Le patron de BlackRock France dénonce une « polémique infondée », en plein conflit sur les retraites

« BlackRock n’est pas un fonds de pension, il ne distribue aucun produit d’épargne retraite, et nous n’avons pas l’intention de le faire », se défend M. Cirelli face aux critiques sur sa promotion dans l’ordre de la Légion d’honneur.

Le Monde avec AFP Publié  le 

Gauche et droite confondues, l’opposition concentrait jeudi 2 janvier ses attaques sur la nomination au rang d’officier de la Légion d’honneur de Jean-François Cirelli, président du gestionnaire d’actifs BlackRock France, dénonçant un choix du « camp des fonds de capitalisation » dans la bataille sur la réforme des retraites.

Alors que la mobilisation contre la réforme est entrée jeudi dans sa 29e journée, battant le plus long blocage des transports de 1986-1987, cette promotion honorifique a déclenché les foudres de l’opposition, le Parti socialiste (PS) y voyant notamment « le côté obscur de la réforme des retraites ».

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Réagissant aux critiques, l’intéressé assure pourtant n’avoir « pas cherché à influencer le gouvernement ni sur la réforme actuelle des retraites, ni sur la loi Pacte »« Concernant les retraites, nous [BlackRock] avons toujours dit, et moi le premier, que nous étions conscients que le choix de la France est le régime par répartition et cela restera ainsi », s’est défendu M. Cirelli.

La publication par le quotidien L’Humanité début décembre d’un document interne d’une quinzaine de pages attribué à BlackRock, détaillant l’intérêt de développer l’épargne-retraite par capitalisation en France en s’appuyant notamment sur la loi Pacte votée au printemps, avait déjà suscité une levée de boucliers parmi les opposants à la réforme.

M. Cirelli a précisé à ce sujet jeudi s’être « félicité dans un document public, mis en ligne en juin après le vote de la loi Pacte, de certaines mesures prévues par le texte », et assuré qu’il ne s’agissait « ni d’un document secret, ni d’instructions au gouvernement ».

Ses explications auront toutefois du mal à convaincre l’opposition, qui estime que BlackRock deviendrait l’un des principaux bénéficiaires de la réforme sur les retraites.

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Une « provocation »

« C’est tout sauf anecdotique, BlackRock, c’est tout simplement le côté obscur de la réforme des retraites (…). C’est effectivement le choix d’un camp, celui des fonds de capitalisation », a dénoncé Olivier Faure, premier secrétaire du PS, sur France 2.

Tandis que le patron du Parti communiste français Fabien Roussel et la députée La France Insoumise Danièle Obono voyaient dans cette nomination une « provocation », le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan a lui accusé le patron de BlackRock d«’enrichir un fonds de pensions américain en profitant de la destruction de notre système de retraites ».

Cette polémique s’ajoute à une situation déjà compliquée pour le gouvernement, près d’un mois après le début de la grève, alors que le dialogue avec les syndicats semble être dans l’impasse.

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« BlackRock, c’est un fonds d’investissement qui soutient le développement d’infrastructures en France », a souligné sur LCI la ministre de la transition écologique Elisabeth Borne pour expliquer le choix de Matignon d’intégrer M. Cirelli à la promotion du nouvel an. « On peut faire des raccourcis, des présentations caricaturales, [mais Jean-François Cirelli] c’est quelqu’un qui a eu une carrière », a-t-elle ajouté.

Conseiller économique de Jacques Chirac (1995-2002) puis directeur adjoint du cabinet du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (2002-2004), Jean-François Cirelli a ensuite dirigé GDF-Suez puis Engie de 2005 à 2015.

Interrogée sur le profit que pourrait tirer BlackRock de la réforme des retraites, Laure Delahousse, directrice générale adjointe de l’Association française de la gestion financière (AFG), a souligné que l’épargne-retraite était « totalement absente de la réforme des retraites ».

« L’impact pour les Français de la réforme des retraites sur l’épargne-retraite va être faible. Ce qui était important, c’est plus la loi Pacte et la dynamisation de l’épargne-retraite », a-t-elle encore dit, voyant en BlackRock « un gérant d’actifs comme les autres qui a le même objectif que tout le monde, c’est-à-dire faire fructifier l’épargne de ses clients ».

Présent en France depuis 2006, l’américain BlackRock est considéré comme le plus gros gestionnaire d’actifs indépendant au monde. Au 30 septembre 2019, le groupe, né en 1988, gérait près de 6 960 milliards de dollars d’actifs pour le compte d’investisseurs dans le monde entier. Quelque 180 personnes sont employées en France par BlackRock, et, au 30 septembre, le groupe gérait 27,4 milliards d’euros pour le compte de clients français.


En plein conflit sur les retraites, la distinction du patron français de BlackRock passe mal

Le patron de la branche française du géant américain de la finance a été élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur. Une distinction dénoncée, alors que la réforme est accusée de faire le lit d’un système par capitalisation.

Le Monde avec AFP Publié le 01/01/2020

Peu connu jusque-là du grand public, le nom de BlackRock a pris un écho particulier à l’occasion de la mobilisation en France contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, jusqu’à orner désormais des pancartes brandies lors des manifestations.
Peu connu jusque-là du grand public, le nom de BlackRock a pris un écho particulier à l’occasion de la mobilisation en France contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, jusqu’à orner désormais des pancartes brandies lors des manifestations. Francois Mori / AP

C’est une distinction qui ne passe pas inaperçue, en plein conflit autour de la réforme des retraites. Dans la promotion du Nouvel An de l’ordre de la Légion d’honneur, publiée mercredi 1er janvier au Journal officiel, figure le nom du patron de la branche française du géant américain de la finance BlackRock. Jean-François Cirelli, ancien dirigeant de GDF-Suez, puis d’Engie, a été élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur par le premier ministre, Edouard Philippe.

« Jean-François Cirelli, président de BlackRock France, est promu officier de la Légion d’honneur en ce 1er janvier. En récompense du pillage de nos retraites par répartition ? »a brocardé le Parti communiste sur Twitter, où la nouvelle était abondamment commentée. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a estimé jeudi que la Légion d’honneur de Jean-François Cirelli révèle le « côté obscur de la réforme des retraites » et le choix du « camp des fonds de capitalisation » « C’est tout sauf anecdotique », a-t-il jugé.

Les opposants à la réforme des retraites accusent la société de vouloir l’influencer à son avantage. « BlackRock pourrait directement bénéficier de la réforme des retraites », affirme ainsi sur Twitter Maxime Combes, porte-parole de l’ONG Attac France. « Leur arrogance est sans limite », dénonce quant à lui Nicolas Dupont-Aignan, accusant l’exécutif d’être « corrompu »« Dans la république des privilèges, on élève au grade suprême les destructeurs des conquêtes sociales », a abondé la députée La France insoumise Mathilde Panot.

Peu connu jusque-là du grand public, le nom de BlackRock a pris un écho particulier à l’occasion de la mobilisation en France contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, jusqu’à orner désormais des pancartes brandies lors des manifestations.

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Accusé d’influence sur l’exécutif

Le puissant gestionnaire d’actifs a ainsi été accusé de faire valoir auprès de l’exécutif le régime de retraite par capitalisation, sur le modèle des fonds de pension américains, au détriment du système français actuel par répartition, ce dont il s’est défendu récemment dans un communiqué publié par sa filiale française, assurant :

« En aucune manière, nous n’avons cherché à exercer une influence sur la réforme du système de retraite par répartition en cours auprès des pouvoirs publics ou de tout autre acteur du secteur. »

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Le gestionnaire d’actifs, implanté en France depuis plus de treize ans, « dialogue avec les organismes de réglementation et les pouvoirs publics »« dans le but d’expliquer [son] point de vue sur l’intérêt des investisseurs à long terme », selon son communiqué. Des critiques balayées également par l’exécutif.

Le quotidien L’Humanité avait de son côté publié le 11 décembre un document interne d’une quinzaine de pages attribué à BlackRock, détaillant l’intérêt de développer l’épargne-retraite par capitalisation en France en s’appuyant notamment sur la loi Pacte, votée au printemps, même si le système de retraite par répartition « restera au cœur de l’épargne-retraite française ».

Fondé en 1988 aux Etats-Unis, BlackRock a indiqué à l’occasion de la publication de ses derniers résultats financiers gérer un portefeuille d’actifs de quelque 7 000 milliards de dollars.

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