Les premiers rassemblements, malgré l’interdiction de la Préfecture de police, ont été dispersés par un important dispositif policier. Des groupes se sont ensuite formés dans plusieurs endroits de la capitale. Des manifestations autorisées ont lieu dans plusieurs autres villes.
Les soutiens au peuple palestinien se sont rassemblés, samedi 15 mai, à Paris, en dépit de l’interdiction des autorités, confirmée par le tribunal administratif, tandis que plusieurs autres rassemblements ou défilés, autorisés, ont lieu à travers la France.
« Parce que nous refusons de taire notre solidarité avec les Palestiniens, et que l’on ne nous empêchera pas de manifester, nous serons présents [au métro] Barbès » samedi « à 15 heures », avait ainsi affirmé un peu plus tôt l’Association des Palestiniens en Ile-de-France, ainsi qu’une petite trentaine d’autres organisations.
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A Paris, une manifestation désorganisée, malgré l’interdiction
A partir de 15 heures, alors que les manifestants commençaient à se rassembler malgré l’important dispositif policier, ils étaient dispersés presque immédiatement par les forces de l’ordre. Les canons à eau ont également été mis en marche pour faire reculer la foule, qui se repliait, en scandant des slogans.
A 17 heures, la situation était toujours tendue autour de la station de métro Barbès-Rochechouart, et les fumées des gaz lacrymogènes étaient visibles depuis la proche station Anvers, à 500 mètres, mais les manifestants quittaient peu à peu le secteur. En parallèle, une intervention des forces de l’ordre devait disperser un autre groupe constitué boulevard Ornano. Rue Championnet, toujours dans le 18e arrondissement, un manifestant a été blessé à l’œil et secouru par une équipe de « street medics », ou secouristes de rue, d’après les images en direct du média en ligne Loopsider.
Un groupe s’était également constitué, dans le 3e arrondissement, place de la République, en fin d’après-midi. En bas du boulevard Magenta – bloqué en direction de la place de la République –, une petite foule, très jeune, était cernée par les CRS.
L’interdiction de manifester dans la capitale a été prise jeudi soir par le préfet de police de Paris, Didier Lallement, à la demande du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, en la justifiant par des risques de « troubles à l’ordre public ». Il a aussi mis en avant le précédent de 2014, lorsqu’une manifestation propalestinienne à Paris s’était soldée par des violences.
Saisi en référé-liberté par l’Association des Palestiniens en Ile-de-France, le tribunal administratif a confirmé vendredi cette interdiction. Ce dernier a estimé que le contexte « tant international qu’intérieur » ne permettait pas « d’estimer que les risques de troubles graves » ne « seraient pas aussi importants voire supérieurs à ceux avérés en 2014 », selon la décision.
« La France est le seul pays démocratique à interdire ces manifestations », ont protesté Sefen Guez Guez, Dominique Cochain et Ouadie Elhamamouchi, avocats de l’Association des Palestiniens en Ile-de-France, en annonçant faire « appel devant le Conseil d’Etat de ce rejet ».
L’affaire divise la classe politique, entre soutiens de la demande du gouvernement – essentiellement dans la majorité, à droite et à l’extrême droite – et ceux qui dénoncent une interdiction « inacceptable », en particulier La France insoumise. La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a jugé « sage » la décision du gouvernement. « Je crains des violences puisque, en 2014, nous avons tous gardé le souvenir d’une manifestation extrêmement difficile où des propos terribles comme « mort aux Juifs » ont été proférés », a-t-elle déclaré à l’AFP.
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Ailleurs en France, des rassemblements autorisés, sauf à Nice et Grenoble
Ces manifestations étaient au départ prévues pour commémorer la Nakba, l’exode de centaines de milliers de Palestiniens à la création d’Israël en 1948, avant que la flambée de violences en Israël et dans la bande de Gaza ces derniers jours ne vienne dessiner la perspective de rassemblements importants. Gérald Darmanin a demandé aux préfets de suivre de près les rassemblements de soutien au peuple palestinien prévus dans d’autres villes et d’assurer la protection des lieux fréquentés par la communauté juive.
En revanche, des rassemblements – statiques – ou des manifestations sont autorisés à Lyon, Bordeaux, Montpellier, Marseille, Nantes, Rennes, Strasbourg, Toulouse, Lille, Metz ou Saint-Etienne. Plus de 4 000 personnes à Strasbourg et 1 500 à Lille, selon les organisateurs, ont manifesté sans incidents.
A Marseille, le rassemblement, qui a réuni quelque 1 500 personnes également, a commencé place Bargemon, vers 15 h 30, où l’association Palestine 13, membre du collectif Palestine en résistances, propose le jumelage de Gaza avec Marseille.
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Des manifestations de soutien à l’étranger
A l’étranger, des milliers de manifestants se sont rassemblés en soutien aux Palestiniens. A Londres, plusieurs milliers personnes ont ainsi investi les rues, appelant le gouvernement britannique à intervenir pour faire cesser l’opération militaire israélienne. « Il est essentiel que le gouvernement britannique prenne des mesures immédiates », ont déclaré les organisateurs, dénonçant les frappes ayant tué des civils à Gaza comme des « crimes de guerre ».
Ces manifestations interviennent dans un contexte international tendu, alors que 139 Palestiniens sont morts à Gaza et 11 en Cisjordanie occupée depuis la reprise de ce nouveau cycle de violences et de bombardements israéliens. En Israël, où le bouclier antimissiles Dôme de fer a intercepté environ 90 % des roquettes tirées depuis Gaza, 9 personnes sont mortes, dont un enfant.
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