Éliminée dès le premier tour dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie, la majorité présidentielle rate son ancrage territorial.
RÉGIONALES 2021 – Il n’y aura pas de ministres conseillers régionaux dans le Nord de la France. Dans les Hauts-de-France, où le ministre Laurent Pietraszewski est annoncé entre 7,3% (Harris Interactive) et 9,1% (Ifop), la liste de la majorité présidentielle ne sera pas en mesure de se maintenir en vue du second tour des régionales. Et ce malgré la présence de quatre autres membres du gouvernement sur sa liste – Agnès Pannier-Runacher, Éric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin et Alain Griset.
Cinq ministres éliminés dès le premier tour. Sur fond d’abstention record, ce score est d’autant plus humiliant que la candidat sortant Xavier Bertrand (ex-LR) recueille lui entre 39% et 46% des voix, loin devant le Rassemblement national. Sa victoire annoncée dimanche prochain constituera une rampe de lancement idéale pour une campagne présidentielle dont la macronie se serait bien passé.
Déconvenues à tous les étages
Et ce n’est pas comme si les Hauts-de-France étaient le seul point d’ombre dans cette sombre soirée électorale pour LREM. Eliminé en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie, le parti présidentiel et ses alliés recueillent à peine plus de 10% dans les autres régions.
Ce dimanche enterre par ailleurs tout espoir de victoire au deuxième tour pour La République en marche et ses alliés en Centre-Val-de-Loire, où le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau (MoDem) fut longtemps présenté comme favori.
De même, en Nouvelle-Aquitaine, la ministre des Anciens combattants Geneviève Darrieussecq (MoDem), avec environ 14%, ne peut nourrir d’ambition face au sortant socialiste Alain Rousset, qui a recueilli plus de 30%. En Île-de-France, Laurent Saint-Martin n’a recueilli qu’environ 11,6% des suffrages, trois fois moins que la sortante Valérie Pécresse (ex-LR).
“Je ne vais pas faire de langue de bois: oui, bien sûr qu’on a des déceptions” d’avoir “réalisé ce score-là”, a résumé le patron du parti présidentiel, Stanislas Guerini, sur RTL.
Le dilemme des alliances de second tour
De quel match La République en marche peut-elle encore être l’arbitre? Peut-être en Bourgogne-Franche-Comté, où la liste macroniste (environ 13%) pourrait s’allier avec – ou se retirer au profit de – la sortante PS Marie-Guite Dufay, arrivée en tête (environ 26%), mais talonnée par le Rassemblement national et LR.
Un accord serait d’autant mieux vu par une partie des marcheurs qu’il donnerait un signal au centre gauche et contrebalancerait l’idée d’une droitisation de la majorité présidentielle, incarnée par la liste commune avec le LR Renaud Muselier dès le premier tour en Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Et, en Bretagne, LREM, arrivé deuxième ou troisième selon les instituts, devra se positionner face au sortant PS Loïg Chesnais-Girard, par ailleurs proche du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, arrivé en tête.
″Ça montre une chose, c’est que les scrutins locaux sont des scrutins locaux : quand on est déjà implanté, on peut continuer, et particulièrement quand les taux d’abstention sont aussi importants”, a estimé Stanislas Guerini. “Quand on n’est pas implanté préalablement, c’est difficile; et pour nous, c’est difficile”.
Une défaite annonciatrice d’un remaniement?
La sévère déroute de la macronie engage-t-elle pour autant le gouvernement et, a fortiori, le chef de l’État, à dix mois de l’élection présidentielle ? Si l’exécutif a toujours martelé qu’il ne serait pas lié par les résultats, la question d’un remaniement ministériel est désormais à nouveau sur la table, d’autant qu’une quinzaine de ministres étaient candidats.
“Je souhaite que (Jean Castex) reste” à Matignon, a dit Stanislas Guerini.
La République en marche a par ailleurs considéré dimanche soir qu’elle avait, malgré la défaite, une raison de se réjouir: avec des scores inférieurs à ceux que les sondages lui prêtaient, le Rassemblement national pourrait échouer à conquérir une région dimanche prochain.
Une maigre consolation pour une majorité présidentielle qui est, elle, assurée de n’en diriger aucune.
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