Peu connue car rare sont les collectifs militants et quasi inexistantes sont les luttes à ce sujet même si on commence à en parler un peu ces dernières années notamment en France grâce au livre de Gabrielle Deydier, « Gros » n’est pas un gros mot, que je vous recommande et la constitution du Collectif « Gras Politique ».
Ce système d’oppression est tellement bien rôdé et institutionnalisé, de la cour d’école au marché du travail,que la plupart des gros.se.s pensent que tout est de leur faute s’ils/elles le sont, qu’ils n’ont « qu’à faire le régime et faire du sport » comme on leur enjoint de le faire, comme si c’était une recette miracle, comme si les régimes éternels ne nous faisaient pas entrer dans une spirale infernale où le corps se détruit à fluctuer et à se dérégler éternellement en faisant le yo-yo.
Difficile d’assumer son corps et son apparence, difficile de ne pas sombrer dans la dépression, parfois dans le suicide, quand on subit une oppression et que l’on ne voit aucune issue pour la repousser que ce soit dans la lutte, la prise en compte de celle ci dans la société ou tout simplement dans le fait de pouvoir s’auto-organiser collectivement pour s’épauler, s’entraider.
En France, 15% de la population adulte est obèse, 20% d’entre elle est au chômage souvent victime de discrimination à l’embauche (42% des employeurs estiment normal d’écarter la candidature d’une personne grosse), tou.te.s ont été moqué.e.s, ridiculisé.e.s, brimé.e.s parfois depuis leur enfance. Sans compter la difficulté de s’habiller, de trouver des partenaires affectifs ou sexuels dans une société normée où l’apparence physique compte plus que tout, la honte parfois de manger en public, dans un restaurant, (ben oui un.e gros.se qui mange c’est bien la preuve que c’est sa faute si il/elle est grosse), la grossopohobie médicale ou encore de subir les injonctions perpétuelles de la société à être « healthy », « détox », « happy », où l’on nous renvoie sans arrêt à la question de la volonté, du contrôle de son corps alors que l’obésité est multifactorielle et souvent dû à des facteurs génétiques, sociaux, environnementaux, de même qu’au vécu dans l’enfance, l’éducation etc…
Pour ma part, j’ai décidé de prendre un RDV avec un chirurgien bariatrique pour entamer un processus qui va m’amener à effectuer un by-pass. Une opération barbare qui consiste à nous amputer de 90% de notre estomac et qui va, quasiment à vie, nous empêcher de manger et donc de vivre normalement. Une opération radicale qui va très certainement me faire perdre un peu plus de 50 kilos la première année, changer radicalement mon apparence au prix d’un certain nombre de violences psychologiques et physiques (que je ne vais pas développer ici, j’ai déjà été assez long) qui vont m’amener à être suivi par un.e psy et un.e diététicien.ne pour le restant de mes jours.
J’espère aller globalement mieux après cette épreuve.
Mais je n’oublierais jamais ce qu’est d’être gros.se, ce qu’est cette oppression et je continuerais à en parler et à me battre.
Poster un Commentaire