LR: Les lois fondamentales du capitalisme, s’appliquent toujours, dans toutes leurs rigueurs, en dépit des discours lénifiants de ses représentants, ces politiciens impuissants face au processus de concentration du capital pour sa valorisation. C’est leur seul « credo », car ce ne sont que des automates. Après tant d’autres « plans » du même acabit, faut-il encore avoir la « foi » chevillée au corps pour croire aux fameux plans sociaux et aux repreneurs miraculeux. Le scénario est toujours le même, la multinationale veut se débarrasser d’une entreprise, elle sort de son chapeau un « repreneur » pour échapper aux coûts du mal nommé « plan social », les politiciens viennent faire leur show devant des caméras complaisantes pour se féliciter de la reprise partielle des salariés, un véhicule juridique et financier est ainsi mis en place avec la complicité de toutes les parties complices de l’opération de destruction industrielle : La multinationale avec des fonds d’investissementS qui lui sont affidés, le « repreneur » financé par eux pour ce faire, l’état ou autres collectivités qui mettent bien entendu, la main à la poche, les syndicats qui font un effort, c’est tous ensemble que ce programme est concocté pour repousser la date de la liquidation. Un an plus tard le « repreneur » se met sous le régime du règlement judiciaire, après avoir empoché tous les bénéfices, la faillite inéluctable se fera aux frais de l’impuissance publique. Ascoval, Alstom, Samsonite, et tant d’autres, l’exception s’il y en a une, confirme la règle. Les syndicats continuent de collaborer dans la tourmente et font le dos rond, pour les salariés le choix est simple, la lutte ou la génuflexion, le cierge à la main pour attendre un miracle, ils disent « garder l’espoir ».
Des salariés de WN, repreneur de l’ex-usine Whirlpool d’Amiens placé en redressement judiciaire, discutent avec des journalistes, le 29 mai 2019 ( AFP / DENIS CHARLET )
C’est une nouvelle « claque » mais « loin d’être la fin ! »: alors que des doutes planaient mercredi sur la survie de WN, repreneur de l’ex-usine Whirlpool d’Amiens (Somme), bientôt en redressement judiciaire, les salariés entendaient, eux, « garder espoir » et « se battre jusqu’au bout ».
« Ce matin, tout le monde nous enterre, mais on n’est pas morts ! On est là, on bosse. Si on n’y croyait plus, on serait déjà partis ! », lance Lionel, salarié de WN après « vingt ans chez Whirlpool », sur le parking encore brumeux du site.
Discutant ou fumant autour de lui, ses quelques collègues en pause sont unanimes: l’annonce mardi de la préfecture de la Somme a fait l’effet d’une « douche froide » et les a « révoltés » mais n’a « pas éteint l’espoir ».
A peine un an après la reprise très médiatisée du site par l’industriel local Nicolas Decayeux, l’entreprise « se trouve dans une impasse de trésorerie très importante, qui va la conduire à se placer sous la protection du tribunal de commerce », a indiqué mardi soir la préfecture, notant le « faible chiffre d’affaires généré » par WN et ses difficultés à trouver des « débouchés commerciaux concrets ».
WN demandera son placement en redressement judiciaire « en début de semaine prochaine », a précisé mercredi la préfecture, qui a reçu une délégation de salariés, alors qu’une porte-parole de l’entreprise avait affirmé la veille que WN était déjà dans cette situation depuis mardi.
« Il faut nous laisser un peu de temps… Avec WN, on est partis de rien: on faisait des sèche-linge et maintenant, on fait des pylônes d’ascenseur et des casiers réfrigérés ! », plaide Lionel, dressé devant les grilles.
« On a fait plein de formations, on commence à développer les produits, mais ça ne se fait pas du jour au lendemain », renchérit Laurent, rajustant son sweat bleu, encore flanqué du logo de Whirlpool.
S’il reconnaît qu’il n’y pas encore « beaucoup de clients » et que tous ne travaillent « pas en permanence », « il y a du boulot: poncer, limer, assembler… Ceux qui disent le contraire nous font du mal », lance encore un salarié, persuadé que l’argent « finira par rentrer ».
– « Magouille » –
Des salariés de WN, repreneur de l’usine Whirlpool placé en redressement judiciaire, sur le site industriel d’Amiens le 29 mai 2019 ( AFP / DENIS CHARLET )
Mais, du côté des représentants syndicaux ex-Whirlpool, l’ambiance est toute autre. « Depuis des mois, on tirait la sonnette d’alarme! On s’est rendus au ministère, chez les élus et, huit mois après, on se retrouve avec un dépôt de bilan », déplore Pascal Lefebvre, représentant CFTC.
Selon lui, « la grande majorité des salariés végètent aujourd’hui dans les locaux », « tondent la pelouse ou jouent aux cartes », faute de commandes, et la reprise d’activité promise « n’existe pas ».
« C’est sûr, ça finira avec de la casse sociale (…) et ce sont les salariés qui payeront car, contrairement à ceux qui sont partis l’an dernier, ils n’auront droit à rien », tranche-t-il.
Le 31 mai 2018, WN avait repris 162 salariés sur les 282 que comptait l’usine de sèche-linge, les autres étant licenciés dans le cadre d’un PSE. En janvier 2017, au moment de l’annonce de la fermeture, Whirlpool employait encore 300 personnes en CDI, 250 intérimaires en quasi-temps plein et une centaine de personnes chez un sous-traitant.
« Le fautif, c’est Whirlpool qui, de son côté, se porte très bien », accuse Frédéric Chanterelle (CFDT), voyant dans cette « reprise factice » une « magouille orchestrée » par la multinationale pour « se décharger du plan social, sauver son image en refilant le bébé ».
Quant aux politiques, « les candidats à la présidentielle étaient venus » dès 2017 promettre « monts et merveilles », lâche encore le syndicaliste, faisant référence à la visite, à l’époque, d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Mais deux ans plus tard, « étrangement, on nous annonce la cessation de paiement au lendemain des élections européennes ».
Mardi soir, l’avocat des ex-salariés de Whirlpool Fiodor Rilov a annoncé son intention d’attaquer Whirlpool et WN en justice pour réclamer « l’annulation de la cession ».
« La reprise était dénuée de business plan et (…) factice », a-t-il assuré à l’AFP, évoquant le « précédent » de l’usine Samsonite d’Hénin-Beaumont, cédée en 2006 et devenue Energy Plast, avant d’être liquidée un an plus tard, entraînant le licenciement de 200 salariés, financé par les fonds publics du régime de garantie des salaires.
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