La réforme de l’assurance chômage concernera « au maximum » 600.000 à 700.000 personnes, soit deux fois moins que ce que prévoit l’Unédic, qui « ne tient pas compte des changements de comportements induits par la réforme », a affirmé mardi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
Le durcissement des règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi, annoncé mi-juin par le gouvernement, tourne à la bataille de chiffres entre le ministère et l’association paritaire chargée de gérer l’assurance chômage.
L’Unédic a en effet estimé la semaine dernière que la réforme pourrait entraîner une baisse des allocations pour 1,2 million de personnes, tandis que 500.000 chômeurs seraient indemnisés plus tardivement ou perdraient leurs droits.
« On fait évidemment une réforme pour qu’elle ait des effets, pour l’emploi et contre la précarité », a-t-elle ajouté.
La ministre a souligné que sa réforme « prend tous les aspects en question », notamment « la responsabilisation des employeurs » avec un bonus-malus dans certains secteurs pour que « les entreprises fassent leur boulot » et « arrêtent d’embaucher 9 fois sur 10 en contrats très courts ».
En outre, « des moyens inédits » et « énormes » sont prévus pour « l’accompagnement des demandeurs d’emploi » et la formation, a-t-elle assuré.
« Avec les comportements induits, on pense qu’au maximum il y aura 600.000 à 700.000 personnes concernées », a reconnu Mme Pénicaud, rappelant que sa réforme doit aussi « permettre à 150.000 à 250.000 personnes de retrouver un travail » qui soit « stable, durable, pas un job kleenex ».
Devant la commission des Affaires sociales du Sénat, la ministre a ensuite annoncé que les trois projets de décret mettant en oeuvre la réforme avaient été envoyés mardi matin aux partenaires sociaux en prévision d’une réunion le 16 juillet de la Commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle.
Ni la CFE-CGC ni la CFDT n’avaient reçu dans la soirée ces textes, ont affirmé leurs représentants à l’AFP.
Ces décrets doivent traduire la réforme annoncée le 18 juin qui vise aussi à réaliser 3,75 milliards d’euros d’économies d’ici 2021 alors que l’Unédic a une dette d’environ 37 milliards d’euros.
Mais, selon Jean-François Foucard (CFE-CGC), ces décrets devraient aussi prévoir une augmentation de la contribution de l’Unédic au budget de Pôle emploi pour financer les 350 millions d’euros d’accompagnement renforcé pour les chômeurs annoncés par le gouvernement.
Actuellement l’Unédic finance déjà deux tiers du budget de Pôle emploi en lui versant 10% de sa collecte, soit près de 3,5 milliards d’euros, l’Etat versant le reste. Selon M. Foucard, ce taux devrait passer de 10 à 11%. Une nouvelle qui devrait irriter les partenaires sociaux qui demandaient au contraire un financement de Pôle emploi à parité entre l’Unédic et l’Etat.
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