
Propos recueillis par Jean-Marie Durand
Formes de la lutte, sociologie des acteurs, nature des slogans : dans la révolte des Gilets jaunes, née il y a un an, tout paraît inédit. Pour l’appréhender, dépassons donc les savoirs établis, prône le politiste Laurent Jeanpierre.
Si le mouvement des Gilets jaunes, lancé en octobre 2018, reste encore difficile à définir un an plus tard, tant il échappe aux classifications habituelles des commentateurs et des sciences sociales elles-mêmes, il traduit pourtant un nouveau rapport, diffus et généralisé, des citoyens à la politique. C’est l’hypothèse que propose, dans son dernier essai revigorant In Girum, le politiste Laurent Jeanpierre, coauteur il y a trois ans de La Vie intellectuelle en France (1) . Tirant quelques enseignements de cette mobilisation, il y perçoit le nouveau visage de la contestation en France. Inédit dans ses formes et ses composantes sociales, le mouvement prolongerait une cohorte d’autres protestations qui visent toutes à relocaliser la politique et à faire de la maîtrise de ses conditions de vie l’horizon principal à venir.
En écrivant cet essai, avez-vous eu le sentiment de vous mesurer à un mouvement social inédit ?
Je viens d’une tradition de recherche qui doute, a priori, devant l’impression de nouveauté. J’ai plutôt tendance à chercher d’abord le poids du passé dans le présent. Cela étant dit, il y a deux nouveautés dans ce mouvement. La première es…
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