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Les 667 400 décès enregistrés par l’Insee représentent un excédent de mortalité de 9 %, même s’ils ne peuvent pas tous être attribués au Covid-19.
En 2020, la France a connu la plus importante mortalité de son histoire récente, selon les chiffres publiés vendredi 15 janvier par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui pourraient encore être revus à la hausse dans les prochaines semaines. Sur l’ensemble de l’année, près de 667 400 décès ont été enregistrés, soit 9 % de plus qu’en 2018 ou 2019.
Sous réserve de réévaluation ultérieure, l’excédent de mortalité, toutes causes confondues, s’établit à 53 900 morts. Mais il ne peut pas être attribué intégralement à l’épidémie de Covid-19, « une partie de ces décès supplémentaires s’explique par des évolutions structurelles », en raison de l’augmentation de la population française et de son vieillissement, rappelle Valérie Roux, chef du département démographie à l’Insee. Mais ce niveau est très élevé, inédit par rapport aux années précédentes. Le nombre de morts enregistrés en 2019 – 613 456 décès – avait été atteint dès le 5 décembre 2020.
Surmortalité importante au printemps et à l’automne
Dans le détail, la surmortalité est notoire lors de chacun des deux pics de l’épidémie de Covid-19, au printemps et à l’automne. « En nombre de décès, les mois de mars et d’avril 2020 sont bien supérieurs aux années précédentes », détaille au Monde Sylvie Le Minez, chef des études démographiques à l’Insee, tandis que pour la seconde vague épidémique « septembre est légèrement au-dessus, octobre encore plus, et c’est très net pour novembre, par rapport aux cinq dernières années ou à l’année 2019 ».
Alors que la France enregistre en moyenne entre 1 400 et 1 900 décès quotidiens, on a dépassé 2 000 morts presque tous les jours entre le 16 mars et le 19 avril, et très fréquemment du 21 octobre au 16 décembre 2020. L’écart le plus important a été enregistré le 1er avril, avec 2 811 morts, contre 1 684 le même jour, en moyenne, sur les cinq précédentes années. Depuis le second pic de mortalité, survenu le 7 novembre, le nombre de morts baisse très lentement.
Une hausse de 18 % en Ile-de-France, et 24 % à Mayotte
« L’excédent provient à la fois de décès [supplémentaires] liés au Covid-19, directement ou indirectement, mais il y a aussi eu des décès en moins, engendrés par l’effet protecteur du confinement », nuance Mme Le Minez. On sait par exemple que la criminalité et les accidents de la route ont connu une chute au printemps. D’un point de vue démographique, cette surmortalité a concerné « uniquement les personnes âgées de 65 ans et plus », avec un bond du nombre de décès de l’ordre de 10 %, alors qu’on constate même une baisse pour les moins de 25 ans (− 6 %). La mortalité a également été plus forte pour les hommes (+ 10 %) que pour les femmes (+ 8 %).
Géographiquement, « quand on fait la résultante sur l’année, on s’aperçoit que toute la façade est du pays a été très touchée », détaille Valérie Roux. Parmi les régions aux plus forts excédents de mortalité, on retrouve l’Ile-de-France (+ 18 %), Auvergne-Rhône-Alpes (+ 14 %) ou le Grand Est (+ 13 %). L’excédent atteint 24 % à Mayotte.
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