15.05.2020
PHILIPPE REZZONICO – Investment Strategist, Heravest SA
Un processus sans précédent pour trouver un vaccin COVID-19 : sommes gigantesques, partenariats et processus accéléré d’acceptation. Toutes les grandes sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques sont pied au plancher.
Les organismes nationaux des médicaments, Federal Drug Administration, European Medicines Agency, ont fortement raccourci les processus d’acceptation des médicaments et des vaccins pour le COVID-19, au risque d’aller peut-être trop vite et de rater des étapes de sécurité pour les êtres humains.
Certains chercheurs disent qu’un vaccin pourrait être prêt pour une utilisation d’urgence d’ici la fin de l’année. L’administration Trump a annoncé l’Operation Warp Speed : concentration des efforts sur 4 vaccins sur les 14 identifiés, mise en place de la production et organisation de la distribution ; l’objectif est de trouver un vaccin pour janvier 2021. Une dizaine de vaccins ont atteint le stade final crucial des tests sur l’homme.
Une fois le vaccin trouvé, il va falloir le produire en milliards de doses, ce qui prendrait des mois dans un monde normal. Mais les grands groupes pharmaceutiques s’organisent déjà. Pour libérer des forces productives, Pfizer s’est allié avec Lonza et d’autres pour externaliser la production d’autres médicaments.
Après être devenue l’usine du monde, puis une puissance technologique, la Chine met tous les moyens en oeuvre pour émerger comme une nation de la biotechnologie grâce au COVID-19. La société chinoise Sinovac Biotech est en discussion pour lancer une phase clinique III (essais comparatifs sur des milliers de malades) avec plusieurs pays et l’OMS pour procéder à des essais larges. Deux autres sociétés chinoises sont actives, CanSino Biologics et China National Biotec. On perçoit clairement une guerre Chine-Reste du monde.
Les autres sociétés actives sur le vaccin sont Johnson & Johnson, Sanofi, Glaxosmithkline, Moderna, Inovio et BioNTech. Johnson & Johnson commencera des essais sur des malades en septembre. Moderna attend ses résultats cliniques en juin. L’allemand BioNTech s’est allié à Pfizer et Moderna avec le Suisse Lonza.
La montée au créneau du gouvernement français sur les remarques du CEO de Sanofi montre la sensibilité du sujet ; Paul Hudson a en effet suggéré que les Etats-Unis pourraient être les premiers bénéficiaires de la découverte d’un vaccin, puisqu’ils ont été les premiers à financer les recherches. L’Université d’Oxford et AstraZeneca ont également annoncé que le Royaume-Uni serait fourni en premier s’ils devaient trouver un vaccin. L’Union européenne et l’OMS veulent un vaccin équitable, public et universel.
On espère tous que la diffusion d’un vaccin sera plus rapide que prévu, compte tenu des moyens extraordinaires déployés. Mais le coronavirus pourrait disparaître aussi vite qu’il est apparu. Le SRAS, CoV-1, s’est avéré beaucoup plus agressif et plus mortel que son cousin actuel, le CoV-2, mais a fini par disparaître de manière quelque peu mystérieuse. Pour le SRAS, la recherche des contacts était plus facile, car les symptômes graves apparaissaient en deux ou trois jours; avec le CoV-2, ils surviennent 14 jours après avoir été infecté. On n’a pas eu le temps de faire des recherches poussées sur le SRAS, parce que l’épidémie s’est terminée subitement.
Une des caractéristiques des virus, c’est leur imprévisibilité!
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