» Dehors les troupes françaises du Sahel et d’Afrique! « 

Bonjour à tous,

Cette manifestation d Attac a Toulouse est un message de Paix entre le Peuple Français et les Peuples du continent africain.
Car ce sont les multinationales et leur armée barkhane qui nous séparent et menacent l entente entre nous.
Suite à quelques demandes, voici le texte de la prise de parole d’Attac lors du rassemblement de samedi dernier pour le retrait des troupes françaises du Sahel et d’Afrique (à l’occasion du G5 Sahel) :

Contrairement au discours officiel, soigneusement relayé par les médias, l’armée française n’est pas au Sahel pour protéger les populations civiles, on le voit avec cet abominable crime du village de Bounti.

L’armée n’est là QUE pour protéger les intérêts géostratégiques de la France et les intérêts économiques des grosses sociétés françaises, comme

➢ Total qui pollue impunément le delta du Niger, provoquant un désastre environnemental, empoisonnant les sols qui deviennent impropres à la culture, les nappes phréatiques, les eaux de la plus importante mangrove d’Afrique, les ressources en poisson. Pour les plus de 30 millions d’habitants de cette région, l’espérance de vie n’est plus que de 40 ans !

➢ Areva qui pille le minerai d’uranium du Niger, exploité dans des conditions sanitaires et sociales épouvantables. Le Niger, un des 1ers producteurs mondiaux d’uranium est aussi un des pays les plus pauvres du monde. Si Areva payait le minerai d’uranium au prix normal cela doublerait pratiquement le budget du Niger, combien d’écoles, combien d’hôpitaux, combien d’équipements collectifs pourrait-on construire ?

➢ Citons encore Bolloré, qui déboise massivement pour ses cultures industrielles, tout comme les grosses entreprises de l’agro-business, qui accaparent des centaines de milliers d’hectares de terres arables pour produire les matières premières destinées à l’exportation, ah ! Les biocarburants !, ruinant ainsi la paysannerie locale, détruisant des capacités à l’autosuffisance alimentaire, créant les conditions pour des famines monstrueuses dans les quelques années qui viennent.

Ce qui se passe sous nos yeux, c’est un désastre humain, on le voit avec le calvaire des réfugiés, un désastre écologique et un désastre culturel pour les populations qui le vivent au jour le jour.

Ceci n’est que la poursuite de l’exploitation que ces peuples et ces territoires ont subie pendant la colonisation et son cortège de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Comment expliquer dès lors que les gouvernements concernés ne réagissent pas ? 

Il faut revenir 60 ans en arrière. L’indépendance accordée par De Gaulle aux peuples qui n’ont pu arracher cette indépendance par la lutte armée, n’a été qu’un simple toilettage des structures de la colonisation, donnant le pouvoir à une petite caste corrompue, inféodée.

Mais quel pouvoir ? Simplement celui d’imposer à l’ensemble de la population les desiderata de la France et de ces sociétés. Corruption d’un côté, répression massive de l’autre !

De plus les frontières des états ainsi créés sont la simple transcription du partage de l’Afrique par les puissances coloniales. Ces frontières n’ont aucun lien avec l’histoire et les cultures des populations concernées, pouvant ainsi exacerber des tensions entre populations de cultures différentes. Ces états, comme leurs dirigeants fantoches, étant sous la surveillance de nos barbouzes et de nos militaires : c’est la Françafrique. Toute tentative de construire une réelle indépendance est immédiatement punie de mort, comme Thomas Sankara, mais aussi Outel Bono, Ossendé Afana, Ernest Ouandié, Félix Moumié, et tant d’autres.

Un autre élément essentiel de domination, et dont on ne parle jamais, c’est le franc CFA.

Ces dernières années en Europe on a vu le drame de la Grèce soumise aux diktats de la finance internationale, et les conséquences sociales dramatiques pour la population. Les 14 pays d’Afrique dépendant du franc CFA sont dans la même situation de soumission à la finance internationale. Même avec le récent petit toilettage, c’est Paris qui décide à leur place !

Oui à ATTAC nous sommes résolument internationalistes, nous sommes pour la convergence des luttes, de toutes les luttes, qu’elles soient sociales ou environnementales. Les luttes que nous menons en France, et ces temps-ci les sujets ne manquent pas ! sont indissociables des luttes que mènent nos camarades en Afrique pour en finir avec la colonisation. Notre ennemi est le même et ce n’est que tous ensemble que nous pourrons le mettre à bas et construire ce monde meilleur que nous attendons tous. Nous devons organiser une solidarité militante concrète avec toutes celles et tous ceux qui mènent ces luttes en Afrique. 

Frantz Fanon est plus d’actualité que jamais, lui qui disait, je le cite :.

« Ce travail colossal qui consiste à réintroduire l’homme dans le monde, l’homme total, se fera avec l’aide décisive des masses européennes qui, il faut qu’elles le reconnaissent, se sont souvent ralliées sur les problèmes coloniaux aux positions de nos maîtres communs. Pour cela, il faudrait d’abord que les masses européennes décident de se réveiller, secouent leurs cerveaux et cessent de jouer au jeu irresponsable de la Belle au bois dormant » (Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre).

Solidarité avec toutes celles et ceux qui se battent en Afrique pour enfin mettre à bas la colonisation et construire le monde de demain.

Unis, nous vaincrons et nous construirons ensemble ce monde meilleur !

À bas l’impérialisme !

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Mali : à Bounti, 3 bombes, 19 morts et 2 versions

L’armée française a admis avoir mené un raid aérien à proximité du village, dimanche. Mais elle assure avoir frappé un rassemblement de jihadistes, tandis que des témoins, contactés par «Libération», assurent que ce sont des civils réunis pour un mariage qui ont été touchés.

par Célian Macé

publié le 8 janvier 2021
Les jeunes époux s’appellent Allaye et Aissata. Dimanche, dans le village peul de Bounti, au pied des falaises, on célébrait leur mariage. «Après la prière de la mi-journée», celle du zénith, «les groupes de jeunes et des hommes âgés» sont allés «sous les arbres pour partager viande et thé», raconte un participant. «Il y a une petite forêt juste à côté du village, précise un habitant de Bounti joint par Libération. C’est à quelques centaines de mètres.» Le terrain en question est «le champ du père de la mariée», ajoute un voisin.
Entre 14 h 30 et 15 heures, d’après ces témoins, un déluge de feu s’est abattu sur la noce. «La première bombe a touché 16 personnes sous un premier arbre, tuées sur le coup. La deuxième en a tué deux autres sous un autre arbre, le reste du groupe ayant eu le temps de s’éloigner du lieu après la première frappe. Une troisième explosion a eu lieu, mais sans faire de mort», selon le récit rapporté par Aly Barry, de l’association peule Tabital Pulaaku, qui s’est entretenu avec plusieurs habitants, dont il a traduit les propos. «L’impact au sol est encore visible, il y a aussi des morceaux noirs», assure le villageois contacté par Libération, qui, lui, n’était pas présent au mariage mais s’est rendu sur place le lendemain.

Sous pression

L’organisation Jeunesse Tabital Pulaaku a publié jeudi une liste des victimes, compilée d’après les témoignages des blessés et des rescapés. Elle compte 19 morts. Tous sont des hommes – séparés des femmes pendant les mariages, sur injonction des islamistes qui règnent en maîtres dans la zone. Les corps étaient dans un tel état que «certains ont été reconnus seulement grâce aux bagues en argent ou en ambre qu’ils portaient aux doigts», décrit un témoin arrivé sur les lieux «quarante minutes après les frappes». Des blessés ont pu être évacués au centre de santé de Douentza, à une cinquantaine de kilomètres. «Les patients, pour la plupart des hommes âgés de plus de 60 ans, présentaient des lésions dues à des explosions, des éclats de métal et des blessures par balles», a indiqué Médecins sans frontières dans un communiqué.

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Peu d’acteurs militaires sillonnent le ciel malien : les Français de l’opération Barkhane, les aéronefs de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) – qui affirme ne pas avoir survolé ce secteur dimanche – et la maigre flotte des Forces armées maliennes. Mercredi, l’armée française a confirmé avoir mené une frappe ayant tué «des dizaines de jihadistes» dans le secteur dimanche à 15 heures. Sous pression, l’état-major a finalement livré une série de détails supplémentaires sur ce raid, dans la nuit de jeudi à vendredi. Son communiqué clarifie plusieurs points. Le bombardement de dimanche est bien celui de Bounti. Chose rarissime, l’armée française donne ses coordonnées précises : «La frappe (trois bombes) est localisée en 30 PWB 4436 83140, à plus d’un kilomètre au nord des premières habitations de Bounti. Il s’agit d’un espace ouvert et semi-boisé.» Une description conforme aux propos des villageois. Quant aux «trois bombes» lâchées par «une patrouille de deux Mirage 2000», elles confirment également le récit des rescapés.

Reste à éclaircir les circonstances de l’opération et l’identité des victimes. L’état-major, dans son communiqué, revient sur les observations qui ont précédé le tir : «Dans cette zone, plus d’une heure avant la frappe, un drone Reaper a détecté une moto avec deux individus au nord de la RN16. Le véhicule a rejoint un groupe d’une quarantaine d’hommes adultes dans une zone isolée. L’ensemble des éléments renseignement et temps réel ont alors permis de caractériser et d’identifier formellement ce groupe comme appartenant à un GAT [groupe armé terroriste, ndlr]. L’observation de la zone pendant plus d’une heure et demie a également permis d’exclure la présence de femmes ou d’enfants», explique l’armée française.

Quels éléments ont conduit à cette «identification formelle» ? «Le comportement des individus, des matériels identifiés ainsi que du recoupement des renseignements collectés», dit le communiqué. Sans préciser lesquels. Des armes ont-elles été repérées ? Des mouvements permettant de détecter des combattants ? En milieu peul, il est commun que les hommes s’éloignent du village, un jour de mariage pour «chercher une bonne ombre» ou «être à côté du bétail», commentent des personnes familières de la zone, en particulier dans les familles d’éleveurs. Quels critères, dès lors, ont permis aux soldats français de différencier un groupe de villageois d’un rassemblement jihadiste ?

«Eclipse»

La liste nominative des victimes dressée par Jeunesse Tabital Pulaaku – non vérifiée de source indépendante – donne de premiers éléments de réponse : la majorité des hommes tués ont plus de 40 ans (13 sur 19) et ils sont presque tous des habitants de Bounti (15 sur 19). Parmi eux, beaucoup appartiennent aux mêmes familles. Ces trois informations, si elles venaient à être confirmées, dessinent un profil de groupe plus conforme à la foule d’un mariage qu’à une bande d’islamistes armés. «Aucun élément constitutif d’un rassemblement festif ou d’un mariage n’a été observé», insiste Barkhane. Dans cette région sous emprise jihadiste, les mariages ne sont jamais «festifs», expliquent tous les connaisseurs de la zone, car de telles cérémonies sont strictement prohibées. «Je ne peux pas garantir que les jihadistes ne se trouvent pas dans les environs, mais une chose est sûre, les Peuls du village ne sont pas mêlés à cette histoire de jihad, insiste un autre invité du mariage. Dans le cercle de Douentza, les villages qui ont des contingents dans les rangs jihadistes sont connus de tous. Bounti n’en fait pas partie.»

A Paris, l’état-major, pourtant, semble ne laisser aucune place au doute : «Les éléments disponibles, qu’il s’agisse de l’analyse de la zone avant ou après la frappe, comme de la robustesse du processus de ciblage, permettent d’exclure la possibilité d’un dommage collatéral.» Et précise à Libération que des soldats français se sont rendus à Bounti vendredi : leurs observations «ont en tout point confirmé les analyses» qui ont conduit à la frappe dimanche.

Le ministère malien de la Défense a également donné sa version des événements jeudi : «Un regroupement d’une cinquantaine d’individus a été observé vers 11 heures, indique son communiqué. Aux environ de 13 heures, ces éléments de la katiba Serma [composante de la coalition du Jnim, affiliée à Al-Qaeda], vêtus de la même façon, ont formé trois groupes. Ce regroupement de combattants a été qualifié d’objectifs militaires et l’intervention aérienne sollicitée par le poste de commandement conjoint.» Le nom de cette opération conjointe ? «Eclipse». Les faits de dimanche méritent pourtant la pleine lumière. La diffusion des «images de la mission d’observation et de surveillance» mentionnées dans le communiqué pourrait constituer une première étape.

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