La faute de l’orthographe | Arnaud Hoedt Jérôme Piron | TEDxRennes
•21 juin 2019
Remarque
Il faut préciser, à propos de la vidéo ci-dessus, qu’elle est mise en ligne car elle nous a semblé avant tout amusante, ce qui n’est pas négligeable par ces temps, virant vite moroses, de confinement. Amusante mais sans pour autant être dénuée de pertinence quant aux observations faites par les duettistes sur l’orthographe du français. Il n’en résulte pas cependant que ces observations doivent nécessairement être interprétées, même si cela semble en être l’idée sous-jacente, comme un plaidoyer en faveur d’une réforme de ladite orthographe, autrement dit de sa simplification, soit l’adaptation stricte de l’écriture aux sons, aux phonèmes (chapeau/chapo ?).
On se souvient des fortes polémiques engendrées par les projets de réforme de l’orthographe. Cette page n’y participe pas, ne les relance pas. Si l’on peut comprendre qu’en premier visionnage de ce petit film, on s’en trouve persuadé que la simplification de l’orthographe est souhaitable, on doit avoir à l’esprit que l’argument des difficultés qu’un enfant (ou un adulte) éprouve à acquérir une compétence (une compréhension, etc.) n’induit pas mécaniquement qu’il faille « simplifier » l’objet sur lequel joue cette compétence (ou cette compréhension). Ce qu’il y a à simplifier, ou plutôt à adapter à cet objet complexe, c’est la méthode d’approche à celui-ci proposée à l’enfant.
S’il n’est pas pensable de simplifier une tragédie de Racine, particulièrement son lexique ou sa syntaxe mais aussi, à y être, en la déversifiant, pour que tout élève d’un niveau de scolarité donné puisse s’y intéresser, en retirer un enrichissement culturel, sensible… il n’y a pas de raison a priori que, pour l’usage courant de la langue, le mot psychologique soit ramené graphiquement à psicologique, voire psicologic ou psicologik.
Il n’y a pas de raison a priori, pour peu que les conditions et les méthodes d’enseignement soient appropriées pour que les enfants soient mis en situation psychologique et mentale de s’approprier en douceur et avec plaisir les objets de savoir et les outils de communication les plus complexes comme l’est la langue française, particulièrement son orthographe. Le but étant de décrocher celle-ci de ce qui l’a rendue délibérément complexe, comme il est bien exposé dans la vidéo, de ce qui l’a fait advenir facteur de « distinction », d’exclusion, en somme, de pouvoir, au détriment des classes dominées.
Il va sans dire que ce processus d’appropriation scolaire par les enfants des couches populaires des objets de culture, au sens large du mot, réservés aux classes dominantes, couches supérieures de la petite-bourgeoisie comprises (via le recours aux cours particuliers et aux enseignements privés relayant et renforçant le capital culturel familial), ne peut se concevoir que par une lutte constante des enseignant.e.s et des parents, sans oublier les élèves, contre les réformes austéritaires et sélectives (1) menées par l’Etat, sous la houlette et le fouet et la matraque du Ministère de l’Education Nationale, desdites classes. Comme cela est toujours plus flagrant… sous le couple infernal de la bourgeoisie distinguée Macron/Blanquer.
Antoine
(1) Il n’y a pas place ici pour analyser l’apparent paradoxe par lequel un Etat de la distinction/sélection tend assez régulièrement à proposer de simplifier ce qui historiquement participe de ces deux mécanismes antipopulaires.
Bourdieu sans gants…frontalement polémique.
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