La prolongation du chômage partiel à 100% est une bonne nouvelle pour Florent Guéguen, directeur de la (FAS) mais il fait remarquer que l’intérim, les CDD et le travail à temps partiel ne sont pas couverts.
Le Secours populaire a enregistré une explosion des demandes d’aide alimentaire pendant le confinement. Mais face à cette hausse de la précarité, les associations de lutte contre la pauvreté « se sentent un peu seules », constate sur franceinfo Florent Guéguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Selon lui, « une vague de pauvreté s’abat sur le pays » et la situation s’est aggravée depuis le confinement. Malgré cela, « la réaction des pouvoirs publics est très faible », juge-t-il. Elle s’apparente même, selon Florent Guéguen, à « un déni de réalité ».
Le directeur général de la FAS salue tout de même le maintien du chômage partiel à 100% pour tous les secteurs protégés. Toutefois, « les contrats d’intérim, les CDD, le travail à temps partiel, tout cela n’est pas couvert par le chômage partiel », tempère-t-il. Afin de lutter contre cette crise économique, Florent Guéguen réclame notamment la revalorisation des minima sociaux en France.
franceinfo : On se souvient des files d’attente parfois impressionnantes au printemps dernier, devant des centres de distribution d’aide alimentaire. Est-ce une tendance qui se confirme en cette rentrée ?
Nous sommes très inquiets de l’évolution de la situation sociale parce qu’on voit qu’une vague de pauvreté s’abat sur le pays. Il y a évidemment l’explosion de la demande d’aide alimentaire avec globalement des associations qui constatent une augmentation de 30 à 40% du nombre de personnes. Ce sont souvent des familles d’ailleurs, qui viennent solliciter des repas. Et les associations de lutte contre l’exclusion se sentent un peu seules pour répondre à ces situations d’urgence.
Cette vague de pauvreté s’est aggravée depuis le confinement.à franceinfo
Et pour autant, nous avons un plan de relance qui n’aborde pas ces sujets et qui ne prévoit pas d’engagement budgétaire spécifique pour les personnes pauvres. Le projet de loi de finances qui a été présenté mardi fait lui aussi l’impasse sur cette vague de pauvreté. Il y a donc à la fois une inquiétude et une forme de colère face à ce qui semble être une sorte de déni de réalité. La réaction des pouvoirs publics est très faible.
Est-ce que le maintien du chômage partiel dans de nombreux secteurs ne pourra pas limiter la casse ?
Il est clair que le maintien du chômage partiel est une mesure très importante et c’est un effort gouvernemental qu’il faut saluer. Le problème, c’est que le chômage partiel ne protège pas tous les gens qui ont une activité. Les contrats d’intérim, les CDD, le travail à temps partiel, tout cela n’est pas couvert par le chômage partiel. Beaucoup de jeunes sont concernés. Et les personnes qui ont perdu leur contrat de travail, ont aussi perdu les ressources. Ces personnes basculent vers le RSA – 550 euros par mois pour une personne seule. Parfois, elles ne basculent vers aucune prestation de solidarité puisque s’agissant des jeunes, entre 18 et 25 ans, ils n’ont pas le droit au RSA en France. Donc, le chômage partiel est un dispositif de protection très important et indispensable, mais on voit qu’il ne protège pas tout le monde.
Est-ce que l’on peut noter également, avec cette crise, un renforcement des inégalités ?
C’est très net. La crise sanitaire et sociale a mis à nu les inégalités sociales grandissantes en France, avec les plus pauvres qui se paupérisent encore davantage. On attend toujours une réaction gouvernementale pour corriger ces inégalités parce qu’on ne peut pas seulement se limiter au constat. Les signaux sociaux sont assez clairs et il faut des mesures. Nous demandons depuis plusieurs mois la revalorisation des minimas sociaux et notamment du RSA, qui est le principal minima social en France.
On demande également l’ouverture du RSA aux jeunes, puisqu’on voit que parmi les populations les plus touchées, les 18 25 ans sont majoritaires.à franceinfo
Et puis, nous demandons aussi une politique fiscale qui permette de corriger ces inégalités, sachant que pour l’instant, les mesures fiscales qui ont été engagées depuis 2017 ont favorisé le haut du panier, au détriment des 10% les moins aisés.
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