LES BOURSES EUROPÉENNES CHUTENT À L’OUVERTURE
par Laetitia Volga
PARIS (Reuters) – Les places boursières européennes chutent lundi comme l’ensemble des marchés d’actions mondiaux, et les rendements obligataires enfoncent des plus bas record, l’effondrement des cours du brut alimentant les craintes d’une entrée en récession économique nées de l’épidémie de coronavirus.
Les cours du pétrole chutent de près de 20% après la décision de l’Arabie saoudite de casser ses prix de vente et de prévoir une forte augmentation de sa production au moment où l’épidémie de coronavirus réduit significativement la demande mondiale.
L’ensemble du monde financier, déjà mal au point en raison des dégâts économiques du coronavirus, voit rouge ce lundi.
Vers 09h20 GMT, l’indice CAC 40 chute de 6,2% à 4.820,29 points, un plus bas depuis janvier 2019. Il s’agit de sa plus forte baisse en séance depuis le 24 juin 2016, au lendemain du référendum sur le Brexit.
À Francfort, le Dax s’écroule de 5,82% et à Londres, le FTSE de 5,26%.
L’indice EuroStoxx 50 de la zone euro recule de 6,2%, le FTSEurofirst 300 dévisse de 4,82% et le Stoxx 600 de 5,41%.
Le Stoxx 600, le CAC 40 et le Dax sont officiellement en « bear market » (marché baissier) avec une baisse supérieure à 20% depuis leur récent plus haut de février.
Signe de la panique sur les marchés d’actions, l’indice mesurant la volatilité implicite de l’EuroStoxx 50 prend 26,85%, à un plus haut depuis 2008.
La Bourse de Milan perd 8,54% après le placement en isolement depuis dimanche de plusieurs régions du Nord parmi lesquelles la Lombardie, la plus peuplée et la plus riche du pays, dans le but d’endiguer la propagation du coronavirus.
Outre l’Italie, le bilan sanitaire lié au coronavirus n’a cessé de s’alourdir au cours du week-end. Plus de 107.000 personnes dans le monde ont été contaminées par le virus dont l’impact sur l’économie mondiale ne fait plus de doute. La Chine a annoncé samedi une chute de 17,2% de ses exportations en janvier-février en rythme annuel.
Avec le plongeon des marchés d’actions et du pétrole, de nouvelles craintes surgissent sur le marché du crédit où certaines entreprises pourraient se trouver en difficulté pour rembourser leur dette, observent plusieurs intervenants de marché.
Les regards se portent vers les banques centrales et notamment vers la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait, dans la foulée du mouvement de la Réserve fédérale la semaine dernière, abaisser son taux de dépôt lors de sa réunion de politique monétaire prévue jeudi.
« Bien qu’une baisse des taux ne soit pas la panacée, comme l’a montré magistralement la réaction du marché à la Réserve fédérale, nous pensons que la BCE va être contrainte de baisser de 10 points de base son taux directeur afin de gagner du temps pour mettre en place une opération spéciale de refinancement en direction des PME/ETI de la zone euro », déclarent les économistes de Saxo Banque.
PÉTROLE
Les cours du pétrole perdent près d’un cinquième de valeur et se dirigent vers leur plus importante chute en une séance depuis la première guerre du Golfe en 1991. Ce plongeon intervient après l’éclatement de l’alliance entre l’Opep et la Russie qui avait permis ces trois dernières années de soutenir les prix.
Le baril de Brent plonge de 19,62% à 36,39 dollars après être tombé en séance à un plus bas depuis 2016 à 31,02 dollars. Celui du brut léger américain abandonne 20,64% à 32,76 dollars, après un plus bas en début d’échanges à 27,34 dollars, là aussi un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis quatre ans.
VALEURS
Aucun secteur européen n’est épargné par le mouvement de vente. Celui du pétrole et du gaz chute de 12,47% et celui des ressources de base de 7,66%. L’indice bancaire dégringole de 7,28% et celui des transports et des loisirs de 3,94%.
ArcelorMittal perd 12,02%. Total, BP, Royal Dutch Shell et TechnipFMC – lanterne rouge du coté du CAC 40 – perdent entre 10,57% et 15,94%. La parapapétrolière CGG chute de 34,77% et Vallourec de 21,24%.
BNP Paribas, Crédit agricole et Société générale perdent entre 7,4% et 10,22%. Deutsche Bank dévisse de 10,92 % et est tombé en séance à un plus bas record.
TAUX
L’aversion pour le risque et la perspective de nouvelles baisses de taux des banques centrales continuent de provoquer des mouvements spectaculaires sur le marché obligataire.
Le rendement des Treasuries à dix ans s’écroule de plus de 20 points de base à 0,4854% après être tombé en séance à un nouveau plus bas historique à 0,318%.
Son homologue à 30 ans évolue sous la barre de 1% pour la première fois de son histoire, avec un plus bas à 0,7202%. Le deux ans se traite à un plus bas depuis 2014, à 0,3317%.
En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans chute de dix points de base, pour s’enfoncer à -0,827%, après un creux historique à -0,863%.
Le bouclage d’une grande partie du nord de l’Italie favorise une poussée des rendements obligataires italiens. Le rendement à dix ans grimpe d’environ 25 points de base, pour atteindre 1,252%.
CHANGES
Le plongeon des rendements obligataires américains continue de peser sur le dollar : l’indice mesurant ses fluctuations face à un panier de devises de référence perd environ 0,58%.
L’euro grimpe de près de 1% pour revenir à plus de 1,1379 dollar, après un pic en séance depuis janvier 2019 à 1,1492. Le yen s’envole de plus de 2,5% face au billet vert. Il a atteint à 101,58 pour un dollar, un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis novembre 2016.
Les devises très corrélées aux matières premières, comme le dollar australien et le rouble russe, sont en chute libre.
A WALL STREET
Les contrats à terme sur les grands indices de la Bourse de New York signalent une chute d’environ 5% lundi à l’ouverture.
Vendredi, le repli a été plus limité grâce à des achats à bon compte en fin de séance. L’indice Dow Jones a cédé 0,98% à 25.864,78 points. Le S&P-500, plus large, a perdu 1,71%, à 2.972,37 points et le Nasdaq Composite a reculé de 1,87% à 8.575,62 points.
L’indice CBOE de la volatilité, surnommé « indice de la peur » à Wall Street, a atteint son plus haut niveau depuis août 2015 à 41,94 et il devrait a priori connaître un nouveau pic lundi.
EN ASIE
La Bourse de Tokyo a chuté de 5,07% lundi, sa plus forte baisse en une séance depuis le 24 juin 2016.
Les Bourses de Chine continentale ont perdu autour de 3%, le Kospi à Séoul a lâché 4,19% et l’indice australien ASX 200 a chuté de 7,33%, sa plus forte baisse journalière depuis octobre 2008.
MÉTAUX
La déroute des marchés touche également les cours des métaux industriels: le cuivre est tombé à un plus bas de près de trois ans à 5.484 dollars la tonne, et le zinc a atteint un creux de 45 mois à 1.929 dollars la tonne.,
A l’inverse, l’or profite de son statut de valeur refuge pour grimper à un pic de plus de sept ans à 1.702,565 dollars l’once.
(Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)
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