Publié le mardi 16 Juillet 2019
Des Gilets jaunes « parqués » dans un « entrepôt » pour avoir sifflé Emmanuel Macron lors du défilé du 14 juillet. Les images montrant des manifestants interpellés et emmenés en bus dans un grand bâtiment d’une zone industriel ont beaucoup fait parler, certains n’hésitant pas à comparer les lieux à un camp d’enfermement voire à un camp de concentration.
« Un car de police est venu et on nous a fait monter en nous disant qu’on allait dans le commissariat du 8e. Un ami à moi a été envoyé là-bas. Sauf que dans le bus, des manifestants qui connaissent bien Paris ont compris que ce n’était pas la bonne route », a ainsi témoigné une des interpellées.
De quoi alimenter une nouvelle fois l’idée d’une justice d’exception pour les Gilets jaunes. Mais les lieux en question étaient bien destinés à l’accueil de personnes interpellés. Il s’agit du commissariat Hébert, situé rue de l’Évangile, dans le 18e arrondissement de Paris, relève CheckNews.
Voir: Festivités du 14-Juillet et victoire de l’Algérie: 282 interpellations en France
Certes assez peu accueillant avec ses tags et ses toilettes de chantier, il s’agit d’un ancien bâtiment de la SNCF désormais utilisé par les forces de l’ordre lorsque des évènements comme les manifestations impliquent de nombreuses interpellations.
Selon le parquet de Paris, des 166 interpellations qui ont eu lieu en marge du défilé du 14 juillet, 38 ont mené à une garde à vue, précise LCI.
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https://www.liberation.fr/Sur Facebook, des gilets jaunes dénoncent les conditions d’interpellation de manifestants parqués près d’un hangar, après avoir hué la cérémonie du 14 juillet sur les Champs Elysées. Il s’agit en réalité d’un commissariat de la rue de l’Évangile, dans le Nord de Paris, où sont régulièrement emmenés les interpellés après des manifestations.
Question posée par Renaud le 14/07/2019
Bonjour,
Votre question fait référence à des vidéos relayées sur les réseaux et publiée originalement en direct sur Facebook le 14 juillet 2019 par le compte Gilets Jaunes Landivisiau, peu après 11 heures.
Sur ces images, on peut voir un groupe de personnes dans un bus à côté d’une zone industrielle. L’auteur de la vidéo, qui explique avoir été embarqué car «on a chanté sur les Champs Elysées», ne semble pas savoir, tout comme plusieurs manifestants, où il se trouve. Dans le bus comme dans les commentaires sous les vidéos, les références au nazisme pleuvent. Le vidéaste dit: «On ne sait pas où on va, c’est n’importe quoi. C’est un camp de concentration. Regardez ça, c’est la zone.» D’autres ajoutent qu’ils vont être «déportés» dans des trains à cause de la présence de rails, ou qu’ils se trouvent sous le régime de Vichy. Dans la seconde vidéo, une femme finit par dire: «on est à côté de la porte d’Aubervilliers». Un texte publié sur Facebook et relayé par des gilets jaunes présentait le lieu comme «d’anciens entrepôts abandonnés, porte d’Aubervilliers, transformés pour le 14 juillet 2019 en nouveau type de «camp de concentration nazi».
D’autres images filmées aux alentours de midi par Marion, une gilet jaune interpellée, ont également été partagées sur les réseaux sociaux: on peut y voir le moment où les manifestants sont entourés par des policiers, qui les empêchent de circuler; puis quand ils sont placés dans le bus et pensent partir pour le commissariat du 8e arrondissement; quand ils reprennent des chants de gilets jaunes dans le bus; l’arrivée près des hangars et enfin les conditions de détention. Après son interpellation, l’autrice de ces vidéos a indiqué avoir fait l’objet d’un «contrôle d’identité» et avoir été relâchée.
Jointe par CheckNews, Marion indique avoir été «poussée hors des Champs Elysées», après qu’Eric Drouet a été interpellé par la police. Un groupe de gilets jaunes s’était alors mis à chanter et Marion indique avoir sorti «une photo avec « Où est Steve? » écrit dessus».
«Ils nous ont nassés dans une rue sans nous donner de motif, poursuit-elle.Ensuite, on nous a dit qu’on pourrait partir après le défilé, mais finalement un car de police est venu et on nous a fait monter en nous disant qu’on allait dans le commissariat du 8e. Un ami à moi a été envoyé là-bas. Sauf que dans le bus, des manifestants qui connaissent bien Paris ont compris que ce n’était pas la bonne route».
Conduits dans une «zone désaffectée», les manifestants ont été sortis trois par trois, selon son récit. «On nous a fait une fouille corporelle et des sacs. En face, il y avait une table pour prendre les identités des gens, puis on nous a parqués pendant deux heures, le temps de faire les vérifications nécessaires. Ils ont ensuite appelé nos noms un par un et nous sommes sortis». Elle estime être restée environ deux heures, nassée dans la rue près des Champs Elysées et deux autres heures sur place près du hangar. Interrogée sur l’attitude des policiers et les conditions de détention, elle indique que ça s’est «plutôt bien passé», tout en insistant sur le fait que les policiers «nous ont laissé nos téléphones», ce qui lui a permis de faire des vidéos.
Des manifestants emmenés au commissariat Hébert dans le 18e
CheckNews a pu identifier le lieu où se trouvaient ces gilets jaunes: il s’agit du commissariat Hébert, situé rue de l’Évangile, dans le 18e arrondissement de Paris. Ce lieu est souvent utilisé lors de manifestations comme «dépôt», en raison de sa grande capacité d’accueil. Il a notamment servi lors des manifestations de la COP 21, de la Manif pour tous, du 1er mai 2018 ou contre la loi Travail. Sur ces images de Google Street Maps, on reconnaît le hangar rouge, les fourgons et cars policiers ainsi que les toilettes bleues, qu’on voit dans la vidéo de Marion.
Contactée par CheckNews, la préfecture de police de Paris paraît étonnée par cette polémique, considérant ces lieux que comme de simples «locaux de police». L’avocat Maître Éolas, pour sa part, note que les interpellés «sont traités comme n’importe quel gardé à vue».
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