cerveaux non disponibles
⛔️ UNE SEULE STRATEGIE : BLOQUONS TOUT !
(Ce texte est une réponse de Désobéissance Ecolo Paris suite à notre tribune « La révolte domestiquée »)
Suite à la 2ème manifestation nationale pour les retraites de mardi dernier, des voix se sont élevées pour déplorer que la manif n’était pas assez offensive. Et si la victoire d’un mouvement se jouait non pas (seulement) dans l’offensivité des manifs et le caillassage des policiers, mais avant tout dans l’ampleur du blocage économique ?
Conséquence : il faut concentrer nos forces sur les blocages économiques, comme l’ont fait les GJ ou certains écolos (ronds points, entrepots, usines, centres commerciaux, zad). Et éviter un affrontement asymétrique avec la police. C’est ce que défend ce très bon texte écrit par un syndicaliste, que nous relayons.
(Notons que mettre le pays à l’arrêt, c’est aussi se donner les moyens de réfléchir sur notre avenir écologique. C’est aussi apprendre les moyens de pression que les écolos pourraient à leur tour utiliser pour se faire entendre et gagner.)
1 : Connaître l’ennemi.
Qu’on l’appelle « le pouvoir », « les riches », « l’élite » ou « l’oligarchie », il ne s’agit au final que de la bourgeoisie et son État. Son point fort, c’est la violence, sa police, la répression. Son point faible, c’est le porte-monnaie, son économie, notre exploitation.
Ils ont des armures et des armes, pas nous. Ils ont des moyens de coordination ultra-sophistiqués, pas nous. Ils ont des tribunaux et des prisons, pas nous. Ils adorent la violence, pas nous. Ils s’entraînent quotidiennement à ça, pas nous. Ils y aura donc toujours plus de morts, de blessés, de mutilés et de prisonniers dans nos rangs que dans les leurs. Chacune de ces émeutes, aussi belle et réjouissante soit-elle, ne fait que produire le spectacle de notre infériorité physique, et justifie de nouveaux moyens répressifs. A ce stade je précise que le principe de « non-violence » est une absurdité inventée par la bourgeoisie pour nous rendre inoffensifs, encore trop répandue dans l’esprit de certains. Mais si la violence des keufs est loin d’être spontanée, la notre doit, elle aussi, être stratégique.
2 : Parlons stratégie.
Une manif peut présenter une utilité à chaque force en présence. Pour le pouvoir, c’est l’occasion de laisser s’exprimer une colère le temps d’une manif, avant le retour à la normale. C’est un exutoire, une soupape de sécurité, on gueule un coup et on rentre à la maison, ça va mieux. Pour les syndicats, c’est l’occasion de réunir les prolos en colère derrière leurs cortèges, de démontrer qu’ils « tiennent leurs troupes », et d’assurer ainsi leur position de « partenaires sociaux ». Mais pour nous, ça sert à quoi une manif ? Avant tout, ça sert à être ensemble, tous ensemble, au même endroit, au même moment. C’est l’occasion de se rencontrer, de se parler, malgré les sonos assourdissantes des cortèges syndicaux qui tentent de nous en empêcher. Après la manif on se retrouve en AG, on décide la reconduction de la grève, on crée des comités, on organise des blocages, on met en place des caisses de grève pour tenir sur la durée. Et là, et seulement là, le pouvoir commence à trembler ! Tout cela n’aurait pas été possible si la moitié d’entre nous avaient été en GAV ou à l’infirmerie, si les violences avaient fait fuir les plus vulnérables d’entre nous.
3 : De la révolte à la révolution.
Depuis le 5 Décembre, le rapport de force est entré dans une nouvelle phase : sa phase économique. Il ne s’agit plus de « citoyens » qui se révoltent le samedi et retournent travailler le lundi. Il s’agit désormais d’une classe sociale qui prend conscience d’elle-même et construit un rapport de force, la grève générale, dans le but de frapper là où ça fait mal. La bourgeoisie n’existe que parce que nous travaillons pour elle quotidiennement. L’objectif est donc de l’assécher, de l’affaiblir jusqu’à ce qu’elle pose genou à terre. C’est sur ce terrain que nous sommes les plus forts, que nous pouvons gagner. Dans cette optique, les traditionnels (et certes jubilatoires) caillassages de condés deviennent secondaires, et même contre-productif. Nous sommes en grève, les prochaines fin de mois vont être difficiles. Le peu qui nous reste servira à alimenter les caisses de grève. Pas le temps d’aller en GAV, pas les moyens de payer des amendes, des frais d’avocat, des dommages et intérêts aux keufs pleurnichards. Gardons ce temps et cet argent pour construire la grève générale illimitée !
Conclusion : L’apparente « domestication » de la dernière manif ne fait que traduire la volonté de passer à l’étape supérieure de la lutte, celle où nous pouvons gagner. Nous étions nombreux, nous étions déterminés, c’est tout ce qui compte, les démonstrations de force policière ne nous intéressent même plus, car notre ennemi n’est pas le chien mais celui qui tient la laisse. Il faut se méfier des apparences.
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