Chez les conducteurs de métro et de RER, le taux de grévistes est plus de deux fois supérieur à celui des conducteurs SNCF. Aucun des trois syndicats représentatifs n’a marqué la moindre inflexion de discours.
Pour la première fois depuis début décembre, une AG vient de voter le principe de la reprise du travail sur une ligne du métro, la 8, mais pas avant lundi prochain. (Bertrand Guay/AFP)
Le conflit social s’enlise toujours à la RATP. Comme à la SNCF, le taux global de grévistes est certes sur une pente descendante , mais reste figé sur des bases beaucoup plus élevées. Depuis le déclenchement du conflit le 5 décembre, la direction de la première se refuse à communiquer les chiffres détaillés des débrayages dans l’entreprise, mais ceux-ci commencent à filtrer. Ces derniers jours, environ 14 % des 45.000 salariés étaient encore en grève, selon des informations recueillies près de la tutelle publique. Mais surtout, ce taux atteint encore, en ce début de semaine, de 50 à 60 % chez les seuls conducteurs de métro et de RER (sur les lignes A et B), selon une bonne source. Et ce au moment où les conducteurs de trains de la SNCF, eux, ne sont plus de 24,8 % à débrayer.
De quoi expliquer la très laborieuse remise en route du trafic quotidien de métro, comme sur les lignes 13, 3, 5 ou sur la 12. Car les conducteurs sont affectés à une ligne précise, en raison des différences de matériels et de postes de conduite. Sur le réseau de bus, le trafic est plus proche de la normale (4 bus sur 5 en moyenne) malgré les piquets de grève qui empêchent des véhicules de sortir des certains dépôts le matin, comme à Saint-Denis ou à Vitry-sur-Seine. Cette population, comme celle des tramways, est en moyenne plus jeune et moins syndiquée.
Lente amélioration de l’offre
Dans le métro, la RATP s’efforce d’aligner ses moyens disponibles de façon à remplir les obligations contractuelles auprès d’Ile-de-France Mobilités (assurer 50 % du trafic normal aux heures de pointe du matin et du soir), mais pour le reste, il faut faire avec les moyens du bord. L’amélioration de l’offre de transport est lente, mais elle existe, avec beaucoup de cas par cas. « Les AG donnent lieu à de vrais débats ces jours-ci, et non plus à une reconduction systématique et à l’unanimité », observe une source interne. Exemple sur la ligne 8, où, selon nos informations, une AG vient de voter pour la première fois la reprise du trafic sur une ligne parisienne, pour lundi prochain.
Sachant que 58 % des agents RATP resteront au régime spécial après la réforme, dont 70 % des conducteurs de métro et 97,2 % de ceux du RER, chaque salarié a déjà reçu mi-décembre un courrier lui récapitulant ses droits, et les syndicats ont eu un éclairage avec des cas types. Reste maintenant à porter le message via les élus de terrain, un travail qui prend un certain temps, compte tenu du climat social.
Trois syndicats invariables
Surtout, depuis les propositions d’Edouard Philippe sur l’abandon provisoire de l’âge pivot samedi dernier, la position des trois grands syndicats implantés à la RATP (Unsa-RATP, CGT et CFE-CGC) n’a pas varié d’un iota. Première organisation représentative, l’Unsa-RATP est plus que jamais en délicatesse avec sa propre confédération , et ne reprend aucun des arguments « réformistes » du secrétaire général Laurent Escure. Il se murmure d’ailleurs que sa branche « traction » pourrait quitter la confédération. Cette faible discipline s’explique : à l’origine, l’Unsa-RATP regroupait les autonomes (Fédération autonome des transports) lorsqu’elle a fait partie des composantes fondatrices de l’Unsa en 1993.
Même si le régime spécial de la RATP est moins un élément d’attractivité pour les jeunes recrues que par le passé, son maintien reste un thème beaucoup plus discuté en interne que le fameux âge pivot. Jusqu’à présent, l’âge moyen de départ à la retraite est de 56 ans au sein de l’Epic. Et toute embauche avant 35 ans garantit l’emploi à vie, sauf en cas de faute lourde.
Denis Fainsilber
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