Depuis le début de la grève, les cheminots ont obtenu un ensemble de concessions et la réforme des retraites s’appliquera de façon lente et progressive. Mais le sort de 30 000 agents au statut pose encore problème.
Si pour la plupart des Français, c’est la génération née en 1975 qui sera la première à éprouver la réforme des retraites, pour les cheminots les dates diffèrent. Les sédentaires (guichetiers, informaticiens, comptables…) passeront au régime universel à la génération 1980. Quant aux roulants (conducteurs de trains, contrôleurs…), ils obtiennent cinq ans de répit. Ce ne sont que ceux nés à partir de 1985 qui seront touchés par la réforme. Enfin, à noter que les 20 000 contractuels de la compagnie, c’est-à-dire qui ne sont pas au statut de cheminots, verront l’application de la réforme dès la génération 1975. Soit environ 11 000 contractuels, selon la direction.
Autre spécificité majeure, l’âge légal de départ. Actuellement, il atteint progressivement 52 ans pour les roulants et 57 ans pour les sédentaires. Avec la réforme, tous les Français resteront autorisés à partir à 62 ans, mais, avec l’âge pivot, il faudra aller jusqu’à 64 ans pour avoir un taux plein. Pour éviter une marche trop haute pour les cheminots, il est prévu que les personnels embauchés avant 2025 atteignent les 62 ans progressivement, en fonction de leur ancienneté. À titre d’exemple, donné par la SNCF : un cheminot sédentaire, avec neuf ans d’ancienneté en 2025, pourra partir à 59 ans. Un conducteur, embauché lui en 2019, aura la possibilité de faire valoir ses droits à la retraite à 58 ans.
Enfin, une batterie de mesures devrait permettre aux cheminots de partir plus tôt, comme des postes à temps partiel en fin de carrière pour les agents exerçant l’un des 58 métiers du ferroviaire reconnus comme pénibles (Opérateur réseau, agent du matériel, conducteur, aiguilleur ou contrôleur). Le plafond du compte épargne temps sera porté à 410 jours, soit le double de celui en cours.
La clause du grand-père point d’achoppement
Concernant le niveau des pensions, pour les maintenir au même niveau qu’avant la réforme, elles seront bonifiées en appliquant la « clause à l’italienne ». Concrètement, les droits acquis avant 2025 avec le régime spécial seront calculés en tenant compte de la rémunération qu’aurait perçue le cheminot sur les six derniers mois de sa carrière si la réforme n’avait pas été appliquée. Par ailleurs, un plan d’épargne retraite collectif sera créé par la SNCF et les différentes primes (pour le travail de week-end ou de nuit) seront comptabilisées pour calculer les pensions.
La CGT-cheminots et Sud Rail, respectivement premier et troisième syndicats à la SNCF, exigent le retrait de cette réforme par points. L’Unsa-ferroviaire estime que des avancées ont été apportées par le gouvernement avant Noël. La deuxième organisation syndicale de la SNCF s’est même retirée de la grève pendant les vacances, même si elle maintient la pression. Elle souhaite, comme la CFDT-cheminots, l’application de la clause du grand-père. Depuis le 1 er janvier, le statut des cheminots a disparu pour les nouveaux embauchés de la compagnie. Les deux syndicats exigent donc que le régime spécial soit maintenu pour les cheminots encore au statut, comme le gouvernement s’y était engagé dans le cadre de la réforme ferroviaire l’année dernière. Soit environ 130 000 salariés qui seraient épargnés par la réforme.
La CFDT a fait ses calculs : « Mis bout à bout, après les différentes mesures d’aménagement, il reste environ 30 000 cheminots au statut concernés par la réforme. C’est trop », dit un syndicaliste CFDT. Le quatrième syndicat de la SNCF continue de négocier avec le gouvernement mais aussi avec la direction de la SNCF : « Emmanuel Macron ne veut pas entendre parler de clause grand-père pour les cheminots, grince cette même source. Pour lui c’est un enjeu politique. Il veut être le président qui a supprimé le régime des cheminots. Mais nous ne sortirons pas de la grève sans rien de plus. La base ne l’accepterait pas ».
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