On n’oubliera pas

On n’oubliera pas – v2.

On n’oubliera pas que l’hôpital public français, illustration matérielle d’un concept qui nous est cher, la solidarité nationale, a été notre fierté, notre recours en urgence, notre espoir de guérison, nos joies à accueillir un nouveau-né, notre soulagement à la sortie d’un ancien, notre émotion à accompagner dignement ceux qui y finissaient leurs jours.

On n’oubliera pas que l’on s’y est senti protégé, choyé, accueilli. Comme patient. Comme soignant.

On n’oubliera pas la crainte mêlée de fierté quand on a enfilé la blouse, quand on a accueilli notre premier patient, quand on a réalisé notre premier geste, notre premier acte de soignant. Quand on s’est senti soignant.

Mais, surtout, on n’oubliera pas ce que les politiques de santé ont fait à notre hôpital. Quand il s’est agi de soigner les chiffres pour qu’ils grandissent dans de grands tableaux, et non plus de se pencher vers l’enfant, la femme et l’homme malade pour accueillir sa souffrance.

On n’oubliera pas, la première fois où on nous a dit, la première fois puis les centaines de fois, où on nous a dit « on n’a pas les moyens ».

On n’oubliera pas le moment où on a compris, stupéfait, que l’hôpital assumait, développait, encourageait, en haut de l’organigramme, le management de l’hôpital public comme celui d’une entreprise.

On n’oubliera pas la mutation de la médecine : qui accueille, écoute, explore, diagnostique, soigne et accompagne, vers la recherche d’actes rentables pour financer l’entreprise-hôpital.
Toi l’infirmier(e), le psychologue, l’ASH, le médecin, la sage-femme, l’aide-soignant, qui subis depuis des années cette destruction massive, volontaire et programmée de notre hôpital et plus largement de notre système de protection sociale,
Toi le brancardier, l’ambulancier, le manip radio, le technicien, qui vois tes conditions de travail se dégrader,
Toi la secrétaire, l’assistante sociale, le cadre de santé, qui cours partout à la recherche du temps qui file,
Toi l’éducateur spécialisé, l’AMP, l’egothérapeute, le psychomotricien, l’orthophoniste, le kinésithérapeute, la diététicienne, le pharmacien, le préparateur en pharmacie, le podologue, le dentiste, qui assistes impuissant à la disparition de notre bien commun, la solidarité nationale,

Toi la blouse blanche, verte, rose ou bleue, du public et du privé, toi l’acteur du prendre soin, qui t’es engagé dans ta profession, qui en assumes tout dans l’adversité, qui a courageusement accompagné le malade ou le dépendant durant la première vague épidémique,

Toi qui as eu peur peut-être, qui a été en colère peut-être, sois fier. Sois fier et ne laisse pas ton beau métier disparaître. Ne l’oublie pas. Ensemble, On n’oubliera pas.

❤️ Déclaration d’amour à l’hôpital public ❤️ par Geneviève Henlt

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