LR: Cet acte de piraterie aérienne est scandaleux, un nouveau méfait imputable au régime dictatorial d’Alexandre Loukachenko, ami de Poutine. Il est amusant qu’aucun journaliste français n’ait osé préciser que le premier détournement d’avion de l’histoire a été commis par la France en 1956. Le détournement de l’avion du FLN le 22 octobre 1956 a été le premier acte de piraterie de l’histoire de l’aviation civile. https://www.anti-k.org/2021/05/25/bien-avant-alexandre-loukachenko-ait-ahmed-raconte-le-detournement-de-lavion-du-fln-en-1956/
Le journaliste de 26 ans, interpellé dimanche après l’atterrissage contraint de l’appareil à Minsk, est notamment connu pour son travail au sein d’une influente chaîne d’opposition biélorusse.
Le journaliste et opposant biélorusse Roman Protassevitch, 26 ans, a été arrêté dimanche 23 mai après qu’un avion de la compagnie Ryanair a été dérouté et contraint d’atterrir à Minsk. Son interpellation a été immédiatement condamnée par la figure de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tikhanovskaïa. Sur Twitter, elle a assuré que Roman Protassevitch encourait « la peine de mort ». Franceinfo revient sur le parcours de ce militant.
Il est activiste depuis son adolescence
Roman Protassevitch est né le 5 mai 1995, selon les autorités biélorusses, soit un an après l’arrivée d’Alexandre Loukachenko à la tête de cette ancienne république soviétique. Dès son adolescence, il s’engage dans l’activisme sur internet. En 2011, il est expulsé de son lycée pour avoir pris part à une manifestation contre le président, rapporte la BBC (article en anglais).
A 17 ans, il dirige deux sites sur le réseau social VKontakte, dont l’un appelle à boycotter les élections législatives de septembre 2012 et s’intitule : « Nous sommes fatigués de Loukachenko ». C’est à cette époque qu’il est arrêté et battu par des policiers en civil, lors d’une vague de répression avant le scrutin. « Les policiers m’ont frappé aux reins et au foie, après j’ai uriné du sang pendant trois jours. Ils ont menacé de m’accuser de meurtres non élucidés », raconte alors le jeune contestataire à l’AFP.
Au cours de l’interrogatoire, des agents des services de sécurité biélorusses (toujours appelés KGB, comme à l’époque soviétique) lui demandent ses mots de passe pour des groupes en ligne. Roman Protassevitch est finalement relâché après quelques heures car il est mineur.
Il a été rédacteur en chef d’une influente chaîne d’opposition
Après son arrestation de 2012, Roman Protassevitch commence à travailler comme photographe pour des médias biélorusses. Il bénéficie en 2017-2018 de la bourse Vaclav Havel pour les aspirants journalistes indépendants, puis rejoint la très influente chaîne pro-opposition Nexta (« quelqu’un » en biélorusse). Créé en 2015 sous la forme d’une chaîne YouTube, ce média est désormais hébergé sur l’application de messagerie Telegram.
L’opposant quitte le pays en 2019, partageant depuis sa vie entre la Lituanie et la Pologne, deux pays où ont fui plusieurs opposants biélorusses exilés. Il devient ensuite le rédacteur en chef de Nexta, qui compte désormais plus de 1,2 million d’abonnés. La chaîne joue un rôle important dans l’organisation des manifestations anti-Loukachenko après le scrutin présidentiel d’août 2020. Alors que l’opposition accuse le chef d’Etat d’avoir été réélu frauduleusement, un vaste mouvement de contestation rassemble des milliers de Biélorusses durant l’été et l’automne. Nexta partage alors avec ses abonnés des détails sur les heures et les dates des rassemblements.
Le mouvement s’essouffle progressivement face aux arrestations massives, aux violences policières, à un harcèlement judiciaire permanent et à de lourdes peines de prison contre des militants et des journalistes. « Il a activement couvert les événements liés aux élections de 2020 et les protestations qui ont suivi. Les forces de sécurité ont lancé plusieurs affaires criminelles à son encontre », affirme sur Twitter l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, candidate à la présidentielle face à Alexandre Loukachenko.
Il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis novembre
En novembre 2020, les autorités biélorusses émettent un mandat d’arrêt contre Roman Protassevitch pour son travail chez Nexta, l’ajoutant à la liste des « individus impliqués dans une activité terroriste ». Sur son profil Twitter, l’opposant se décrit avec un humour narquois comme « le premier journaliste terroriste de l’histoire ». Le fondateur de la chaîne pro-opposition, Stepan Putilo, est lui aussi ajouté à cette liste. Ce chef d’accusation est passible de mort en Biélorussie, où la peine capitale est toujours appliquée.
Fin mai, Roman Protassevitch, désormais rédacteur en chef de la chaîne BGM, également diffusée sur Telegram, a accompagné Svetlana Tikhanovskaïa lors d’une visite officielle en Grèce. C’est lors de son vol retour à destination de Vilnius (Lituanie) qu’il a été interpellé, dimanche. Dans le dernier quart d’heure de vol, l’appareil a été dérouté par le régime biélorusse, en raison d’une supposée alerte à la bombe. « Le capitaine a fait une annonce disant qu’il devait atterrir d’urgence à l’aéroport le plus proche, en l’occurrence Minsk, en Biélorussie », raconte un passager français, Arthur Six, à franceinfo.
« Au moment de l’annonce, j’ai vu le journaliste en question qui s’est effondré, qui était dans tous ses états, démuni. Je l’ai entendu, en colère, commencer à échanger avec l’un des stewards. Il a paniqué, il s’exprimait fort. Je pense qu’il a compris ce qu’il se passait. C’est le seul à s’être exprimé. »
Arthur Six, passager du vol Ryanair
à franceinfo
« Il s’est juste tourné vers les gens et a dit qu’il risquait la peine de mort », confirme une passagère du vol, Monika Simkiene. Après l’atterrissage, les passagers sont conduits jusqu’à des bus censés les emmener au terminal. « Ils sont venus chercher le journaliste dans un des bus et lui ont fait vider sa valise, poursuit Arthur Six. Ensuite un des policiers l’a fait passer devant pour aller vers l’aéroport. Et il n’est pas reparti avec nous le soir même. »
La compagne de Roman Protassevitch a également été arrêtée dimanche. Sofia Sapéga, citoyenne russe de 23 ans, est étudiante en droit à l’Université européenne des sciences humaines de Vilnius. L’université a précisé, dans un communiqué, que la jeune femme avait été interpellée pour des motifs « sans fondement et inventés ».
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