Covid-19 : Paris et Marseille passent en zone rouge

PANDÉMIE
Par Nathalie Raulin — 
A Marseille, le 27 juillet. Photo Clément Mahoudeau. AFP

Selon Santé publique France, dans la capitale comme dans les Bouches-du-Rhône, le nombre de cas de contamination rapportés à la population frise les 50 pour 100 000 habitants.

De «préoccupante», comme l’a qualifiée mardi le Premier ministre Jean Castex, la situation épidémiologique en métropole menace de reprendre une tournure cauchemardesque pour bon nombre de citadins. Car s’il reste actif un peu partout sur le territoire, le nouveau coronavirus prospère désormais d’abord et surtout dans les grandes agglomérations, selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France, publié jeudi soir. Avec une prédilection très nette pour deux des principaux centres économiques et résidentiels de l’Hexagone, à savoir Paris, Marseille, et leur couronne respective. La sanction est vite tombée. Vendredi, un décret paru au Journal officiel a placé Paris et les Bouches-du-Rhône en «zone active de circulation du virus».

Pour les Parisiens et les Marseillais, c’est la porte ouverte à pas mal de restrictions : «Les préfets pourront être amenés si la situation épidémique l’exige à prendre de nouvelles mesures comme des modulations d’ouverture de certains lieux», avait dès mercredi soir prévenu le ministre de la Santé, Olivier Véran. Au menu des potentiels changements : la possible fermeture des restaurants, des bars, des salles de spectacles, des marchés ; celle de limiter le nombre de personnes lors des rassemblements, y compris religieux ; mais aussi d’interdire les déplacements des citoyens à plus de 100 kilomètres de leur domicile. Une sorte de retour peu réjouissant vers le futur.

Un quart des clusters dans les entreprises

C’est que, perceptible depuis mi-juin, le regain des contaminations se confirme sur le territoire national : entre le 3 et le 9 août, 10 915 nouveaux cas ont été identifiés, soit une hausse de 43% au regard de la semaine précédente, que la montée en puissance des capacités de dépistage ne suffit pas à expliquer totalement. Mais pour le gouvernement, il y a plus problématique encore. S’il se répand un peu partout (33 départements sont désormais placés en vigilance modérée contre 21 la semaine précédente), le virus sévit tout particulièrement en Ile-de-France et dans les Bouches-du-Rhône.

Dans ces deux régions, le taux d’incidence, à savoir le nombre d’infectés repérés par rapport à la population, approche cette semaine le seuil d’alerte, soit 50 cas pour 100 000 habitants : 47 cas pour 100 000 habitants dans les Bouches-du-Rhône ; 46,2 cas pour 100 000 habitants à Paris, si l’on ne tient pas compte des voyageurs testés positifs aux aéroports de Roissy et d’Orly. Témoin d’une propagation large du virus, le taux d’incidence grimpe dans presque tous les départements d’Ile-de-France : il est de 34 en Seine-Saint-Denis, de 33 dans les Hauts-de-Seine et dans le Val-de-Marne, de 28 dans les Yvelines, l’Essonne et le Val-d’Oise…

Selon la Direction générale de la santé, au 13 août, «69 clusters sont actifs en Ile-de-France dont 21 à Paris. 25% de ces clusters proviennent de milieux professionnels (privé/public)». Notamment touchés : la Fnac des Ternes où six salariés ont été dépistés positifs, les Galeries Lafayette à Paris ou la grande bibliothèque de Marseille.

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A Paris comme à Marseille pourtant, telle dégradation du risque épidémique pourrait être quelque peu exagérée par rapport à la réalité immédiate. De fait, les personnes testées positives sont comptabilisées en fonction de leur lieu de résidence et non pas à l’endroit où elles effectuent leur test. En clair, les Parisiens ou les Marseillais, contaminés sur leurs lieux de vacances parfois à plusieurs centaines de kilomètres, contribuent à dégrader l’indicateur de leur ville.

Les réanimations pas débordées

Autre paradoxe du moment : la situation sanitaire demeure sous contrôle. Le nombre des hospitalisations augmente certes pour la troisième semaine consécutive en France (782 nouveaux patients). Néanmoins, le profil des malades a changé depuis la première vague. Selon Santé Publique France, les moins de 40 ans représentent 18% des admis contre 8% sur la période mai-juin. Plus jeunes, ces patients déclarent des formes de Covid-19 moins graves et se remettent plus rapidement.

Stable d’une semaine sur l’autre, le nombre de patients en réanimation (389 au 11 août) est très loin de saturer les capacités hospitalières. Et à mille lieues du cataclysme d’avril (plus de 7 000 patients intubés en même temps). Pour les hospitaliers comme pour les autorités, il suffit du souvenir. Contre le Covid, le principe de précaution s’impose.

Nathalie Raulin

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