LR: En France comme aux Etats Unis, la mise au point des statistiques publiées sur le taux de chômage est devenu un art très sophistiqué de dissimulation. On commente abondamment des détails insignifiants, biaisés voire truqués, pour dissimuler l’essentiel: la réalité des politiques menées depuis des décennies pour installer durablement un chômage de masse.
Le taux de chômage au 1er trimestre en recul de 0,1 point à 8,7% le 16 mai 2019 ( AFP / PASCAL GUYOT )
Le chômage a continué de baisser au premier trimestre, atteignant son plus bas taux depuis dix ans, mais à un rythme lent, faute de croissance forte, qui le situe encore loin des 7% voulus par l’exécutif en 2022.
Selon les chiffres provisoires de l’Insee publiés jeudi, ce taux, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), a reculé de 0,1 point à 8,7% de la population active pour la France entière (hors Mayotte).
Pour la seule métropole, le taux baisse également de 0,1 point et s’établit à 8,4%, ce qui représente 2,4 millions de chômeurs et 19.000 de moins sur un trimestre.
« La baisse se poursuit. Nos réformes ont des effets », s’est félicitée sur Twitter la ministre du Travail Muriel Pénicaud.
Cette baisse est cependant moins forte que celle du trimestre précédent, 0,3 point et 90.000 chômeurs.
« C’est une toute petite baisse, on est dans l’épaisseur du trait », commente Eric Heyer, économiste à l’OFCE, soulignant que le taux d’emploi (la proportion des 15-64 ans qui travaillent) est resté stable.
« On s’attendait à un chiffre un peu meilleur au regard des créations d’emplois (+66.400 au premier trimestre) », a-t-il jugé.
Sur un an, le taux baisse de 0,5 point.
« On reste sur une tendance de légère baisse », juge M. Heyer, qui estime difficile de faire mieux du fait « d’une activité mollassonne ».
« On est sur un rythme de croissance de 1,4-1,5% alors que le taux de croissance qui stabilise le chômage est autour de 1,2-1,3% », souligne-t-il.
Sur France info, Edouard Philippe a expliqué cette moindre baisse par « un niveau de croissance dans l’Union européenne plutôt plus faible qu’il y a un an ou deux » et à des « éléments d’incertitude » comme « les guerres commerciales ».
– Meilleure qualité de l’emploi créé –
A défaut de baisse spectaculaire, « les indicateurs de qualité de l’emploi vont cependant dans le bon sens. On crée plutôt des temps complets et des CDI », souligne M. Heyer.
La part du sous-emploi, c’est-à-dire les personnes en temps partiel qui souhaitent travailler davantage, est en recul, tout comme « le halo du chômage », ces personnes qui souhaitent travailler mais ne cherchent pas activement ou ne sont pas disponibles.
A ce rythme, et sans perspective de croissance plus forte, l’objectif de 7% en 2022 semble ambitieux. Edouard Philippe n’y a pas fait référence jeudi, citant plutôt « l’objectif de plein emploi » évoqué récemment par Emmanuel Macron pour 2025.
Evolution trimestrielle du chômage en France entre le 1er trimestre 2015 et le T1 2019 ( AFP / )
Du fait du vieillissement, le gouvernement va cependant bénéficier d’une moindre progression de la population active, de +150.000 par an entre 2005 et 2015 à +60.000 entre 2015 et 2025 selon l’Insee. Une projection faite cependant en l’absence de réforme des retraites.
Pour s’attaquer au noyau dur du chômage (jeunes non qualifiés, seniors, chômeurs de longue durée) et répondre aux difficultés de recrutement des entreprises, l’exécutif compte aussi sur l’effet de sa réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage.
La ministre du Travail a fini de signer les pactes régionaux du plan d’investissement dans les compétences (PIC), destinés à former un million de jeunes décrocheurs et un million de demandeurs d’emploi.
Autre réforme sur laquelle l’exécutif attend « des effets de comportement », celle de l’assurance chômage prévue en juin.
L’exécutif entretient une petite musique, vivement contestée par les syndicats, selon laquelle certains chômeurs ont intérêt à ne pas chercher un CDI du fait des règles actuelles.
« Je veux qu’on incite les Français à retourner vers l’emploi », a répété M. Philippe, évoquant des « questions d’appétence ».
Les syndicats redoutent que les économies voulues par l’exécutif (plus d’un milliard par an) se fassent « sur le dos des chômeurs », notamment par une réforme du calcul d’indemnisation et des règles de cumul emploi-chômage.
L’exécutif veut également réduire les indemnités des cadres au chômage (à l’exception des plus de 50 ans), ce qui pourrait passer par une baisse du plafond des allocations combinée à l’introduction d’une dégressivité.
Enfin, pour inciter les entreprises à réduire leur recours aux contrats précaires, l’exécutif prévoit la mise en place d’un bonus-malus sur les cotisations patronales, calculé sur le taux de rupture de contrats donnant lieu à inscription à Pôle emploi.
http://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/rngs/FRANCE-ECONOMIE/010021BX5G6/index.html
Commentaires:
Curieux je n’arrive pas à retrouver les chiffres du chômage de Pôle Emploi qui étaieny publiés sur la DARE et qui fournissait des chiffres non à partit d’un sondage téléphonique (INSEE) mais d’après les inscriptions. Les journale
ux publient le chiffres INSEE mais oublient volontairement celui du « halo du chômage » qui va avec … hors celui ci augmente fortement….
Le taux de chômage en France tombe à 8,7 %, son plus bas niveau depuis 2009, selon l’Insee
Ces chiffres mesurés selon les normes du Bureau international du travail confirment la lente décrue du chômage en 2019.
Taux de chômage de longue durée à 3,3 %
Parmi les chômeurs, 963 000 déclarent rechercher un poste depuis au moins un an. Le taux de chômage de longue durée s’élève, ainsi, à 3,3 % de la population active, en diminution de 0,3 point en un an.
Si l’on examine les statistiques par tranche d’âge, les résultats sont contrastés : le taux de chômage baisse pour les personnes de 25 à 49 ans (− 0,2 point entre janvier et mars ; − 0,7 point sur un an) mais il s’accroît chez les jeunes, au premier trimestre (tout en refluant nettement, si l’on raisonne sur les douze mois écoulés, à − 1,7 point). Quant aux seniors, la tendance est à l’augmentation (+ 0,2 point en un an).
La part des personnes de 15 à 64 ans qui occupent un emploi reste stable, s’établissant à 66,1 %, ce qui constitue « son plus haut niveau depuis 1980 », souligne l’Insee. En un an, cet indicateur a progressé pour toutes les tranches d’âge, en particulier pour les jeunes (+ 0,8 point, malgré une baisse début 2019) et les 55-64 ans (+ 0,5 point). Quant à la qualité de l’emploi, elle continue de s’améliorer, modestement, avec une progression très légère (+ 0,1 point) de la part des personnes titulaires d’un contrat de travail à temps plein (à 54,5 %).
Poster un Commentaire