Hydroxychloroquine : la lettre au vitriol de Renaud Muselier à Olivier Véran

Le président LR de la région Sud Paca s’insurge contre la décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament qui a retiré l’autorisation d’utiliser l’hydroxychloroquine à l’institut du professeur Raoult.

Renaud Muselier. ALAIN JOCARD / AFP

Coup de tonnerre à Marseille. Vendredi, Renaud Muselier a découvert avec colère la décision de l’Agence nationale du médicament privant l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de l’autorisation lui permettant d’utiliser l’hydroxychloroquine. Dans un courrier au vitriol adressé au ministre de la Santé Olivier Véran, dont Le Figaro révèle le contenu, le président LR de la région Sud Paca a immédiatement dénoncé l’initiative.

« Cette décision est révoltante à plus d’un titre. À partir de lundi, les équipes de cet institut exceptionnel ne pourront plus soigner les patients selon le protocole appliqué depuis mars 2020. Est-ce à dire que vous choisissez de priver des médecins de faire leur devoir, de soigner leurs patients ?», interroge Muselier, en rappelant au ministre que les médecins de l’IHU «ont prêté le serment d’Hippocrate comme les autres» et «ont fait plus de 10 ans d’études comme les autres».

L’élu régional n’oublie pas de mentionner que les professionnels de l’IHU sont placés sous la responsabilité d’un chercheur reconnu: «Ils ont été formés dans l’un des meilleurs centres hospitaliers universitaires d’Europe sous la houlette d’un des plus grands micro-biologistes du monde, le Professeur Didier Raoult», insiste-t-il, en rappelant au médecin Olivier Véran certains passages du serment d’Hippocrate tels que : « Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments… ». «Incontestablement, accuse encore Muselier, les dirigeants de l’ANSM l’ont oublié et il est aujourd’hui de votre devoir de leur rappeler».

Dans sa missive, le président de la collectivité régionale marseillaise souligne également l’histoire de l’IHU et quelques éléments chiffrés des actions locales de cette structure contre le Covid 19. « Depuis le début de la crise, 8990 patients ont été suivis à l’IHU, dont 5.807 ont été traités avec le protocole Hydroxychloroquine/Azythromicine, pour 30 patients décédés. 155.000 personnes ont été testées depuis le début de la crise, ce qui fait de Marseille l’un des plus grands sites de dépistage d’Europe, pour la première vague », poursuit Muselier dans sa lettre, avant de formuler une «question grave»: «Allez-vous laisser cette agence décider des soins prodigués dès lundi par des praticiens hospitaliers, des professeurs de médecine dépendant de la Faculté de médecine de Marseille, nommés par le Ministère, et ceci en totale contradiction avec les principes fondamentaux de la médecine ?» Le président de la région a confirmé au Figaro son intention de mener ce combat «jusqu’au bout» et n’a pas écarté l’hypothèse d’une réaction énergique au sein même de l’IHU, dès lundi si les choses devaient rester en l’état.

Selon l’IHU, une recommandation temporaire d’usage (RTU) a été déposée récemment pour formaliser les prescriptions mais c’est bien cette demande qui vient d’être refusée par l’Agence du médicament. «Cela nous pose problème en termes d’approvisionnement», prévient-on à l’IHU où l’on n’écarte pas un risque de rupture de stock. « Ce qui nous choque, c’est que pendant que l’ANSM et le ministère de la Santé refusent une RTU, elles organisent parallèlement la distribution gratuite du Remdesivir dont la toxicité rénale est bien connue et l’efficacité contestée. On ne comprend pas ce deux poids, deux mesures. Mais on va continuer à se battre pour poursuivre notre mission hospitalière», explique-t-on à l’IHU.


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