MOBILISATION L’acte 20 de la mobilisation a dû composer avec les 27 arrêtés d’interdiction de manifester, que cela soit à Paris ou en province
Une soixantaine de personnes ont été interpellées samedi à Bordeaux à l’occasion de l’acte 20 des «gilets jaunes». — AFP
33.700 manifestants dans toute la France, selon le ministère de l’Intérieur, 102.713, selon la page Facebook du « Nombre Jaune ». Les « gilets jaunes », qui contestent les chiffres officiels depuis le début de leur mouvement, n’ont pas réussi à renouveler le tour de force du samedi 23 mars. L’acte 20 de la mobilisation a dû composer avec les 27 arrêtés d’interdiction de manifester, que cela soit à Paris ou en province.
Au total, les forces de l’ordre ont procédé à 103 interpellations, donnant lieu à 56 gardes à vue. A 21 heures, le bilan faisait état de moins de dix blessés légers parmi les forces de l’ordre et les manifestants, soit 13 fois moins qu’il y a deux semaines, selon Christophe Castaner. Et dans le nombre des manifestations, Bordeaux sort, une fois encore, du lot. Le point sur les rassemblements en France.
A Paris
Les manifestations étaient interdites sur les Champs-Elysées et dans un périmètre incluant l’Elysée et l’Assemblée nationale. A l’intérieur de ce périmètre, 21 personnes ont été verbalisées. Par ailleurs, les forces de l’ordre ont procédé à 37 interpellations en marge des différents cortèges et rassemblements organisés dans la capitale. 14.485 contrôles préventifs ont par ailleurs été réalisés, dont la moitié aux abords des Champs-Elysées.
A Bordeaux
Plusieurs milliers de « gilets jaunes » se sont mobilisés dans ce bastion du mouvement,rassemblant près du double de manifestants que la semaine dernière (environ 2.500 personnes samedi dernier, selon une source proche du dossier). Quelques vedettes du mouvement participaient au cortège, telles qu’ Eric Drouet ou Jérôme Rodrigues.
Une soixantaine de personnes ont été interpellées, un certain nombre pour un simple contrôle, pour « détention de matériels offensifs, ports d’armes prohibé, jets de projectiles sur les forces de l’ordre et outrages sur personne dépositaire de l’autorité publique », a indiqué la préfecture.
A Saint-Etienne
Trois manifestations, constituées majoritairement de « gilets jaunes », ont réuni entre 1.700 et 1.800 personnes selon la préfecture. Huit personnes étaient toujours en garde à vue ce soir, selon le parquet. Quatre personnes – un policier, un passant et deux manifestants – ont été blessées dans les cortèges qui ont convergé avant de prendre fin vers 19 heures, après deux heures de dispersion à coups de gaz lacrymogènes.
Des manifestants masqués et cagoulés ont incendié des poubelles et des espaces verts, mettant aussi le feu à des broussailles longeant la voie ferrée qui traverse la ville. Des abribus et des supports publicitaires vitrés ont été brisés le long du parcours. Un représentant des « street medic » stéphanois a déploré qu’une douzaine de ses homologues aient vu leur matériel être « confisqué » et que cinq autres aient été « interpellés par la police ».
Outre les unités de police et de gendarmerie de la Loire, quatre escadrons de gendarmes mobiles et deux compagnies de CRS avaient été mobilisés, soit 723 personnes, ainsi qu’un hélicoptère. En Auvergne-Rhône-Alpes et en Bourgogne, d’autres manifestations ont eu lieu à Lyon et Dijon notamment, avec respectivement 650 et 800 manifestants au plus fort de la mobilisation selon la police.
A Montpellier
Quatre policiers et un gendarme ont été légèrement blessés par des jets de projectiles, lors d’une manifestation de « gilets jaunes » qui a rassemblé 1.650 personnes, selon la préfecture, 2.500 selon les organisateurs. En fin d’après-midi, des « gilets jaunes » visés par des tirs de gaz lacrymogènes et incommodés se sont réfugiés dans un magasin Carrefour dont le gérant a ouvert la porte en urgence. Ce gérant, William, a offert des bouteilles d’eau aux manifestants.
La police faisait état de 15 interpellations ce soir, dont dix ont été gardés à vue. Parmi les forces de l’ordre blessées, trois ont été transportées à l’hôpital pour une brûlure importante au pied, une brûlure à l’oreille et des éclats de verre dans le visage. Deux policiers blessés au bras et au pied ont tenu à continuer à travailler.
A Avignon
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté selon la préfecture, 2.000 selon les organisateurs. Le cortège s’est ébranlé vers 14 heures aux portes de la ville historique entièrement barricadée par la police, précédé par une centaine de motards « gilets jaunes » qui faisaient le tour des remparts, par les boulevards périphériques. Une centaine de manifestants, sans gilets jaunes et principalement des femmes, se sont rassemblés à la mi-journée à une centaine de mètres du Palais des Papes. Pendant une heure, ils ont joué au chat et à la souris avec la police qui a fini par les repousser hors de l’enceinte historique. C’est là qu’a commencé une plus grosse manifestation rassemblant des centaines de personnes.
A Lille
Entre plus d’un millier de « gilets jaunes », selon une source policière, et 2.000, selon les organisateurs, ont défilé, empruntant un itinéraire « alternatif » alors que la préfecture avait pris dans la matinée un arrêté interdisant les rassemblements de « gilets jaunes » dans plusieurs rues du centre-ville.
Des accrochages ont éclaté à plusieurs reprises, les forces de l’ordre faisant parfois usage de gaz lacrymogène, notamment après qu’un groupe de « black blocs », vêtus de noir et cagoulés, a aspergé de peinture la devanture d’une banque. Quatre personnes ont, elles, été interpellées à la suite d’un « incident entre des + gilets jaunes + et des supporters de football », selon la préfecture du Nord.
A Nice
Parti de la gare en début d’après-midi, le cortège était composé de « gilets jaunes » et de militants de gauche et d’associations. Après avoir marqué un arrêt à l’hôpital Pasteur où est hospitalisée Geneviève Legay, la militante d’Attac septuagénaire bousculée par un policier lors d’une charge des forces de l’ordre le 23 mars, les manifestants se sont rendus à la caserne Auvare.
Ils y ont demandé que le commissaire responsable des opérations la semaine dernière aille « en prison ». La confrontation avec les forces de l’ordre a duré de longues minutes mais n’a donné lieu à aucun incident. Dans un communiqué, le maire de Nice Christian Estrosi a réclamé « un état d’urgence pour les policiers et les gendarmes ».
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