Photographie du 30 janvier 2019 d’Eric Drouet, figure emblématique du mouvement des « gilets jaunes » ( AFP / BERTRAND GUAY )
Le parquet de Paris a requis mercredi quatre mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende à l’encontre d’Éric Drouet, figure emblématique du mouvement des « gilets jaunes », pour avoir participé à une manifestation non déclarée avec une sorte de matraque dans son sac.
Le jugement sera rendu le 4 septembre.
Le chauffeur routier de 34 ans avait été interpellé dans l’après-midi du samedi 22 décembre, lors de l’acte 6 de ce mouvement inédit, dans le quartier parisien de la Madeleine, au milieu de quelques dizaines de manifestants bloqués dans une rue par les forces de l’ordre.
Le procureur a demandé qu’il soit reconnu coupable de tout ce qui lui est reproché: « participation à un groupement formé en vue de violences ou de dégradations », ainsi que « port d’arme prohibé de catégorie D » — « un bout de bois » selon la défense, « une matraque en bois » pour l’accusation.
Aux yeux du magistrat, Éric Drouet « est volontairement venu avec une matraque », et « quand on vient avec une matraque on est dans une logique de violence ».
Le prévenu avait dit aux enquêteurs qu’il avait oublié ce bout de bois, « souvenir » de son père, dans le sac à dos qu’il utilise habituellement au travail. « En tant que routier on a tous quelque chose pour se défendre », a-t-il expliqué à l’audience.
Le procureur a également pointé une publication sur un groupe Facebook lié à Éric Drouet, « rejoignez-nous! Besoin d’aide », y voyant « une logique d’affrontement ».
« Du début à la fin, il n’y a eu aucune violence » dans ce cortège, a au contraire souligné Éric Drouet.
Une vidéo tournée par une manifestante et diffusée à l’audience montre plusieurs dizaines de « gilets jaunes » immobilisés dans le calme par les forces de l’ordre, jusqu’à ce que celles-ci viennent interpeller Éric Drouet parmi eux.
Le défenseur du chauffeur routier, Khéops Lara, a plaidé la relaxe. Il a notamment contesté la qualification d' »arme » de ce « bout de bois », un simple « grigri ».
Auparavant, l’avocat avait plaidé la nullité des poursuites, estimant qu’Éric Drouet « a été interpellé brutalement, sans motif légitime ni préalable, pendant une manifestation pacifique » et dénonçant « une procédure qui détourne le droit pénal » pour « empêcher les gens de manifester ».
Le tribunal se prononcera sur cette requête en nullité au moment de son jugement en septembre.
Pour l' »organisation » « sans déclaration préalable » de cette manifestation du 22 décembre, ainsi que d’une autre le 2 janvier, il a été condamné le 29 mars à Paris à 2.000 euros d’amende, dont 500 avec sursis.
Contestant être un « organisateur » du mouvement et se présentant uniquement comme un « relais », il a fait appel.
Cet habitant de Seine-et-Marne fut l’un des initiateurs de la première mobilisation nationale des « gilets jaunes » le 17 novembre en créant sur Facebook l’événement « Blocage national contre la hausse des carburants ». Après plus de six mois de mobilisation, le mouvement peine désormais à rassembler.
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