Forte mobilisation pour une « vraie loi climat », à la veille de l’examen au Parlement

L’Assemblée nationale examine à partir de lundi le projet du gouvernement issu de la convention citoyenne pour le climat, fustigé pour son « manque d’ambition ». Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour que le texte soit réécrit.

Le Monde avec AFP

Publié le 28 03 2021

Belle-Ile, Dunkerque, Strasbourg, Saint-Etienne, Nantes, Dijon, Lyon, Nevers, Niort, Tarascon-sur-Ariège, Paris… Quelque 110 000 personnes ont manifesté à travers le pays, dont 55 000 à Paris et 10 000 à Lyon, selon les organisateurs du mouvement. La police, elle, a compté 12 000 personnes à Paris, et 4 000 à Lyon. Selon le ministère de l’intérieur, un total de 44 000 personnes ont manifesté sur le territoire.

Pari gagné pour les partisans d’une « vraie loi climat », qui ont salué une « forte mobilisation » à travers le pays pour réclamer que le projet du gouvernement aille beaucoup plus loin, à la veille de son examen à l’Assemblée. L’appel à manifester a été rejoint par des dizaines d’ONG, syndicats et partis pour dénoncer le « manque d’ambition » du projet de loi Climat et résilience, censé traduire une bonne partie des propositions de la convention citoyenne pour le climat (CCC).

Mais pour les militants écolos, il ne reste pas grand-chose des 149 propositions de la convention une fois passées à la moulinette du gouvernement, accusé d’avoir cédé aux lobbys économiques, loin de la promesse d’Emmanuel Macron aux « citoyens » de transmettre leurs mesures « sans filtre ». De nombreux membres de la convention climat se sont ainsi joints au mouvement.

Au total, quelque 187 rassemblements étaient prévus à travers la France. Objectif : « relancer la dynamique citoyenne », selon Elodie Nace, d’Alternatiba, un des mouvements organisateurs.

« Une course contre la montre »

A Paris, plusieurs milliers de personnes ont commencé à manifester à partir de 14 heures au départ de la place de l’Opéra, en direction de la place de la République. Plusieurs parlementaires étaient présents au début du cortège parisien, dont le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, la présidente de Génération Ecologie, Delphine Batho, l’ex-député LRM Cédric Villani.

Les manifestants rivalisaient de pancartes dénonçant l’attitude du président de la République. « Macron, ta loi en carton, c’est la poubelle jaune » se taillait un franc succès, comme les variations sur « Sans filtre, tu nous enfumes ».

« Il n’y a pas de négociations possibles avec le climat, c’est une course contre la montre », martelait le réalisateur et militant écolo Cyril Dion, promoteur puis « garant » de la CCC, avant de dénoncer la mise en œuvre de ses propositions par l’exécutif, qui « ne permet absolument pas à la France de tenir ses objectifs » en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Une autre figure tutélaire de la CCC, l’économiste Laurence Tubiana, cheville ouvrière de l’accord de Paris sur le climat de 2015 et coprésidente du comité de gouvernance de la convention, défilait à Montpellier. « Les Français demandent plus de la part de leurs députés et de leur gouvernement : une vraie loi climat ambitieuse où le volet social est le pivot de cette transition nécessaire », a-t-elle déclaré.

« On préfère Castor et Pollux à Castex qui pollue »

De premiers rassemblements ont également eu lieu en région, comme à Lyon, où entre 4 000 et 10 000 personnes, selon la police et les organisateurs, ont pris part au cortège, rythmé de slogans et de claquements de mains.

Au rythme des fanfares, entre 1 200 personnes, selon la préfecture, et 2 500 selon les organisateurs ont déambulé sous un soleil éclatant sur une grande avenue du centre-ville de Toulouse.

A Saint-Etienne, près de 400 personnes ont marché derrière une banderole « Urgence climat, il est encore temps d’agir ».

Le projet de loi « pas à la hauteur »

« Y a pas de vaccin contre le réchauffement climatique ! » : plus d’un millier de personnes, de tous âges mais essentiellement des jeunes, ont manifesté dans le centre de Lille. « Les calottes sont cuites ! », « quand c’est fondu, c’est foutu », « les citoyens planchent, Macron tronçonne ! », clamaient notamment les pancartes de ces manifestants. Certains portaient des drapeaux d’associations écologistes, de syndicats étudiants ou de partis politiques de gauche.

Lambert Allaerd, Lillois membre de la CCC, avait pris plus tôt la parole. « Nous avons eu le temps, neuf mois de travail, et les moyens, 5 millions d’euros de budget », mais « aujourd’hui, le projet de loi n’est pas à la hauteur », a-t-il regretté, notant toutefois que la CCC avait « réussi son pari : rassembler un peuple autour de mesures fortes et ambitieuses ».

A Rennes (1 700 personnes selon la police, plus de 2 000 selon les organisateurs), Grégory Dos Santos, un autre des 150, est lui aussi amer : « La loi climat telle qu’elle est aujourd’hui, c’est une coquille vide. Il faut des marches comme ça pour qu’il se passe quelque chose. »

Lire aussi : Que sont devenues les propositions de la convention pour le climat, qu’Emmanuel Macron s’était engagé à reprendre « sans filtre » ?

Mais la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, a de son côté défendu une nouvelle fois le texte dimanche, assurant sur France Inter et LeMonde.fr qu’il resterait comme « une des plus grandes lois du quinquennat ». « Le changement de dimension, on va le voir dans tous les moments de notre vie », a assuré la ministre. « Je continue à me battre pour avoir les mesures les plus ambitieuses possibles », a-t-elle poursuivi, disant « espérer que les parlementaires pourraient encore voter certaines avancées ».

Interrogée sur les manifestations contre son texte, elle a estimé que « les Marches pour le climat, c’est très bien qu’elles existent » . « Je suis heureuse que cette préoccupation soit toujours là. »

Le Monde avec AFP

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