de l’Intérieur, est défendue par les cégétistes, réunis actuellement en congrès à Marseille.

L’écusson des CRS, une matraque et une flaque de sang : c’est l’affiche que le syndicat Info’Com-CGT (des salariés des métiers de la communication et de l’information) a publiée samedi, sur son site internet, pour dénoncer les violences policières lors de la mobilisation contre la loi travail. Et qui, depuis lundi soir, fait polémique. L’image est accompagnée d’un texte : «Stop à la violence, la police doit protéger les citoyens et non les frapper !»

Le dessin était passé quasi inaperçu jusqu’à la réaction de Bernard Cazeneuve, dans une lettre ouverte adressée lundi au secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. Pour le ministre de l’Intérieur, cette affiche met «gravement en cause la police nationale», alors que selon lui, 18 000 policiers et gendarmes ont été blessés et huit tués en 2015.

Emboîtant le pas de leur ministre, les syndicats de policiers sont eux aussi montés au créneau. Unité SGP Police FO s’est dit «indigné» par une affiche «honteuse appelant à la haine du policier». Le syndicat d’officiers Synergie (classé à droite) estime, pour sa part, que l’initiative démontre «la connivence intellectuelle existant entre ceux qui mettent les policiers au pilori et les casseurs qui pillent, saccagent et agressent sans relâche les forces de l’ordre». Même la fédération «police» de la CGT, appartenant pourtant à la même maison que le syndicat Info’Com, a réagi, jugeant l’affiche «choquante et provocante». Et regrette la «confusion entre les donneurs d’ordre» et les «policiers sur le terrain».

«Matraqués et gazés»

Contacté par Libération, Stéphane Paturey, secrétaire général adjoint d’Info’Com-CGT, détaille la démarche du syndicat : «C’est à force de voir les personnes qui manifestent contre la loi travail matraquées et gazées qu’on a décidé de faire cette publication. On arrive à un niveau de violence insupportable !»

Cette polémique intervient au moment où la CGT est réunie en congrès à Marseille depuis le début de la semaine. Pas un mot, cependant, n’a été prononcé ce mardi matin sur cette affaire, lors des différentes prises de parole des délégués. Philippe Martinez, secrétaire général de la confédération, a toutefois pris soin, devant la presse, de prendre ses distances avec cette affiche qui «émane d’un syndicat de la CGT et n’apparaît pas sur le site de la confédération».

«Il fallait la faire»

A l’heure de la pause déjeuner, les cégétistes, sans vouloir en faire toute une affaire, ont fait bloc derrière les auteurs du document. «Face aux violences du gouvernement contre les jeunes mais aussi les syndicats, il faut bien une réponse à la hauteur des attaques subies», pointe Christophe Garcia, secrétaire du syndicat des dockers de la ville. A ses côtés, un autre docker, Daniel Manca, à la CGT depuis plus de trente ans, explique que cette affiche ne l’a pas étonné, «au vu de ce qui s’est passé pendant les dernières manifestations et comment des gamins d’à peine 15 ans ont été traités». Reste un regret : «Maintenant, les médias ne vont parler que de ça et pas du reste, de tout ce que l’on est en train de construire ici», pointe-t-il.

Même constat d’une syndicaliste de la fédération «services publics» : «Cette affiche, il fallait la faire. Lors des dernières manifs, la police n’était pas là pour la sécurité, mais pour provoquer. Il n’y avait aucun « RoboCop » pour empêcher les voitures de traverser le cortège à Paris, par exemple. Peut-être que certains jeunes provoquent aussi, mais ce n’est jamais qu’un tout petit groupe, et certainement pas des manifestants. Je ne suis pas contre la police, mais si c’est pour taper sur les gens, c’est non !» «Les CRS ne sont pas responsables, ce sont les exploités du système. La violence et la responsabilité, elle est du côté de Valls et de Cazeneuve», nuance de son côté Sébastien Martineau, secrétaire de l’union départementale du Cher. Un message livré à demi-mot par Philippe Martinez, pour qui il faut dénoncer «ceux qui donnent l’ordre de taper sur les manifestants et non pas ceux qui appliquent les ordres».

Amandine Cailhol à Marseille Ismaël Halissat

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