L’Opéra de Paris est touché par la grève contre la réforme des retraites depuis 15 jours. Ce mardi, des danseuses ont trouvé une façon originale de marquer leur opposition.
Un orchestre symphonique, des danseuses toutes de blanc vêtues, une foule compacte qui applaudit. Quelque chose de la magie de Noël? Une représentation gratuite et populaire du « Lac des cygnes », ballet de Piotr Ilitch Tchaïkovski, sur le parvis de l’Opéra Garnier, du jamais-vu! L’Opéra de Paris en grève depuis le 5 décembre dernier ne manifeste décidément pas comme les autres. Le 17 décembre dernier, le chœur de l’Opéra de Paris avait déjà chanté une vibrante « Marseillaise » sur les marches de l’Opéra Bastille. Sur les réseaux sociaux les vidéos de ce ballet improvisé dépassent allègrement la centaine de milliers de vues.
À quelques heures du réveillon de Noël, sous le ciel gris parisien, c’est une quarantaine de danseuses du corps de ballet de l’Opéra qui ont donné un mini-spectacle improvisé devant des affiches « Opéra de Paris en grève » et « La culture est en danger », sous les applaudissements des badauds.
15 ans de sacrifices
« L’ensemble de l’Opéra est touché » par la réforme des retraites, déclare pour sa part Eloïse Jocqueviel, 23 ans, danseuse du corps de ballet qui a participé au spectacle. « C’est notre art qui est mis en danger ». Les danseuses ont choisi l’acte 4 du Lac des Cygnes, « l’un des ballets les plus difficiles » qu’elles ont dansé « sur du marbre dans le froid ».
« Ce que les filles vous ont montré, c’est 15 ans de sacrifices, et c’est du travail quotidien. Et pour arriver à ça, il y a une limite, une contrainte. Si on veut continuer à voir de jolies danseuses ou de jolis danseurs sur scène, on ne pourra pas continuer jusqu’à 64 ans, ce n’est pas possible », a souligné Alexandre Carniato.
« Je suis entrée à l’école de danse à 8 ans, j’ai quitté ma famille et aménagé ma scolarité. Avec 5 heures de danse par jour, à 17-18 ans, on est nombreux à avoir des blessures chroniques, des tendinites, fractures de fatigue, douleurs aux genoux […] On est nombreux à ne pas avoir notre baccalauréat », énumère Eloïse Jocqueviel.
« Pour en arriver à toutes ces annulations, il faut vraiment que nous soyons poussés à bout »
L’Opéra, comme la Comédie-Française, sont les seules institutions culturelles concernées par la réforme du gouvernement. Le régime spécial de l’Opéra est l’un des plus anciens de France, puisqu’il date de 1698, sous Louis XIV. Ce régime permet de tirer sa révérence à 42 ans, compte tenu de la « pénibilité » du métier, des risques de blessure, et du fait que la majorité des danseurs peut difficilement continuer à danser les grands ballets au-delà de cet âge avec le même niveau d’excellence. « Croyez que pour en arriver à toutes ces annulations, il faut vraiment que nous soyons poussés à bout », a déclaré le ballet de l’Opéra de Paris dans un communiqué.
Depuis le début de la grève contre la réforme des retraites le 5 décembre dernier, l’Opéra de Paris a perdu près de 8 millions d’euros de recettes de billetterie, selon l’institution. Par exemple, à l’affiche lundi soir, le spectacle « Le Prince Igor » à l’Opéra Bastille et le ballet « Le Parc » à l’Opéra Garnier, ont été à nouveau annulés in extremis.
Contre la réforme des retraites, la performance des danseuses devant l’Opéra de Paris
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