Le retour à l’activité, c’est le retour des licenciements.

Nouvel article sur Arguments pour la lutte sociale

par aplutsoc

Fonderie de Bretagne à Caudan – Les salariés occcupent l’esplanade après l’annonce des licenciements

Le 17 mars la presse patronale s’était, à la suite des Échos, émue d’un de ces cafouillages dont Pénicaud partage avec d’autres ministres le secret. Son directeur de cabinet qualifiait immédiatement de « propos de réunion » la déclaration de sa ministre et démentait que le gouvernement ait l’intention « d’interdire les licenciements » comme elle l’avait imprudemment annoncé lors d’une vidéo-réunion de crise avec les représentants des syndicats et des patrons.

Il est vrai qu’en mars déjà la situation de l’emploi pouvait faire peur. Après seulement deux semaines de confinement, le nombre de chômeurs de catégorie A (sans aucune activité) avait augmenté de 246.100 (+7,1%). C’était la hausse la plus élevée depuis 1996, date de création de l’indicateur. Les travailleurs précaires et les contrats courts étaient les premiers frappés.

Conforama, La Halle, Alinéa, Chaussures André, Naf-Naf, Daher, Engie, Derichbourg aéronautique, Altice, SAD, Soprocom… une première vague de suppressions d’emplois a déferlé. Non seulement sur les secteurs directement frappés par le confinement, le transport et la restauration, mais aussi sur nombre d’entreprises de toutes tailles touchées par le ralentissement économique généralisé et la chute de la consommation.

Le patronat français et les Échos sont aujourd’hui complètement rassurés : alors que quatre usines de Renault, à Choisy, Dieppe, Flins, et la Fonderie de Bretagne à Caudan (56) sont menacées de fermeture, Bruno Le Maire a annoncé, ce lundi 25 mai, que « le gouvernement ne s’opposera pas à cette décision ». Le ministre de Bercy veut que Renault soit compétitif et attractif. Il livre sa recette : baisser les impôts sur les entreprises, alléger les « charges sociales », augmenter le temps de travail et … valider les licenciements. Ce qu’il nous dit, il nous le dit en tant que ministre qui a sauvé Renault du Covid 19 par un prêt garanti de 5 milliards d’euros.

Nous voici prévenus. Le tsunami des fermetures de boîtes et de plans de licenciements que certains prévoyaient pour septembre va frapper dès le mois de juin. Avec le désengagement de l’État et de l’Unedic dans l’indemnisation du chômage partiel, qui passe de 70% à 60% du salaire brut, l’impact sur les suppressions d’emplois ne rencontrera d’autre obstacle que celui que les salariés seront capables de lui opposer. Dès l’annonce de la fermeture de la Fonderie de Bretagne, plus de 300 salariés sur les 400 du site se rassemblaient pour refuser la fermeture de leur usine. Ils décidaient d’occuper 24 h/24 l’esplanade devant l’usine jusqu’à la réunion de leur CSE qui a été reportée au 27 mai, leur direction étant dans l’attente des annonces de Macron sur le secteur de l’automobile.

Macron et ses ministres sont pour « le redémarrage rapide », « le retour à l’activité » des Français, mais pas tous. La priorité est pour eux de rétablir le taux de profit. La condition qu’exige le gouvernement d’Air France-KLM pour une aide de 9 milliards d’euros, ce n’est pas le maintien des emplois mais un effort pour être plus rentable.

Macron et ses ministres sont pour que « Renault adapte son outil de production », pour que les sites jugés non rentables soient fermés ; depuis la loi El Khomri les licenciements économiques sont d’une souplesse qui se combinera bien avec les aides de l’État.

Macron et ses ministres ont profité de l’état d’urgence pour rallonger la durée maximale du temps de travail de 48 à 60 heures par semaine. Avec les ordonnances Pénicaud, les Accords de Performance Collective (APC) signés à la majorité des syndicats d’une boîte, offrent aux patrons la possibilité de raboter les RTT, d’augmenter la durée du travail, ou de faire travailler des jours fériés.

La réponse politique de ceux qui refusent l’explosion du chômage c’est, à l’inverse, la réduction du temps de travail. Que le travail soit réparti entre tous et que soit ainsi fixée la durée de la semaine de travail sans perte de salaire, voilà l’engagement mutuel de solidarité que les syndicats doivent organiser.

La réponse politique de ceux qui refusent de vivre des miettes d’une société en décomposition, c’est le maintien de tous les emplois et l’abrogation des ordonnances portant atteinte au droit du travail.

Bien sûr cela ne se fera pas en visio-conférence avec Pénicaud.

La première condition, c’est que l’unité impose des rassemblements, des manifs, ouvertement, devant les boites comme devant les lieux de pouvoir, des préfectures à l’Élysée, sans oublier les ministères (Le Maire, Pénicaud) avec la distanciation physique et les mesures de protection prévues et organisées. Il est temps d’exiger la suspension de l’interdiction stupide et arbitraire des rassemblements. Comme le montre l’occupation de l’esplanade par les salariés de la Fonderie de Bretagne, il est temps de déconfiner nos mobilisations, de reconquérir nos libertés démocratiques !

La seconde condition pour que nos syndicats, particulièrement la CGT, la CGT-FO, la FSU et Solidaires, fassent respecter le droit au travail, c’est qu’ils rompent avec Macron et ses ministres. Si nous ne voulons pas du chômage de masse qu’il nous promet et qu’il organise, ce gouvernement doit être chassé.

26-05-2020.

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