Hamad Hassan, ministre de la Santé du gouvernement intérimaire libanais, a annoncé ce lundi 17 août un reconfinement total du pays pour deux semaines. Une mesure qui interpelle, alors que le nombre de cas est comparable à d’autres pays et qu’un mouvement social d’ampleur secoue le régime.
Julian Vadis
lundi 17 août
Crédits photo : Ibrahim CHALHOUB – AFP
« Nous déclarons aujourd’hui l’état d’urgence médicale et nous devons prendre le courage de fermer le pays pendant deux semaines ». C’est par ces mots qu’Hamad Hassan, ministre de la Santé du gouvernement intérimaire libanais, a annoncé un reconfinement total du pays ce lundi 17 août.
Alors que le dernier bilan à échelle mondiale indique un total de plus de 21,5 millions de contaminations et plus de 770 000 décès selon le dernier bilan disponible datant de ce 16 août, le Liban connaît, comme la grande majorité des pays, une forte hausse des cas ces derniers jours. Ainsi, le bilan de ce dimanche indiquait 439 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures dans le pays, un record.
En soi, les chiffres avancés de nouveaux cas de contamination sont cohérents avec la dynamique observée à l’internationale. A titre de comparaison, un pays comme la Libye, qui se situe dans la même région du globe et qui est proche démographiquement du Liban, a enregistré ce 16 août 411 nouveaux cas de Covid-19. Mais ce sont surtout les mesures drastiques mises en œuvre par le gouvernement intérimaire libanais qui interpellent.
En effet, si partout dans le monde les mesures sanitaires se sont durcies, de l’obligation du port du masque à des mises en quarantaine jusqu’au reconfinement ciblé, comme au Maroc par exemple, le Liban est aujourd’hui le seul pays a user de la carte d’un reconfinement massif. Une mesure qui interpelle, à l’heure où le régime est secoué par un puissant mouvement social qui a conduit à la démission du gouvernement le 10 août dernier.
À ce titre, l’hypothèse d’une instrumentalisation de la crise sanitaire pour éteindre la contestation sociale apparaît comme plausible. D’autant plus qu’une série de mesures autoritaires et répressives, visant entre autres à interdire les manifestations, ont été déjà mises en œuvre le 13 août dernier.
S’il est aujourd’hui impossible de valider avec certitude cette hypothèse, il est clair qu’il est aujourd’hui indispensable d’afficher une solidarité complète avec la lutte du peuple libanais. D’autant plus qu’au delà des revendications actuelles, la mobilisation ouvre une voie alternative et progressiste à une autre gestion de la crise sanitaire, sous le contrôle des travailleurs et des classes populaires. Pour cela, il est non seulement indispensable que la mobilisation actuelle se poursuive, mais également qu’elle se développe et se dote d’organes d’auto-organisation en toute indépendance de l’État, de secteurs des classes dominantes qui affichent un visage prétendument « progressiste » et bien sûr des puissances impérialistes occidentales, en premier lieu de la France, qui entend préserver ses propres intérêts au Liban.
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