Comment la mort de George Floyd lors de son arrestation par la police embrase les Etats-Unis

Cet Afro-Américain de 46 ans est décédé lundi à Minneapolis. « Je ne peux pas respirer », a-t-il protesté alors qu’un policier l’immobilisait avec un genou sur le cou. La scène a été filmée et a suscité l’indignation dans tout le pays.

Troisième nuit d\'échauffourées à Minneapolis, le 28 mai 2020, après la mort de George Floyd.
Troisième nuit d’échauffourées à Minneapolis, le 28 mai 2020, après la mort de George Floyd. (KEREM YUCEL / AFP)

Minneapolis s’enflamme. Depuis le mardi 26 mai, de violentes manifestations ont éclaté dans cette ville de l’Etat du Minnesota après la mort d’un homme noir de 46 ans, George Floyd, au cours d’une interpellation par la police. Les incendies et les émeutes se multiplient dans la métropole mais la colère gagne progressivement d’autres grandes villes du pays. Car la mort de George Floyd rappelle une série d’arrestations violentes similaires, qui ont notamment conduit à l’émergence du mouvement Black Lives Matter (La vie des Noirs compte).

L’arrestation a été filmée

Lundi 25 mai, dans la soirée, George Floyd est arrêté par la police de Minneapolis, qui le soupçonne d’avoir voulu écouler un faux billet de 20 dollars. La scène de l’arrestation est filmée par une passante et retransmise en direct sur Facebook Live. La vidéo montre cet homme noir plaqué au sol sur le ventre par un policier qui l’immobilise avec un genou sur le cou. George Floyd se plaint pendant de longues minutes de ne pas pouvoir respirer et d’avoir mal. L’agent, un homme blanc, lui somme de rester calme. « Je ne peux pas respirer », alerte-t-il.

Un second policier tient à distance les passants qui commencent à s’emporter, alors que George Floyd ne bouge plus et semble inconscient. « Il ne respire plus, il ne bouge plus, prenez son pouls », répète un témoin, tandis que les policiers attendent une ambulance qui arrive après plusieurs minutes. George Floyd est alors transporté dans un hôpital, où il est mort peu après.

Un porte-parole de la police a affirmé lundi soir que George Floyd avait résisté à son interpellation. Mais de nouvelles images, captées par les caméras du restaurant devant lequel il a été arrêté, semblent écarter cette thèse. Elles montrent George Floyd les mains menottées dans le dos, n’opposant aucune résistance.

Quatre policiers ont été limogés

Quatre agents de police impliqués dans l’arrestation violente de George Floyd ont été limogés mardi, mais laissés en liberté alors qu’une enquête a été ouverte par le FBI, la police fédérale aux Etats-Unis. « Nous coopérerons totalement à l’enquête », a assuré Medaria Arradondo, le chef de la police de Minneapolis. Les caméras portées par les policiers, qui étaient allumées, pourraient clarifier les circonstances de l’interpellation.

Pour l’instant, aucune inculpation n’a encore eu lieu, ce qui alimente la colère et les frustrations de la population. Le maire de Minneapolis, Jacob Frey, s’est lui-même demandé « pourquoi l’homme qui a tué George Floyd [n’était] pas en prison »« Ces policiers, il faut les arrêter immédiatement » a déclaré, ému, Philonise Floyd, sur CNN, réclamant la peine capitale pour les responsables de la mort de son frère.

L’affaire en rappelle d’autres

Un usage « abusif, excessif et inhumain de la force » pour un délit « non violent ».C’est ce que dénonce Benjamin Crump, l’avocat de la famille de George FloydCe dernier représente aussi les proches de Ahmaud Arbery, un joggeur noir tué par deux Blancs en février dans l’Etat de Georgie, une affaire qui a récemment suscité des réactions outrées après la diffusion d’une vidéo des faits.

Les circonstances du décès de George Floyd rappellent également celles de la mort d’Eric Garner, un homme noir asphyxié lors de son arrestation par des policiers blancs à New York, en 2014. L’affaire avait notamment contribué à l’émergence du mouvement Black Lives Matter. D’autres morts similaires avaient provoqué des émeutes dans le pays et poussé la police de New York et de Los Angeles à interdire des méthodes d’immobilisation controversées, comme le plaquage ventral.

Sur les réseaux sociaux, des milliers d’internautes ont évoqué la mort de George Floyd en utilisant le hashtag #BlackLivesMatter. Certains ont relayé des messages marquants issus de ce mouvement, à l’image d’une vidéo, originellement publiée en 2016, où plusieurs célébrités, comme Beyoncé ou Rihanna, énumèrent « 23 façons dont vous pourriez être tué si vous êtes noir aux Etats-Unis ».

Les nuits d’émeutes se succèdent

Incendies, pillages de magasins, tirs de gaz lacrymogène…Depuis la mort de George Floyd, les scènes d’échauffourées avec la police se multiplient à Minneapolis. Au cours de la troisième nuit d’affrontements, jeudi soir, des manifestants ont incendié le commissariat où travaillaient les officiers mis en cause, forçant les barrières qui protégeaient le bâtiment et brisant ses vitres. Plutôt dans la soirée, le personnel du commissariat avait été évacué. Des milliers de personnes ont assisté à l’incendie dans les quartiers nord de la ville.

Une manifestation avait débuté pacifiquement, en fin d’après-midi, alors que la police contenait la foule par des chaînes d’hommes en uniforme. Mais les tensions sont encore montées du cran. Des heurts ont éclaté, plusieurs magasins ont été pillés et des incendies se sont déclarés. Près du commissariat, la police a tiré du gaz lacrymogène sur les manifestants.

Les autorités américaines ont décidé jeudi d’envoyer des renforts dans la ville. Le gouverneur de l’Etat du Minnesota a signé un décret pour autoriser l’intervention de la garde nationale à Minneapolis. Deux cents policiers de l’Etat, ainsi que des hélicoptères, vont également être envoyés sur place.

Les réactions s’étendent dans tout le pays

Dans le reste de l’Amérique, cette nouvelle arrestation brutale d’un homme afro-américain suscite l’émoi.Le hashtag #JusticeForGeorgeFloyd est devenu viral sur Twitter et plusieurs internautes ont lancé des pétitions pour demander la condamnation des policiers impliqués. Dans plusieurs villes du pays, comme à Chicago, Los Angeles ou New York, les manifestations se multiplient. A Denver, les forces de l’ordre ont eu recours au gaz lacrymogène.

Plusieurs figures médiatiques ont également réagi à cette affaire, notamment dans le monde du sport. L’ancienne star du football américain Colin Kaepernick, qui avait mis un genou au sol pendant l’hymne américain en 2016 pour protester contre le racisme et les violences policières, a apporté son soutien aux manifestants. « Lorsque la civilité mène à la mort, la révolte est la seule réaction logique », a-t-il estimé sur son compte Twitter« Voilà pourquoi »écrivait à son tour la star du basket LeBron James, sous un montage photo juxtaposant le policier blanc le genou posé sur le cou de George Floyd et Colin Kaepernick.

Au sein de la classe politique, l’ancien vice-président américain et candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden a fustigé « un rappel tragique (…) qui fait partie d’un cycle d’injustice systématique qui existe encore dans notre pays ».La sénatrice démocrate Kamala Harris, ancienne procureure de Californie, a elle dénoncé « un acte de torture » et une « exécution publique » dans une société marquée par le racisme. Donald Trump, qui « a été indigné quand il a vu la vidéo », selon sa porte-parole, souhaite quant à lui « que justice soit rendue ».

L’onde de choc provoquée par la mort de George Floyd s’étend désormais au sein de la communauté internationale. « C’est le dernier d’une longue série de meurtres d’Afro-Américains non armés commis par des policiers américains et des auto-justiciers », a condamné, mercredi, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, qui appelle à stopper les « meurtres » d’Afro-américains par la police.

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