Crise sanitaire, crise économique, crise sociale Notes sommaires

Henri Wilmo le 08/03/2020

Au-delà de la crise sanitaire, nous allons en fait nous trouver devant une triple crise : sanitaire, économique et sociale.

  1. Par incompétence, l’aspect sanitaire, ne sera pas développé ici. On peut seulement insister sur la fragilité des données moyennes sur la diffusion et la létalité et rappeler les inégalités devant les risques, sociales, individuelles ou liées à l’âge.
  1. La production et le commerce mondial reculent, les marchés financiers baissent. La crise sanitaire semble le prélude d’une crise économique mais en fait ne l’est pas car de multiples signes annonçaient cette crise. Les discussions autour de la situation  actuelle rappellent des controverses antérieures sur la part respective des facteurs exogènes et endogènes dans une crise économique. Ce fut le cas autour du choc pétrolier de 1973.

L’économie mondiale était déjà en 2019 dans une phase de ralentissement avec des manifestations évidentes de surproduction dans certains secteurs (automobile, sidérurgie,…). La chute actuelle des marchés financiers s’ancre dans la dérive des cours par rapport aux réalités de l’économie productive et dans le risque que la masse de capital fictif (qui représente un droit de tirage sur la valeur future) ne trouve pas de contreparties suffisantes. Il y a là un enjeu de bataille idéologique par rapport aux habituels tenants de l’autorégulation des marchés qui veulent toujours trouver l’origine des crises dans des éléments exogènes à la marche du capitalisme.

  1. Bien sûr, il convient d’analyser l’impact de la crise du coronavirus. Chaque jour, des éléments supplémentaires s’ajoutent pour en démontrer la gravité sanitaire.

Pour ce qui est de l’impact économique, il convient de distinguer court et long/moyen terme :

–          A court terme, on assiste à un double choc sur l’offre (avec l’arrêt et le ralentissement des usines chinoises qui fournissent produits intermédiaires ou finaux) et de demande (baisse des importations chinoises, arrêt du tourisme international,….). Le coronavirus agit comme révélateur des fragilités existantes,  en accroit l’acuité et peut donc être le facteur déclencheur immédiat d’une récession depuis longtemps prévisible

–          Cela peut amener dans le futur des redéploiements des chaines de valeur avec transfert d’activités dans des pays autres que la Chine : le Vietnam par exemple. Mais ils dépendront de divers facteurs. Les relocalisations vers les pays du « centre » seront limitées et dépendront largement des pressions politiques. En fait, la montée de la Chine suscite des craintes politiques dans les Etats capitalistes « installés » même si du point de vue des multinationales, il n’y avait jusqu’à présent pas de raison de réajuster en profondeur les chaines de valeur

  1. Il conviendrait de revenir sur le rôle de l’endettement dans la phase récente du capitalisme. Stavros Tombazos insiste sur ce facteur dans son dernier ouvrage (« Crise mondiale et reproduction du capital »). Cet endettement permet de soutenir la demande présente. Mais les créances correspondantes devront être honorées. Le risque principal aujourd’hui dans la machinerie capitaliste semble être du côté bancaire si un nombre significatif d’entreprises (ou de ménages) se trouvaient incapables d’honorer leurs engagements. Ce risque était déjà pointé par le FMI l’année dernière   (cf. Global Financial Stability Report de février 2019). C’est ces derniers jours, la principale préoccupation des marchés financiers ; il faut noter l’effondrement des cours des actions des banques européennes : l’indice boursier du secteur bancaire européen avait perdu en fin de semaine 2/3 de sa valeur depuis le 17 février. Sur la même période, l’action Société Générale  a perdu 31% et BNP Paribas 27%.
  1. La crise continuera à faire peser sur « ceux d’en bas » le poids des politiques libérales et d’austérité (peut-être un peu atténuées dans la santé.
  2. Pour ce qui nous concerne, la position des révolutionnaires elle ne saurait s’en tenir à la seule dénonciation du capitalisme et devrait sans doute articuler trois éléments :
  • Dénonciation des anticapitalistes : irrationalité du système, etc.
  • Exigence de mesures immédiates de sauvegarde pour :

o    diffuser les techniques minimales de protection, réquisitionner les moyens nécessaires y compris du côté du privé (cliniques, médecine de ville) : je laisse à plus compétent-e-s le soin de développer ce point ;

o   Faire en sorte que la grande masse de la population ne supporte pas la crise. Le gouvernement français vient de « décréter l’état d’urgence économique » avec des mesures en faveur des entreprises (étalement du paiement des impôts et cotisations sociales, facilitation des crédits de trésorerie, etc). Nous devrions mettre en avant quelque chose comme un « état d’urgence social » : indemnisation intégrale du chômage partiel, garantie et maintien des droits des chômeurs et allocataires sociaux (avec suppression des procédures de contrôle et sans exigence de convocation), gel des licenciements et suppression d’emplois, etc. Tout cela est bien sûr à approfondir.

HW

 

 

 

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