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Les pouvoirs publics méprisent les gens du voyages (et la loi)
Edition de 6 juillet 2021. Newsletter de StreetPress.
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Préambule – L’ensemble de ce (long) travail sur les conditions de vie des voyageurs a été financé par les lecteurs de StreetPress. Merci. Grâce à vous ce dossier existe et il est en accès libre. Nous espérons qu’il va vous intéresser, plaire, indigner aussi. Et peut-être qu’il contribuera à faire bouger les lignes. C’est en tout cas pour ça qu’on l’a fait.
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Moïse est un vieil homme triste. La santé de sa femme se dégrade. C’est la fin. Elle vient de quitter sa caravane pour l’hôpital. Elle décédera quelques jours après notre tournage. Alors, ce jour là, il porte un regard encore plus amer qu’à l’accoutumé sur son quotidien :
« Avant on voyageait partout. J’étais en Hollande, en Suisse, en Belgique… Ce n’était pas comme ici. C’était beau, madame, » dit-il. « On se mettait dans les champs l’été, c’était une merveille. Ce qui a tué les gens du voyage, c’est les espaces comme ça. C’est des camps. Il manque juste un Allemand ou un soldat devant. »
Au printemps, Léa Gasquet et Thomas Porlon se sont rendus plusieurs jours sur l’aire d’accueil de Petit-Quevilly (76). Ce terrain triste au fond d’une zone industrielle avait, en 2019, pris de plein fouet les retombés chimiques générées par l’incendie de l’usine Lubrizol. Un site classé Seveso, donc extrêmement dangereux. En quelques heures, 9.500 tonnes de produits chimiques sont parties en fumée et 8.000 mètres carrés de toiture en amiante se sont dispersés aux alentours. Couvrant de suies toxiques les caravanes de Moïse, sa famille et leurs voisins. Deux ans après, certains de ces voyageurs attendent toujours une proposition d’accueil décente de la métropole de Rouen. Une femme a pris la tête de ce combat : la belle-fille de Moïse, Vanessa. Ce documentaire dresse son portrait.
Cliquez sur l’image pour le visionner.
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Mais pourquoi sont-ils là ? Pourquoi vivre ainsi au pied des usines ? N’y-a-t-il pas d’autres endroits où s’installer ? Non. C’est ce que démontre l’enquête menée par Léa Gasquet sur les dispositifs d’accueil des voyageurs en Seine-Maritime. Le territoire n’offre pas le nombre de place imposé par la loi (depuis 1990, toute commune de plus de 5.000 habitants doit proposer une aire aménagée). Les élus du coin affichent des intentions nobles. Mais quand on gratte le vernis, c’est du vent. Notre enquête révèle que pour faire croire à un projet ambitieux, ils ont discrètement trafiqué les chiffres.
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Et ailleurs c’est mieux ? Pas vraiment. La Seine-Maritime est un peu le département type : pas vraiment un cancre, ni le premier de la classe. C’est ce que démontre William Acker. Ce juriste qui a grandi en caravane, s’est lancé dans une étude (presque) exhaustive de 1.358 aires dites d’accueil des voyageurs et de leur environnement. Les conclusions de ce travail titanesque sont effarantes. Aucun département ne respecte la loi. 81% des aires subissent des pollutions importantes ou sont reléguées. 40 aires sont même situées à moins de 500 m d’un site Seveso… Cette étude, William Acker, la détaille dans son formidable livre « Où sont les gens du voyage? » (Ed. du Commun) et sur une carte interactive réalisée par le collectif VisionCarto.
C’est William qui nous a aidé à orienter notre travail. Merci à lui. Retrouvez son interview en cliquant sur l’image.
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Son travail braque une lumière crue sur certains territoires. « Il y a des lieux catastrophiques où l’on atteint quasiment 100 pour cent d’aires isolées et polluées » dit-il. « Je pense à la Métropole de Lille, qui est l’une des pires de France. » Léa, accompagnée de notre photographe Yann Castanier, s’est rendue sur ce territoire. Elle a rencontré le collectif de femmes de l’aire d’accueil pour les gens du voyage de Hellemmes-Ronchin. Depuis 2013, elles se battent contre l’usine de béton et la concasserie de gravats qui les empoisonnent.
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DES COPAINS NOUS ONT REJOINT
Pour vous convaincre de nous aider à financer ce projet, nous avons, en mai dernier, mené une petite campagne de financement présentant nos intentions. Quelques semaines plus tard, j’ai reçu un coup de fil de Pierre France, le rédac chef de Rue89 Strasbourg, un média local indépendant qui mène un travail d’enquête exigeant et de grande qualité. Il proposait d’amener sa pierre à l’édifice en travaillant sur les enjeux sur son territoire. Forcément on était partant. Il a embarqué dans l’aventure les copains de Marsactu et de Rue89 Lyon, deux autres médias indé. Voici leur travail.
Mathieu Molard,
rédacteur en chef de Streetpress
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Aller sur le terrain et raconter la société, pour la changer aussi. C’est peut-être ce qui rend notre média si particulier.
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