Didier Raoult, le « pêcheur de microbes » qui veut traiter le coronavirus avec la chloroquine

LR: L’article de fond sur le même sujet: http://lesgiletsjaunesdeforcalquier.fr/index.php/2020/03/21/fin-de-partie-pour-le-covid-le-pr-raoult-et-la-chloroquine/

https://www.lci.fr/ Le 21/03/2020
CORONAVIRUS : LA PANDÉMIE QUI INQUIÈTE LA PLANÈTE

PORTRAIT – Spécialiste des maladies infectieuses, le professeur Didier Raoult, « pêcheur de microbes » depuis plus de 30 ans à Marseille, défend son pari de lutter contre le Covid-19 avec la chloroquine, inspirant à la fois fascination et méfiance.

Sur les réseaux sociaux, on le réduit souvent à sa ressemblance physique supposée avec l’animateur/chanteur Patrick Sébastien, ou le fantasque professeur Maximilien Strauss de la série télévisée « H ». Dans les médias, on aime à dire, ces derniers temps, qu’Elon Musk et Donald Trump ont récemment cité ses travaux de recherche d’un traitement pour lutter contre le Covid-19, ce qui n’est pas toujours bien vu. Mais qui est donc le désormais fameux professeur Didier Raoult ?

« Fin de partie »

Derrière son allure de vieux druide dans Astérix, ce fils de médecin militaire, né en 1952 à Dakar (Sénégal), est un des plus grands experts mondiaux en matière de maladies infectieuses et tropicales, à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, à Marseille, qu’il a créé. Et il s’amuse des « petits marquis parisiens » (on le cite) qui s’échinent à battre en brèche ses travaux. Il est aussi un des 11 membres du conseil scientifique Covid-19 régulièrement consulté par le gouvernement français, même s’il a tenu à rester en marge de ce collectif de circonstance. « Je parle avec lui tous les jours », a encore rappelé, ce dimanche dans l’émission « Le grand jury » sur LCI, Olivier Véran, le ministre de la Santé.

Sa renommée a en fait explosé fin février, quand il annoncé, dans une vidéo rapidement devenue virale, la « fin de partie » contre le nouveau coronavirus parti de Wuhan en Chine : la chloroquine, une banale molécule utilisée contre le paludisme, serait selon lui l’arme principale pour l’annihiler. Ce que des tests cliniques en Chine auraient confirmé. Trop beau pour être vrai ? Les critiques, en tout cas, affluent, notamment de FakeMed, un collectif de scientifiques en lutte contre les fausses informations dans le domaine de la santé, ou de professeurs mettant en garde contre les effets indésirables de ce médicament. Mi-mars, auprès de l’AFP, il s’en gausse, lâchant : « Cette vidéo m’accusant de diffuser des fake news a été vue 450.000 fois sur Facebook, ça m’a fait une publicité considérable, qu’ils continuent à dire des horreurs comme ça. »

Qu’il soit extraverti ou un peu trop enthousiaste, on ne va pas le lui reprocher. Ce n’est pas à lui de faire preuve de modestie.– Annane Djillali, chef du service de réanimation de l’hôpital de Garches
C’est, du reste, cette façon de s’exprimer, qui tranche avec les codes ouatés des milieux politiques ou médicaux, qui lui vaut aujourd’hui une forme de procès en légitimité. Samedi 21 mars, dans un entretien avec La Provence, il se qualifiait ainsi de « star mondiale » de sa profession, ou déclarait : « Je ne suis pas un outsider, je suis en avance. » Un ego trip malvenu ? « Le professeur Didier Raoult, que je connais personnellement par ailleurs, doit être considéré comme une personnalité scientifique sérieuse. Dans son domaine, c’est un expert mondial incontestable. Sa crédibilité scientifique ne fait aucun doute. C’est important de le dire. Après, qu’il soit extraverti ou un peu trop enthousiaste, on ne va pas le lui reprocher. Ce n’est pas à lui de faire preuve de modestie. Ce n’est même pas la question. Dans le contexte actuel, il ne faut surtout pas de censure », insistait pour sa part, ce dimanche sur notre antenne, Annane Djillali, chef du service de réanimation de l’hôpital de Garches.

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Dans « Le brunch de l’info », toujours sur LCI, même son de cloche du côté du professeur Imad Kansau, infectiologue à l’hôpital Antoine-Béclère : « Il y a des pour et il y a des contre. Il faut opiner ou non, en tout cas j’ai l’impression que tout le monde doit donner son avis… Didier Raoult a observé des faits scientifiques réels, quand bien même ce serait sur un faible nombre de patients. Ses essais ont été validés par les autorités nationales. Ce n’est pas parce qu’il y a une polémique que les acteurs locaux n’utilisent pas ses travaux. Je peux en témoigner. Il n’y a même pas à se demander s’il faut le croire ou pas. »

Deux bactéries portent son nom

Collectionneur de bactéries et de virus (il en a plus de 3.000, parmi les plus dangereux au monde) dans ses locaux marseillais, au coeur de l’hôpital de la Timone, ce père de deux enfants, marié à une psychiatre, s’était déjà fait remarquer par ses découvertes. Spécialiste des Rickettsies, ces bactéries intracellulaires à l’origine du typhus, Didier Raoult avait, par exemple, décrypté le génome de la bactérie à l’origine de la maladie de Whipple, près d’un siècle après l’apparition de cette pathologie.

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Sur ses paillasses, dans ses laboratoires, au cours de sa carrière à Marseille, dans cette ville où il est arrivé à l’âge de neuf ans avec ses parents, de retour d’Afrique, il multiplie les trouvailles. Comme Mimivirus, ce virus géant qu’il identifie en 1992 et baptisera en l’honneur de « Mimi l’amibe », ce héros inventé par son père quand celui-ci lui racontait des histoires pour lui expliquer l’évolution. Puis c’est Spoutnik qu’il repérera, grâce à Mimivirus : un virus nain exceptionnel car virophage, capable d’infecter un autre virus pour prospérer. Avec ses équipes, ce pionnier de la paléomicrobiologie identifie des dizaines de nouvelles bactéries pathogènes, dont deux portent son nom aujourd’hui, Raoultella planticola et Rickettsia raoultii.

Pour le port du voile à l’université… et climato-sceptique

Parti bourlinguer sur un navire de la marine marchande à 18 ans, Didier Raoult a passé son bac, littéraire, à 20 ans, en candidat libre, avant de faire médecine. Puis de se faire un nom, à force de travail et de prises de position tonitruantes, comme quand il dénonce l’interdiction du voile à l’université, en 2016, ou quand il exprime ses doutes face au réchauffement climatique et à ces modèles mathématiques catastrophistes qui ne seraient qu’une forme moderne de « divination », arguant : « Moi, je ne joue pas à Nostradamus, toutes les prévisions sont fausses, on ne peut jamais faire que de l’ajustement au quotidien. »

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Si Didier Raoult est d’abord un chercheur, il n’en est pas moins un capitaine d’industrie, comme quand il propose au ministre de la Santé d’alors, Jean-François Mattei, au début des années 2000, de créer sept « infectiopôles », « des forteresses à la Vauban » contre les maladies infectieuses… Résultat : six ans plus tard, six IHU sont créés à travers la France, chacun sur un thème différent : Imagine à Paris, sur les maladies génétiques, ou Méditerranée Infection, à Marseille, qu’il dirige depuis 2011.

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