Il était accusé de tentative de meurtre sur des forces de l’ordre pendant les violences ayant suivi la mort de son frère, en juillet 2016. Deux hommes ont été condamnés à douze ans de réclusion criminelle et huit ans de prison pour des violences commises pendant ces émeutes.
Bagui Traoré, accusé de tentative de meurtre sur des forces de l’ordre pendant les violences ayant suivi la mort de son frère, Adama, le 19 juillet 2016, a été acquitté par la cour d’assises du Val-d’Oise, vendredi 9 juillet. Programmé pour juin 2020, le procès avait été renvoyé en raison de l’épidémie due au coronavirus.
Le décès d’Adama Traoré, âgé de 24 ans, dans une cour de gendarmerie, il y a cinq ans, avait entraîné cinq nuits d’affrontements dans le Val-d’Oise. Treize gendarmes et policiers avaient été légèrement blessés, notamment par arme à feu.
Cinq personnes étaient jugées depuis le 21 juin à Pontoise pour des tirs d’armes à feu sur les forces de l’ordre à Persan et Beaumont-sur-Oise. Outre Bagui Traoré, son ex-compagne et un homme accusé d’avoir été l’un des tireurs ont été acquittés. Deux hommes ont été reconnus coupables d’avoir été les auteurs de tirs. Ils ont été condamnés à douze ans de réclusion criminelle et huit ans de prison, conformément aux réquisitions du parquet.
Dans ce dossier hors normes, aux quelque 90 parties civiles et 1 700 questions auxquelles devait répondre la cour, il a fallu une trentaine d’heures au jury présidé par l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic pour accoucher d’un verdict.
Coup de tonnerre
A l’annonce de l’acquittement de Bagui Traoré, des applaudissements et des vivats de ses soutiens ont éclaté dans une des grandes tentes de retransmission, installée dans le hall du tribunal. Une partie des dizaines de gendarmes parties civiles étaient venus en uniforme, dans la salle, assister au prononcé du verdict.
Personnage central de ce procès, Bagui Traoré était accusé d’être l’un des instigateurs des émeutes. Le jeune homme de 29 ans, qui comparaissait détenu dans le box, a clamé son innocence tout au long des cinq ans de procédure. Mardi, après deux semaines et demie de débats denses, un coup de tonnerre a retenti à l’audience : le ministère public a requis son acquittement. Les avocats généraux ont estimé que les éléments matériels manquaient pour prouver qu’il faisait partie des tireurs ou leur avait donné des ordres.
Aux débuts du procès, des gendarmes et policiers parties civiles ont défilé à la barre pour raconter le chaos et la tension extrême de ces nuits d’émeutes, où leur hiérarchie a refusé l’utilisation d’armes létales pour riposter aux tirs, en dépit du danger.
Dans ses plaidoiries mercredi, la défense de Bagui Traoré a pour sa part fustigé un « naufrage » de l’institution judiciaire et accusé les enquêteurs de l’avoir ciblé pour « faire diversion » à la mort de son frère Adama. Un drame toujours en cours d’instruction et dont l’ombre a hanté tout le procès. Depuis cinq ans, des juges d’instruction tentent de déterminer les causes de cette mort, s’appuyant sur des expertises médicales dont les conclusions divergent sur la responsabilité des gendarmes, qui ne sont pas mis en examen à ce stade.
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