Les gilets jaunes jugés pour le saccage de l’Arc de Triomphe écopent de peines symboliques

Le 1er décembre 2018, l’acte III des gilets jaunes s’était achevé par des scènes de violences à Paris, notamment sur l’avenue des Champs-Élysées.

GILETS JAUNES – Après l’émoi, le retour à “la raison”. Huit personnes ont été condamnées jeudi 25 mars à de la prison avec sursis ou du travail d’intérêt général pour leur rôle, modeste, dans le saccage très médiatisé de l’Arc de Triomphe pendant une manifestation de gilets jaunes en 2018.

Tous ont été reconnus coupables d’être entrés par effraction dans le monument historique, pris d’assaut par des protestataires pendant l’acte 3 de leur mouvement. Les principaux responsables des “scènes apocalyptiques” décrites par le tribunal pendant l’audience n’ont jamais été identifiés.

Plutôt qu’une amende, “symboliquement” et “par rapport à ce qu’il s’est passé”, “le travail d’intérêt général nous paraissait bien”, a dit la présidente Sonia Lumbroso aux prévenus alignés debout face à elle.

Au début de l’audience lundi, elle avait montré les photos et longuement décrit l’Arc de Triomphe couvert de tags ce 1er décembre 2018, l’intérieur “totalement saccagé” et pillé. Les dégâts ont été estimés à 1 million d’euros.

Pendant les trois jours d’audience, avec patience et pédagogie, la présidente – une ancienne juge pour enfants – avait tenté de faire comprendre aux prévenus que l’Arc de Triomphe n’était “pas n’importe quel local”. Un monument “historique”, “symbolique”, “national”. “Partout dans le monde on sait que c’est Paris”, avait-elle dit à ces jeunes pour la plupart sans histoire et originaires de toute la France.

“Pas le bon moment”

Le tribunal a “résisté à la tentation de condamner simplement parce qu’on ne tient pas les vrais responsables”, s’est réjoui Me Sajjad Hasnaoui-Dufrenne, dont le client a été relaxé pour la destruction partielle d’un moulage de “La Marseillaise”. La présence de son ADN n’a pas permis d’établir “autre chose que sa présence” sur les lieux, a dit la présidente.

“Les sanctions sont adaptées aux faits, on n’est plus dans l’excès” mais “dans la raison”, s’est aussi satisfait Me Noémie Saidi-Cottier, dont le client, sans casier judiciaire, avait fait deux mois de détention provisoire pour les coups d’extincteur.

À l’audience, plusieurs prévenus avaient assuré ne pas avoir eu d’autre choix que de se “réfugier” dans l’Arc de Triomphe par “panique” ou “instinct de survie”, alors que c’était “l’hystérie”, “l’anarchie totale” dehors.

Le tribunal n’a pas été convaincu. “Il y avait d’autres moyens d’échapper au gaz lacrymogène”, leur a répondu la présidente Lumbroso.

Certains ont reconnu être entrés et montés en haut du monument “par curiosité”, pour “visiter”. “C’était peut-être pas le bon moment”, avait concédé Tony E., 19 ans à l’époque et originaire d’Orléans.

Le tribunal a relaxé un ancien militaire lié à l’ultra-droite poursuivi pour avoir tagué son surnom “Sanglier” sur un pilier. “Je vous donne ma parole d’ancien légionnaire, ce n’est pas moi”, a-t-il déclaré avant que le tribunal ne se retire pour délibérer. Il avait ensuite déclamé “l’article 1 du code d’honneur du Légionnaire”: “Légionnaire, tu es un volontaire, servant la France avec honneur et fidélité”.

Plusieurs gilets jaunes étaient sur les bancs du public. L’un d’entre eux, Stéphane Espic, s’était même constitué partie civile – elle a été refusée – pour “dénoncer l’énorme mascarade” qu’est selon lui ce procès issu d’une volonté de “discréditer” le mouvement des “gilets jaunes”, et où l’on juge de “pauvres gamins” plutôt que les véritables “casseurs”. Une “mascarade”, a jugé Jérôme Rodrigues, figure du mouvement et éborgné pendant une manifestation, lui aussi présent. “378 gardes à vue” annoncées après le saccage de l’Arc de Triomphe pour arriver à ”ça”, a-t-il moqué.

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