Des milliers d’Afghans cherchent à fuir leur pays, aux mains des talibans depuis quelques heures, alors que l’évacuation de diplomates et d’autres ressortissants étrangers s’est organisée tout le week-end à un rythme effréné.
L’Afghanistan se trouvait, lundi 16 août, aux mains des talibans après l’effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l’étranger du président, Ashraf Ghani. Des milliers de personnes tentaient désespérément de fuir le pays à l’aéroport de Kaboul.
Le fulgurant triomphe des insurgés islamistes, qu’ils ont célébré dimanche soir en investissant le palais présidentiel à Kaboul, a déclenché des scènes de panique monstres à l’aéroport international Hamid-Karzaï.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient des scènes de chaos absolu, des milliers de personnes attendant sur le tarmac et des grappes de jeunes hommes, surtout, s’agrippant aux passerelles ou aux escaliers pour tenter de monter dans un avion.
Les forces américaines ont même tiré en l’air « pour désamorcer le chaos », a rapporté à l’agence de presse Reuters un représentant des Etats-Unis. « La foule était hors de contrôle », a expliqué ce responsable, par téléphone. Un témoin, contacté par l’Agence France-Presse, a confié avoir « très peur ». « Ils tirent des coups de feu en l’air. [Dans la cohue], j’ai vu une jeune fille être écrasée et tuée », a-t-il affirmé.
Les vols commerciaux ont été annulés, a annoncé l’autorité aéroportuaire de la capitale, un peu plus tard dans la matinée. « Il n’y aura pas de vols commerciaux au départ de l’aéroport Hamid-Karzaï, pour prévenir le pillage. S’il vous plaît, ne vous précipitez pas à l’aéroport », a-t-elle déclaré dans un message transmis à la presse.
L’évacuation des diplomates et d’autres ressortissants étrangers a été organisée à un rythme effréné tout le week-end à Kaboul, tombée aux mains des talibans après une offensive militaire éclair qui a balayé les forces armées afghanes.
Le personnel diplomatique transféré à l’aéroport
Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir le pays « doivent être autorisés à le faire », ont plaidé les Etats-Unis et soixante-cinq autres pays dans un communiqué commun publié dans la nuit de dimanche à lundi, avertissant les talibans qu’ils devaient faire preuve de « responsabilité » en la matière. L’Union européenne avait auparavant souligné que l’arrivée des talibans à Kaboul avait « rendu encore plus urgente la protection » contre de possibles représailles à l’égard de son personnel afghan, qu’elle essaie de mettre en sécurité.
Le président américain, Joe Biden, avait porté à 5 000 soldats le dispositif militaire à l’aéroport de Kaboul pour procéder à cette évacuation, qui concerne environ 30 000 personnes. Il a décidé, dimanche, d’envoyer 1 000 militaires de plus. Comme la veille, des hélicoptères américains ont continué leurs incessantes rotations entre l’ambassade américaine, un gigantesque complexe situé dans la « zone verte » ultrafortifiée, dans le centre de la capitale, et l’aéroport, désormais la seule voie de sortie du pays.
L’Allemagne, la France et les Pays-Bas font partie des pays qui ont aussi transféré des membres de leur personnel diplomatique de leur ambassade à Kaboul à l’aéroport avant une évacuation. L’Allemagne prévoyait les premiers départs dans la soirée de dimanche de ses diplomates présents à l’aéroport. D’autres pays membres de l’OTAN, dont le Royaume-Uni, l’Italie, le Danemark et l’Espagne, ont également annoncé l’évacuation de leur personnel diplomatique, tout comme la Suède.
Première rotation aérienne française lundi
Le ministère des affaires étrangères français a annoncé, dimanche, que Paris déployait des renforts militaires aux Emirats arabes unis pour faciliter l’évacuation de ses ressortissants. La première rotation aérienne d’évacuation organisée par l’armée française entre sa base aux Emirats et la capitale afghane est prévue d’ici à « la fin de [la journée de] lundi », a déclaré la ministre des armées française, Florence Parly. Il y a « plusieurs dizaines » de Français à évacuer ainsi que des « personnes qui sont sous notre protection », a-t-elle précisé.
La progression des talibans avait conduit Londres à annoncer, jeudi soir, l’envoi d’environ 600 militaires pour évacuer ses ressortissants. Alors que le Sunday Times affirmait que le Royaume-Uni préparait l’évacuation de son ambassadeur, Laurie Bristow, et ne comptait pas maintenir de présence diplomatique, le ministère des affaires étrangères a assuré que ce dernier restait à Kaboul en l’état.
Le Canada a annoncé, dimanche soir, la fermeture provisoire de son ambassade, précisant que le personnel canadien était déjà sur le chemin du retour. Le ministère de la défense italien a évoqué l’arrivée, dimanche, d’un premier avion militaire pour commencer les opérations d’« évacuation d’urgence ».
Pendant ce temps, l’ambassade des Pays-Bas à Kaboul travaillait, dimanche, d’un bureau de fortune près de l’aéroport. Vendredi, les Pays-Bas ont déclaré qu’ils accueilleraient des interprètes afghans et d’autres membres du personnel de l’ambassade.
Enfin, la Russie ne prévoyait pas d’évacuer son ambassade. « Aucune évacuation n’est prévue », a affirmé, dimanche, Zamir Kaboulov, émissaire du Kremlin pour l’Afghanistan, cité par l’agence de presse Interfax. La Russie fait partie des pays ayant reçu des garanties de la part des talibans quant à la sécurité de leur ambassade, a expliqué M. Kaboulov. Tous les membres de la mission diplomatique d’Arabie saoudite ont, en revanche, été évacués de Kaboul, a annoncé le ministère des affaires étrangères.
Another day begins in Kabul, a sea of people rushing into the Kabul airport terminal. #AFG pic.twitter.com/UekpGJ2MWd
— Jawad Sukhanyar (@JawadSukhanyar) August 16, 2021
Desperate situation unfolding at #Kabul airport this morning. pic.twitter.com/JlAWtTHPBy
— Ahmer Khan (@ahmermkhan) August 16, 2021
Poster un Commentaire