Le ministère de l’intérieur a recensé 168 manifestations pour protester contre l’extension du passe sanitaire, ainsi que la vaccination obligatoire pour certaines professions. A Paris, près de 11 000 personnes sont descendues dans la rue.
« Pour la liberté » et « Contre la dictature sanitaire » : après une première mobilisation nationale le 17 juillet, près de 161 000 personnes, selon le ministère de l’intérieur, ont manifesté dans toute la France, samedi 24 juillet, contre l’extension du passe sanitaire et la vaccination anti-Covid-19 obligatoire pour certaines professions.
La hausse est conséquente par rapport à la mobilisation de samedi dernier, puisque 114 000 personnes avaient manifesté le 17 juillet. Samedi, les rassemblements les plus importants ont eu lieu à Paris, mais aussi dans le sud de la France, à Marseille, à Nice et à Montpellier. Au total, le ministère de l’intérieur a recensé 168 manifestations.
Une très large majorité de Français (76 %) approuve pourtant la décision du président, Emmanuel Macron, de rendre obligatoire la vaccination pour les personnels soignants et d’autres professions, avec sanctions à la clé, selon un sondage Elabe pour BFM-TV le 13 juillet. L’extension du passe sanitaire (vaccination complète ou test négatif récent) recueille aussi la majorité des approbations, mais leur proportion varie suivant les lieux concernés.
Le passe sanitaire, « nous nous en serions bien passés si le contexte était différent », a souligné le ministre de la santé, Olivier Véran, face à des lecteurs du Parisien. « On y mettra fin à la minute où nous le pourrons », a-t-il promis. « Quand 90 ou 95 % de la population sera vaccinée, on aura 300 cas par jour au lieu de 20 000. On vivra alors avec le Covid, jusqu’à ce qu’il disparaisse de lui-même », a également affirmé le ministre. Devant le Sénat, vendredi soir, il a expliqué que les modèles « prédisent une vague forte avec un impact hospitalier qui pourrait être très dur à la mi ou à la fin août ».
Trois cortèges parisiens
A Paris, où la mobilisation a enregistré une baisse (11 000 personnes, contre 18 000 une semaine plus tôt), les manifestants se sont scindés en trois défilés distincts. Essentiellement constitué de « gilets jaunes », un premier cortège s’est formé depuis la place de la Bastille jusqu’à la porte de Champerret (17e arrondissement). En chemin, des incidents sporadiques ont opposé policiers et manifestants dans le 9e arrondissement, puis à proximité des Champs-Elysées après la dispersion. Neuf personnes ont été interpellées, a fait savoir sur Twitter le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.
Sur la place du Trocadéro (16e arrondissement), plusieurs milliers de personnes, rarement masquées, se sont réunies à l’appel de Florian Philippot. Entre deux Marseillaise, le président des Patriotes et ancien numéro deux du Rassemblement national a dénoncé « l’apartheid » que met en place l’exécutif, appelant à faire tomber le « tyran » Macron. « Liberté, liberté », ont scandé les manifestants venus de Paris et de province, regroupés autour d’une estrade, entourée de dizaines de drapeaux bleu-blanc-rouge.
Des journalistes pris à partie à Marseille
En dehors de la capitale, 168 actions ont été recensées par les autorités, ayant mobilisé près de 150 000 personnes. A Marseille, un important cortège évalué à 4 300 personnes par la police a défilé dans le centre, remplissant une bonne moitié de la Canebière. « Je ne ferai pas l’injection », a lancé Sandra, une infirmière de 49 ans qui n’a pas souhaité donner son nom. « Notre pays devient totalitaire », a jugé, pour sa part, Jean-Claude Dib, 71 ans, chauffeur routier à la retraite.
Dans le cortège marseillais, deux journalistes de France 2 qui couvraient la manifestation ont été insultés, bousculés et chassés par plusieurs individus, selon plusieurs sources. France Télévisions a annoncé son intention de porter plainte. « C’est intolérable », a réagi sur Twitter le directeur de l’information de France Télévisions, Laurent Guimier.
A Nice, 6 000 personnes selon la police – réfractaires au passe sanitaire, antivaccins, « gilets jaunes » et opposants au président Macron –, selon la police, ont défilé dans le centre et sur la promenade des Anglais, autour d’un même mot d’ordre : « Liberté ». A Montpellier, la préfecture a compté 5 000 manifestants, qui ont investi la place de la Comédie aux cris de « Liberté » et « A bas la dictature sanitaire », avant de défiler dans le centre-ville.
150 000 manifestants en province
Au moins une dizaine de rassemblements ont lieu en Auvergne – Rhône-Alpes, où la manifestation la plus importante a réuni 3 500 personnes à Annecy, selon la préfecture. A Lyon, moins de 2 000 personnes, divisées en deux cortèges, ont défilé. Les forces de l’ordre ont essuyé des jets de projectiles à proximité de la place Bellecour où la manifestation avait été interdite. Cinq personnes ont été interpellées, a déclaré la préfecture. Les autorités ont également recensé 500 personnes à Saint-Etienne et 600 à Roanne (Loire).
Dans la région Grand Est, environ 4 000 personnes ont manifesté à Strasbourg, selon la police. Quelques « blouses blanches » dans le cortège, parmi elles, Elodie, aide-soignante de 34 ans, a dénoncé « le chantage sur les soignants envoyés en première ligne » et qu’on « menace », maintenant, de « ne plus payer » et de « virer ».
Regroupée autour des mots-dièses #manif24juillet, #PassDeLaHonte ou #liberté sur les réseaux sociaux, l’opposition aux mesures gouvernementales pour lutter contre le Covid-19 fédère des manifestants aux revendications protéiformes : contre les masques, les vaccins ou le confinement… Le 17 juillet, environ 110 000 personnes avaient manifesté dans toute la France, dont 18 000 à Paris et 96 000 dans le reste du pays, selon le ministère de l’intérieur. Pendant la semaine, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblées devant l’Assemblée nationale et le Sénat, suivant le parcours parlementaire du projet de loi anti-Covid, dont l’adoption est attendue à la fin du week-end.
Pour tenter d’enrayer la progression du variant Delta, Emmanuel Macron avait présenté le 12 juillet une série de mesures. Source de débats et objet de nombreux amendements à l’Assemblée nationale, la présentation d’un passe sanitaire (parcours vaccinal complet ou test récent) est entrée partiellement en vigueur mercredi. Alors qu’il est d’ores et déjà requis dans les lieux culturels et de loisirs, la mesure doit être étendue aux cafés, restaurants et trains au début du mois d’août. Avant même l’adoption de ces mesures, leur simple annonce par le chef de l’Etat a fait grimper les chiffres de la vaccination : 58 % de la population totale (39 millions de personnes) avaient vendredi reçu au moins une dose (et 48 % sont complètement vaccinées), contre respectivement 53 % et 40 % le 10 juillet.
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