Un « Gilet jaune » convoqué en justice devant le tribunal correctionnel de Digne-les-Bains
Alors pourquoi le 2 février 2019, au plus fort du mouvement social des « Gilets jaunes », alors que l’ambiance est tendue entre les manifestants et les CRS sur place, la voiture de Thierry rejoint l’autoroute A51 à Manosque et ralentit au niveau des gendarmes, chargés de sécuriser la circulation ?
« Pourquoi avoir insulté les gendarmes ?« , questionne justement lors du procès, Pauline Loine, substitut du Procureur de la République. « Quelles que soient vos opinions, en démocratie il est inacceptable de se comporter ainsi et de manquer de respect pour l’uniforme« , insiste la jeune magistrate.
Thierry baisse la tête, visiblement gêné, et continue à nier toute participation à l’outrage des gendarmes. La présidente du tribunal, Géraldine Frizzy, détaille une procédure où les indices accablent visiblement le prévenu. « Il s’agissait bien de votre véhicule et vous veniez de quitter la manifestation des Gilets jaunes ?« , souligne-t-elle. La magistrate énumère le chapelet d’insultes et de gestes subi par les militaires.
« J’étais seul et je n’ai insulté personne »
À la barre, les gendarmes confirment reconnaître Thierry : « Nous faisions du filtrage et il a ouvert sa vitre en agitant un gilet jaune et en nous insultant« , témoigne le plus gradé des gendarmes. Un autre gendarme se retourne et s’adresse au prévenu : « Nous ne sommes pas là pour vous prendre de l’argent, nous voulons que ce monsieur comprenne que l’on ne peut pas tout faire et tout dire. J’ai 30 ans de boutique et malheureusement nous avons l’habitude de tels comportements ».
L’ancien exploitant forestier reste de marbre et maintient sa version des faits : « Il s’agit bien de ma voiture, mais j’étais seul et je n’ai insulté personne« , martèle-t-il. Pour la défense, l’avocat marseillais, Me Didier Barault tente de discréditer les témoignages des gendarmes qui se sont constitués parties civiles. « À cette heure-là, il faisait nuit ? » ou encore « alors pourquoi ne l’avez-vous pas interpellé ?« , « les déclarations des gendarmes sont incohérentes« , insiste par exemple l’avocat qui espérait sans doute la relaxe pour son client.
Après délibérations et de longues heures d’attente, Thierry a été reconnu coupable des faits reprochés, « outrage a une personne dépositaire de l’autorité publique », et condamné à suivre un stage de citoyenneté mais aussi à payer une amende, ainsi qu’à dédommager chaque gendarme à hauteur de 150 euros.
Dans une ambiance calme, le retraité a quitté le palais de justice de Digne-les-Bains accompagné de son comité de soutien qui attendait patiemment à l’extérieur du bâtiment, mesures sanitaires oblige.
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