En Marche, la baston à huis clos

LR: L’affligeante incompétence macronienne est insupportable même chez ses affidéEs, même chez la toupie Aurore Berger, un comble ! Macron ne peut plus contenter touTEs les arrivistes qui peuplent son « parti ». 

Par Alain Auffray — 
Christophe Castaner et Stanislas Guerini à l’Université d’été de La République en marche ! Amiens, le 12 septembre. Photo Albert Facelly pour Libération

A l’occasion de la présentation d’un projet de réorganisation, la direction du mouvement macroniste s’est offert lundi soir une séance de règlements de compte digne des grandes heures des partis traditionnels.

Ils se sont invectivés, menacés, déchirés. Comme surent le faire jadis les partis du vieux monde, PS ou UMP, aux plus belles heures de leurs éternelles guéguerres intestines. Les marcheurs jadis bienveillants se sont volés dans les plumes lundi soir, à l’occasion de la réunion de leur bureau exécutif, l’instance dirigeante de LREM.

A l’ordre du jour, le patron du parti Stanislas Guerini avait inscrit un modeste projet de réorganisation du parti ainsi que le report après les régionales de mars de 2021 du renouvellement du Bureau exécutif (Burex), instance dirigeante du mouvement. Plusieurs personnalités ont été appelées, ou rappelées, à la tête de LREM. Parmi eux, plusieurs fidèles de Macron comme le secrétaire d’Etat Clément Beaune, secondé par Sibeth Ndiaye, qui reprend le pôle «idées», le député Roland Lescure chargé de la communication, l’eurodéputé Stéphane Séjourné chargé des relations «avec les acteurs de la société» et Brune Poirson des relations «avec les acteurs internationaux». Surtout, Guérini a fait approuver la nomination de deux délégués généraux adjoints, la juppéiste Marie Guévenoux et le cofondateur d’En Marche Jean-Marc Borello.

Ce binôme très «en même temps» remplace l’ancien numéro 2 du parti Pierre Person qui, le matin même, avait dit dans un entretien au Monde tout le mal qu’il pensait de ce projet. Il fallait, selon lui, une vraie révolution, «un électrochoc», afin que ce parti puisse enfin assumer de vrais débats politiques au lieu de se contenter de «copier-coller» le message du gouvernement. Pas question pour lui de laisser repousser de six mois l’élection d’un nouveau bureau exécutif. Person invitait «tous ceux qui veulent bâtir les succès de demain à quitter, eux aussi, leurs fonctions à la tête du parti».

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La grande majorité des membres de la direction étant composée de macronistes loyalistes, le frondeur ne se faisait pas d’illusion sur le dénouement. Son appel au coup d’Etat n’a pas été entendu. Après près de trois heures de débats, le bureau exécutif a approuvé à la quasi-unanimité les propositions de Guérini : 19 ont voté pour, 4 se sont abstenus et un seul a voté contre, Person. Mais ce dernier a tout de même obtenu ce qu’il souhaitait : l’expression vigoureuse d’une forte contestation de la ligne officielle. Outre les membres statutaires du bureau, plusieurs dizaines de cadres et élus LREM participaient lundi soir à la réunion. Etaient également présents une dizaine de ministres dont Gabriel Attal (Porte-parole), Marlène Schiappa (Citoyenneté) et Jean-Michel Blanquer (Education).

«Même Wauquiez avait mieux assumé la défaite»

Sans surprise, le député Sacha Houlié, ancien des jeunesses socialiste et pilier, comme Person, de la «bande de Poitiers» a pris fait et cause pour son camarade et annoncé qu’il démissionnait, lui aussi, de ses responsabilités au sein de LREM. Au passage il a publiquement défié le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique Cédric O qui avait qualifié «d’anecdotique» la fronde anti-Guérini. En se déchargeant de responsabilités qu’il avait depuis longtemps cessé d’exercer, Person procédait à «une clarification bienvenue» s’était moqué Cédric O lundi matin sur France Inter. Sacha Houlié s’est offert lundi soir une petite riposte : «J’espère que tu seras plus convaincant ici que pour la 5G» a-t-il lancé, perfide, au timide ministre qui bataille ces jours-ci contre le moratoire exigé par les écolos. Plusieurs autres élus LREM, Cécile Gallien, Jean-Baptiste Moreau, Pieyre-Alexandre Anglade, Anne-Laurence Petel ou Caroline Abadie ont également critiqué le fonctionnement du parti. Sous couvert d’anonymat, certains se montrent très durs, accusant Guérini de ne pas assumer ses responsabilités dans les récentes débâcles électorales, aux municipales puis aux législatives partielles. «Même Wauquiez avait mieux assumé la défaite après les européennes» ose même un parlementaire, très remonté.

A peine moins virulente, la députée des Yvelines Aurore Bergé a mis en garde le patron du parti: «Si tu maintiens ton choix d’organisation, le calendrier reporté des élections internes, alors je ne resterai pas» a déclaré cette ancienne de l’UMP et de LR. Très éloignée des positions des jeunes trentenaires issus du PS, notamment sur la laïcité, elle les rejoint cependant dans la critique du mouvement : «Le malaise est profond. Nous ne savons plus qui nous sommes et ce que nous portons. […] La réponse ne peut pas être de prendre les mêmes et de recommencer». Evoquant les élections départementales à venir, elle s’est indignée que LREM puisse envisager de soutenir dans son département, le président LR sortant, Pierre Bédier : «il a été condamné pour corruption, je me demande où sont nos valeurs. On devrait même en faire un combat».

Au début du mois, Aurore Bergé avait défié Christophe Castaner, candidat de l’Elysée pour la présidence du groupe parlementaire LREM. Battue de justesse, elle avait fait campagne pour une autonomie accrue des députés par rapport au gouvernement. Le bureau exécutif de lundi aura été, pour elle et ses alliés, la deuxième manche de ce combat.

Alain Auffray

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