Le Ministre de la santé a promis de s’attaquer à la bureaucratie qui mine l’hôpital public, en redonnant du pouvoir d’initiative aux soignants. C’est déjà le cas à Valenciennes où, depuis 10 ans, ce sont les médecins, et non l’administration, qui gèrent les budgets. Reportage.
Publié le 24/07/2020
C’est un hôpital qui fait figure de modèle, avec une organisation unique en France. Depuis 10 ans à Valenciennes, ce sont les médecins qui sont aux commandes du centre hospitalier et de ses 70 services.
Chef du pôle Urgences, réanimation et anesthésie, Nabil El Beki dispose d’un budget de 70 millions d’euros, à investir comme il le souhaite sans l’aval de la direction.
Ce matin-là, un respirateur est en panne. Il convoque une réunion avec d’autres médecins, et leur annonce qu’un nouvel équipement représenterait un investissement de 58 000 euros. Ses confrères donnent leur aval.
« On a une capacité à faire des achats jusqu’à 75 000 euros de plafond sans demander à l’administration”, explique Fabrice Granet, anesthésiste réanimateur : “On peut avoir très vite ce dont nous avons besoin.” Alors médecins ou managers ? “En fait on est les deux”, conclut le praticien.
Une gestion moins bureaucratique au plus près des besoins
Même les recrutements des médecins et des infirmiers sont gérés par les soignants eux-mêmes, sans aucune intervention des ressources humaines.
“C’est notre responsabilité mais c’est des responsabilités auxquelles on tient puisque cela nous garantit une qualité et une sécurité de prise en charge de nos patients. Ça nous permet parfois aussi d’avoir de meilleures ambiances au sein des équipes« , commente Nabil El Beki.
Cela fait 10 ans que la gestion de l’hôpital est presque entièrement confiée aux soignants. Résultat : le personnel administratif ne représente plus que 5 % des salariés, contre 30 % en moyenne dans les hôpitaux français.
Selon le directeur de l’hôpital de Valenciennes, Rodolphe Bourret, les dépenses n’ont jamais été aussi bien maîtrisées : “On dégage, via cette organisation, un excédent chaque année de plusieurs millions d’euros chaque année, et cet excédent, on le réinjecte dans nos plateaux techniques, dans nos équipements. »
Le modèle de l’hôpital public de demain ?
Est-ce alors un modèle pour les hôpitaux publics de demain ? Dans ses conclusions au Ségur de la santé rendues mardi 21 juillet, le Ministre Olivier Véran a promis de s’attaquer à la bureaucratie, en redonnant du pouvoir d’initiative aux soignants ainsi qu’aux acteurs locaux.
Des négociations doivent s’ouvrir dans les prochains mois, établissement par établissement. Les médecins de Valenciennes espèrent en tout cas en inspirer bien d’autres.
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