Sanofi soigne ses actionnaires à coup de suppressions d’emplois

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26 juin 2020

AFP

Vendredi, 26 Juin, 2020 Pierre-Henri Lab

Le groupe pharmaceutique annonce la suppression de 1700 emplois en Europe dont 1000 en France au détriment de la recherche et des malades.

Sanofi va détruire 1700 emplois en Europe dont 1000 en France. Cette saignée s’inscrit dans le plan d’économie de 2 milliards d’euros d’ici 2022 lancé en décembre dernier par le groupe pharmaceutique qui emploie 100 000 personnes dans le monde et 25 000 dans l’hexagone. Selon Thierry Bodin, le représentant CGT du groupe, les suppressions d’emploi concernent la recherche et le développement, la production et les fonctions supports. Le syndicaliste précise que le groupe va abandonner plusieurs axes de recherche comme « le diabète, la maladie d’Alzheimer, ou encore le cardiovasculaire ». Seules les recherches en oncologie, en immuno-inflammatoire et sur les maladies rares seraient maintenues. Sanofi abandonnerait également la production de 200 des 300 médicaments qu’il fabrique actuellement. « Plusieurs de ces médicaments sont reconnus d’intérêt thérapeutique », alerte Thierry Bodin. Il dénonce également un pseudo plan de départ volontaire : « Sanofi va fermer le centre de Strasbourg. Peut-on parler de départs volontaires pour les 60 personnes qui y travaillent ? Quel autre choix auront-ils ?». Le syndicaliste ne mâche pas sa colère : « Sanofi se fout de notre gueule ! 7,5 milliards de bénéfice, 4,5 milliards de dividendes, ça ne suffit pas ? il faut encore abandonner des recherches médicales vitales pour de nombreuses personnes et licencier des salariés ? c’est insupportable ». Il égratigne au passage le chef de l’État qui été visité le site de Marcy-L’étoile le 16 juin dernier ou Sanofi prétend investir 630 millions d’euros et créer 200 emplois. « Quel cynisme de la part d’Emmanuel Macron qui ne pouvait pas ne pas connaître les projets de la direction », assène-t-il. Et Thierry Bodin d’appeler « la population, les élus et les syndicats à se mobiliser » pour empêcher Sanofi de mettre en œuvre son plan.

Pierre-Henri Lab


Sanofi se paye ouvertement la tête de Macron

La multinationale de l’industrie pharmaceutique s’apprête à supprimer 1000 emplois en France, quelques jours après avoir reçu la visite et les félicitations du président de la République.

Le 16 juin dernier, Emmanuel Macron se rendait dans les locaux de Sanofi à Lyon pour y couvrir de louanges l’entreprise et notamment son « cher Serge Weinberg », président du conseil d’administration et l’un de ceux qui, après la commission Attali de 2008, ont joué un rôle majeur dans l’accélération de la carrière du futur président de la République.

Ce jour-là, Sanofi annonçait un plan d’investissement de 600 millions d’euros en France, qualifié de « formidable » par M. Macron qui entend « développer un mécanisme de planification, de financement et d’organisation de la résilience industrielle française en matière de santé ». Le chef de L’État dévoilait à cette occasion le déblocage par l’État d’une enveloppe de 200 millions d’euros « pour financer des infrastructures de production comme de recherche et développement pour être en état de répondre aux besoins du temps et aux crises sanitaires » (voir ici).

Le 13 mai dernier, le PDG de Sanofi, Paul Hudson, avait affirmé dans un entretien à Bloomberg que les États-Unis seraient le premier pays à être servi dès qu’un vaccin contre le Covid-19 serait disponible car ils avaient été les premiers à financer la recherche sur ce vaccin. Après quelques protestations aussi bruyantes que dérisoires (voir ici), le message a bien été reçu à l’Élysée qui va donc débloquer des aides qui s’ajoutent aux 150 millions d’euros de crédit d’impôt-recherche (CIR) perçus chaque année par Sanofi.

Dix jours plus tard, la société annonce la convocation d’un CSE de Sanofi France lors duquel devrait être annoncée la suppression d’un millier d’emplois dans notre pays (voir ici). Au temps pour « la résilience industrielle française en matière de santé »… Visiblement, le CIR et les aides supplémentaires annoncées le 16 mai ne suffisent pas au « cher Serge Weinberg » et aux actionnaires qu’il représente. Et puisqu’il suffit de demander pour obtenir de l’argent public, pourquoi se gênerait-il ?

Après Renault, Air France et Airbus qui empochent les milliards d’euros d’aide publique accordés sans contrepartie par l’État et s’empressent d’annoncer dans la foulée licenciements et fermetures de sites, c’est au tour de Nokia (voir ici) et maintenant de Sanofi d’annoncer des suppressions d’emploi tout en empochant le CIR.

Si Nokia a attendu 4 ans avant de s’asseoir sur les promesses faites en 2016 au ministre de l’Économie d’alors (un certain … Emmanuel Macron), les dirigeants de Sanofi n’ont pas attendu plus de 10 jours pour se payer ouvertement la tête du président de la République qui s’était déplacé pour leur dire tout le bien qu’il pensait d’eux.

Ces gens sont cruels avec leurs obligés : ils ne se donnent même plus la peine de permettre aux dirigeants politiques qui leur servent la soupe de sauver la face. Qu’importe, lorsque Macron sera complètement démonétisé, ils en trouveront un autre qui mettra en œuvre avec le même zèle la politique qu’ils attendent de lui (subventions publiques, baisse des cotisations sociales et de la fiscalité). Car, comme disait Pouchkine : « Pourvu que l’on ait une auge, on trouvera les cochons. » 

Quant à Macron, son « cher Serge Weinberg », qui l’avait pistonné pour entrer à la Banque Rothschild en 2008, saura se montrer généreux et lui trouvera un point de chute fort bien rémunéré. En récompense des services rendus.

 

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