AUTOMOBILE Le constructeur automobile français avait annoncé un grand plan d’économie prévoyant près de 15.000 suppressions de postes dans le monde
Ce n’est pas une énorme surprise. N’empêche, l’annonce a fait très mal aux salariés. Aux élus du coin aussi, qui n’avaient pas hésité à sortir le carnet de chèque il y a quelques années pour supplier Renault de reprendre la Fonderie de Bretagne, site industriel historique de Caudan (Morbihan), que le constructeur automobile français avait déjà détenu par le passé. En 2009, les collectivités avaient versé cinq millions d’euros à Renault pour qu’il reprenne l’usine que Teksid-Fiat gérait depuis une dizaine d’années.
Onze ans après cette reprise, le groupe français a décidé de sacrifier la fonderi dans le cadre de son plan d’économies. Renault a annoncé jeudi au Comité social et économique (CSE) qu’il cherchait un repreneur. Les 350 personnes employées dans l’usine tremblent.
Déjà en difficulté, et plombé par la crise sanitaire, Renault avait annoncé début 2020 un plan d’économies de plus de 2 milliards d’euros sur trois ans, qui prévoit 4.600 suppressions d’emplois sur 48.000 en France, et plus de 10.000 hors de France. Il a annoncé début 2020 un milliard d’économies supplémentaires. Pour traverser la crise, le groupe a également eu droit à un prêt bancaire de cinq milliards d’euros garanti par l’Etat français.
« Le site doit diversifier ses activités et poursuivre la réduction de ses coûts de production »
Installée à Caudan depuis 1965, la Fonderie de Bretagne fabrique des bras de suspension, des collecteurs et coudes d’échappement, ainsi que des différentiels de boîte de vitesses. Le président de Renault Jean-Dominique Senard avait évoqué au printemps 2020 cette usine bretonne qui n’avait «pas vocation à rester dans le groupe Renault ». A l’été 2020, le constructeur a demandé une revue stratégique de l’usine au cabinet Advancy. « Cette analyse conclut que le site doit diversifier ses activités et poursuivre la réduction de ses coûts de production ».
La réaction syndicale ne s’est pas fait attendre très longtemps. « Ce n’est pas une surprise mais c’est une trahison », estime le délégué CGT Maël Le Goff. « Ce qui nous dégoûte dans cette histoire, c’est que les salariés ont tout fait pour reconstruire l’outil de travail », suite à un incendie en 2019, « et se sont démenés avec les changements de poste et changements d’horaires pour au final dire : on s’en va ». Le syndicaliste promet « des actions » avant un prochain CSE, prévu le 22 mars.
« On peut comprendre la colère des salariés »
L’annonce n’a pas franchement été du goût des élus locaux. « On peut comprendre la colère des salariés devant cette accélération soudaine. Nous nous sommes battu pour que ça ne ferme pas il y a un an. Nous nous battrons pour l’avenir de ce site et ses salariés. Renault nous doit la transparence et le respect des engagements pris », a déclaré Loïg Chesnais-Girard, le président socialiste de la région Bretagne. Le maire de Lorient et président de l’agglomération Fabrice Loher a demandé « que Renault prenne des engagements vis-à-vis des élus locaux », évoquant « un impact fort sur le territoire lorientais ».
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