Christophe Dettinger touchera-t-il sa cagnotte Leetchi deux ans après ?

Deux ans jour pour jour après la violente agression de gendarmes par l’ancien champion de boxe, pour laquelle il a été condamné, la justice doit dire si Christophe Dettinger touchera les 145000 euros versés par ses « soutiens ».

Par J. C. avec AFP – 07:36 – Temps de lecture : 3 min
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Le 5 janvier 2019, à Paris, le boxeur Christophe Dettinger avait asséné des coups de poing contre les gendarmes. Capture d’écran AFP

145 000 euros accumulés en deux jours

Dotée de plus de 145 000 euros accumulés en seulement deux jours, la cagnotte avait été créée le 6 janvier 2019 en vue « de soutenir » M. Dettinger.

Christophe Dettinger avait été filmé à Paris la veille en train de frapper copieusement deux gendarmes, lors de l’acte 8 des gilets jaunes.

Mais Leetchi, la plateforme de financement participatif sur laquelle la confortable cagnotte avait été créée, avait décidé de la suspendre.

En cause: les critiques, notamment, de syndicats de policiers et de responsables politiques quant à la destination de la somme: aider un homme a priori responsable de violences sur des agents des forces de l’ordre.

Un trouble à l’ordre public?

En janvier 2020, le tribunal avait ordonné la réouverture des débats, afin de juger si l’objet de cette cagnotte pouvait constituer un trouble à l’ordre public.

18 mois de prison pour les coups aux gendarmes

Un mois après les faits, en février 2019, alors en détention provisoire, Christophe Dettinger avait été condamné à 30 mois de prison, dont 18 mois ferme. Il avait bénéficié d’un régime de semi-liberté, qui lui a permis de continuer à travailler, tout en passant ses nuits derrière les barreaux.

« Monsieur Dettinger se prépare, réajuste ses gants. Il frappe, vise la tête. Il est dans la toute-puissance. Ces scènes sont d’une violence inouïe et doivent être sanctionnées », avait déclaré le représentant du ministère public lors de son procès.

Christophe Dettinger est un ancien champion de France de boxe (2007 et 2008) en lourds-légers. Il était jugé pour « violences volontaires en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Il avait plusieurs fois dit regretter son geste, et invoqué sa « colère » pour le justifier.

Ce père de trois enfants au casier judiciaire vierge avait auparavant mis en ligne sur YouTube une vidéo dans laquelle il admettait avoir « mal réagi », tout en affirmant s’être « défendu » face aux violences policières et en appelant les gilets jaunes à poursuivre la mobilisation. Il s’était constitué prisonnier le 7 janvier.

Deux cagnottes en ligne concurrentes – l’une en faveur de M. Dettinger, l’autre au profit des policiers – avaient alors été lancées dans la controverse.

Dans l’affaire de la cagnotte, au civil, les avocates du gilet jaune avaient demandé que leur client récupère les 145 000 euros donnés par ses soutiens.

Elles avaient aussi réclamé deux millions d’euros de dommages et intérêts pour compenser la suspension de la cagnotte, qui aurait dû, selon elles, rester ouverte 45 jours.

Cette cagnotte a été « un succès totalement inespéré », a fait valoir Me Laurence Léger, avocate de la première heure de Dettinger.

« C’est devenu une affaire politique »

« Cette affaire n’est pas un problème de droit, mais d’image pour cette société. C’est devenu une affaire politique », avait-elle plaidé. Pendant ce temps, Christophe Dettinger, crâne rasé, pull noir près du corps, écoutait attentivement les débats, au premier rang du public.

Pour les avocats de la société Leetchi, le montant de la cagnotte s’élève à 127 000 euros: à cause d’un bug informatique, des donateurs auraient payé deux fois. De plus, parmi les soutiens, certains auraient demandé à être remboursés.

« Il y a deux contraintes à l’ouverture d’une cagnotte : l’objet doit être déterminé et le bénéficiaire identifié », a plaidé Martine Samuelian, qui défend Leetchi. Deux points qui opposent les parties.

« Le montant récolté était largement suffisant »

Pour Me Samuelian, il y avait un seul bénéficiaire – Christophe Dettinger – et un objet déterminé – payer ses frais d’avocats.

Or, selon elle, « Leetchi a clôturé la cagnotte car le montant récolté était largement suffisant pour respecter l’objet déclaré par les organisateurs », a-t-elle affirmé.

Un point que conteste Me Léger: selon elle, la cagnotte était également destinée à l’épouse de l’ex-boxeur et visait plus largement à soutenir la famille Dettinger dans ses difficultés financières.

« Ils nous doivent cet argent », a déclaré l’ex-boxeur, qui travaille pour une mairie dans l’Essonne.

Le tribunal rendra sa réponse ce mercredi.


Un homme boxe un gendarme, l’incroyable séquence de l’acte 8 à Paris

4 335 483 vues
5 janv. 2019
Le Parisien
Lors de l’acte 8 des Gilets jauneacuer la passerelle Léopold-Sédar-Senghor (Paris Ier). Sur une autre séquence ce même homme s’en prend à un autre gendarme tombé à terre. Ces images incroyables sont vites devenues virales sur les réseaux sociaux.

 

 

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