Inégalités. La cantine n’est toujours pas pour tout le monde

L’Humanité, 21 juin 2019

Un rapport publié hier par le Défenseur des droits montre que, dans le primaire, tarifs et discriminations excluent certains enfants de la restauration scolaire.

L’accès à la cantine scolaire dans l’enseignement primaire reste complexe pour les ­familles modestes. « Avec une facture annuelle moyenne par enfant de l’ordre de 400 euros pour le ­premier degré, certains parents éprouvent parfois des difficultés à payer », ­rappelle le Défenseur des droits, Jacques ­Toubon, dans un rapport publié hier sur le droit à la cantine scolaire. Alors que « 40 % des enfants des familles défavorisées » n’y mangent pas, ils sont seulement « 17 % dans les catégories socio­profes­sionnelles su­périeures ».

Un service public facultatif

Une situation liée au statut de la restauration dans l’enseignement primaire. Contrairement au secondaire, elle est « un service public facultatif » dont la mise en place et la tarification repose sur la libre décision des communes. Résultat, il existe de grandes disparités territoriales, dont souffrent les élèves des collectivités les plus pauvres dans les zones rurales et périurbaines. Ces dernières ont tendance à privilégier le tarif unique, quand les grandes villes ont mis en place la différenciation des prix en fonction des revenus des parents.

La discrimination est un autre frein. « Réserver l’accès à la cantine aux enfants dont les parents ­travaillent, restreindre l’accès d’enfants en situation précaire, ou ne pas mettre en œuvre l’obligation d’aménagement raisonnable constituent autant de discriminations fondées sur des motifs prohibés », rappelle le Défenseur des droits.

Alors que l’accès à un repas équilibré le midi joue un rôle essentiel pour les plus pauvres, la réponse donnée en cas d’impayés est souvent l’exclusion, au détriment de l’intérêt de l’enfant. Il en va de même pour le refus d’inscrire – ou la surfacturation – des enfants vivant dans des habitations précaires. La tendance à supprimer les repas de ­substitution, qui permettaient de s’adapter aux interdits religieux, est un autre motif d’exclusion. À cet égard, Jacques Toubon regrette que la cantine soit devenue « un lieu investi par des enjeux de société de plus en plus ­nombreux, qui dépassent le seul cadre de l’alimentation des enfants et de la fourniture d’un repas ».

Les enfants handicapés ne sont pas épargnés. Les aménagements nécessaires pour leur permettre l’accès ne sont pas toujours mis en place. Quant aux élèves d’unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis), souvent contraints d’être scolarisés loin de chez eux, faute de structures adaptées à proximité, ils se voient souvent imposer des tarifs de cantine de personnes extérieures à la commune.

Camille Bauer
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