Visite présidentielle à l’hôpital Bicêtre : «Ce n’est surtout pas Macron que les soignants ont applaudi»

Emmanuel Macron a fait une visite surprise au CHU ce jeudi matin pour rencontrer les équipes de recherches contre le Covid-19. Une vidéo de l’Elysée montre les soignants applaudir. Isabelle Bernard, secrétaire de la section CGT de l’hôpital, revient sur cette séquence.

Le Kremlin-Bicêtre, ce jeudi. Lors de sa visite, Emmanuel Macron a été pris à partie par des soignants qui ont demandé à applaudir l’ensemble des personnels engagés auprès des malades du Covid-19. Capture écran compte twitter de l’Elysée

Le 9 avril 2020

Sur la vidéo postée par l’Elysée sur Twitter peu avant 13 heures, les soignants du CHU Bicêtre au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) applaudissent à bras déployés. De concert avec Emmanuel Macron venu ce jeudi faire une « visite surprise » aux équipes hospitalo-universitaires engagées dans la recherche clinique contre le Covid-19.

Une belle image pour la communication gouvernementale qui mérite d’être replacée dans son contexte tandis que les équipes soignantes de tout le pays dénoncent le sort que le gouvernement actuel comme les précédents ont réservé à l’ hôpital public en crise budgétaire.

Le président pris à partie

Ce que l’on ne voit pas sur la séquence diffusée, c’est l’invective d’une soignante. Syndiquée CGT, c’est elle qui enjoint ses collègues à applaudir tous les soignants engagés sur le front de la lutte contre le coronavirus après avoir pris à partie le président de la République. « C’est dommage que personne n’ait eu l’idée de filmer l’intégralité de l’intervention, on a été pris au dépourvu, nous ne savions pas qu’il serait là, et il faut dire que l’on a autre chose à penser et à faire en ce moment », ironise un aide-soignant.

« Ce n’est surtout pas Macron que nous avons applaudi à son invitation. Cette collègue a pris la parole de manière viscérale pour parler des conditions de travail des soignants et des problèmes que nous rencontrons. Elle a dit au président que ça faisait longtemps qu’on l’interpellait, que nous étions en grève depuis des mois et qu’il n’avait jamais répondu présent. Qu’il était dommage qu’il faille des milliers de morts pour qu’il se préoccupe de la santé », raconte Isabelle Bernard, infirmière anesthésiste et secrétaire de la section CGT du CHU de Bicêtre.

« Nos conditions de travail sont horribles et ça ne date pas de l’épidémie »

Un peu plus tôt c’est elle qui avait « alpagué » Emmanuel Macron : « Nos conditions de travail sont horribles et ça ne date pas de l’épidémie. Au départ nous n’avions même pas de masques, aujourd’hui nous n’avons plus de surblouse. À chaque fois que l’on a ouvert des unités Covid, nous avons été obligés de réinventer la façon de faire, comment se protéger, comment prendre en charge, rien n’a été coordonné. Nous sommes des travailleurs pauvres, et de plus en plus depuis que Macron est là! », poursuit la représentante syndicale.

« Il y a un avant, un pendant et il y aura un après cette épidémie. Il ne faudra pas oublier que l’hôpital public est en souffrance. On nous fait de grandes félicitations, de grands applaudissements tous les soirs à 20 heures, mais il ne faudrait pas que le gouvernement une fois la crise passée oublie d’ouvrir les vannes du matériel et du personnel », abonde Olivier Bruley, aide-soignant aux urgences de Bicêtre et délégué FO.

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