471 milliards de dollars : c’est le montant planétaire des dividendes distribués entre avril et juin 2021, selon le gestionnaire d’actifs Janus Henderson, un montant en forte progression par rapport à la même période l’an dernier, mais encore en retrait de 6,8% au regard des résultats de 2019. L’Europe – particulièrement la France – et le Royaume-Uni tirent la dynamique.
Après une année marquée par la mise sous cloche de l’économie mondiale, les actionnaires retrouvent le sourire. Dans le sillage de résultats semestriels exceptionnels, fortes des réductions de coûts effectuées pendant la pandémie et portées par la reprise de l’activité et une trésorerie flamboyante, les entreprises cotées dégagent de nouveaux d’importants bénéfices. Et les dividendes pleuvent : entre avril et juin 2021, 471,7 milliards de dollars ont été distribués, en hausse de 26,3% par rapport à l’an dernier, un montant de plus en plus proche du dernier exercice pré-crise, en 2019. Le retrait n’est plus que de 6,8%, souligne une étude du gestionnaire d’actifs Janus Henderson, qui précise que « la reprise mondiale des dividendes s’est véritablement amorcée au deuxième trimestre 2021 ».
Car au deuxième trimestre de 2020, la rémunération des actionnaires avait chuté de 22%, une baisse sans précédent. Le quatrième trimestre avait ensuite permis de limiter la casse et sur l’année entière les dividendes versés s’étaient contractés de 12,2%.
Augmentation des prévisions
« La reprise est conforme au rapide rebond économique auquel on assiste actuellement dans les parties du monde où les programmes de vaccination permettent la réouverture des économies », estime Jane Shoemake, gestionnaire de portefeuille chez Janus Henderson, citée dans le rapport. Preuve de l’amélioration du contexte économique, 84% des entreprises ont maintenu stables ou augmenté leurs dividendes par rapport au deuxième trimestre 2020.
Ces chiffres permettent à Janus Henderson de revoir à la hausse ses perspectives pour 2021, les portant de 1.360 à 1.390 milliards de dollars, une nouvelle estimation inférieure de seulement « 3% au pic qui a précédé la pandémie », est-il précisé. Résultat, en 2021, les versements mondiaux devraient croître de 10,7% par rapport à 2020.
Toutefois, la dynamique de versement de dividendes est différente en fonction des zones géographiques. Le rapport note « d’énormes divergences » : les paiements de dividendes ayant augmenté de 66,4% en Europe et de 60,9 % au Royaume-Uni mais seulement de 0,4% au Japon et de 5% en Amérique du Nord. La France et la Suède ont enregistré la
plus forte reprise ; l’Allemagne, la Suisse et la Norvège ont été à la traîne.
La France moteur de la reprise des dividendes
Le rapport explique cette performance européenne par un décalage de calendrier, qui représente quasiment la moitié des augmentations des dividendes européens en glissement annuel.« Ces larges disparités reflètent l’ampleur, le timing et la profondeur des réductions effectuées en 2020 suite à la pandémie », explique l’étude qui ajoute que le deuxième trimestre est la principale période de versement des dividendes en Europe.
La France tire notamment la dynamique européenne : sur le T2 2021, les entreprises tricolores cotées ont versé 39,8 milliards de dollars de dividendes contre 49,5 milliards en 2019 sur la même période.
En France, les dividendes totaux français ont triplé par rapport à l’an dernier (+199,6 %), grâce aux entreprises qui ont payé à temps cette année, après avoir reporté leur paiement au troisième trimestre l’an dernier. Malgré tout, la croissance sous-jacente s’est révélée impressionnante (70.1%). Les trois quarts de cette croissance sont dus aux entreprises qui ont recommencé à payer des dividendes après les avoir annulés en 2020, notamment les trois banques françaises de notre indice. Parmi celles qui ont payé des dividendes, huit sociétés françaises sur dix ont augmenté leurs dividendes ou les ont maintenus. Quelques entreprises, dont Airbus et Renault, n’ont pas repris leurs versements.
En France et en Europe, la distribution de dividendes est notamment portée par le secteur bancaire. Une dynamique qui pourrait encore s’accélérer. La Banque centrale européenne (BCE) lèvera, fin septembre, comme prévu, les restrictions imposées aux banques sur les rachats d’actions et le paiement de dividendes.
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