L’afficheur varois condamné à Toulon pour ses affiches d’Emmanuel Macron en Hitler et Pétain

Par Christelle Marquès, France Bleu Provence, France BleuToulon

Le Tribunal correctionnel de Toulon a condamné Michel-Ange Flori à 10.000 euros d’amende ce vendredi pour avoir représenté sur ses panneaux publicitaires le Président Macron en Hitler et Pétain cet été, à Toulon et la Seyne-sur Mer. Le publicitaire comparaissait pour injure publique. Il fait appel.

Michel-Ange Flori à son arrivée au Tribunal judiciaire de Toulon, avant son procès
Michel-Ange Flori à son arrivée au Tribunal judiciaire de Toulon, avant son procès © Radio France – Christelle MARQUES

L’afficheur varois controversé, Michel-Ange Flori a été reconnu coupable d’injure publique à l’égard du président de la République et condamné à 10.000 euros d’amende par le Tribunal correctionnel de Toulon ce vendredi. Il comparaissait pour avoir exposé sur ses deux panneaux publicitaires de Toulon et la Seyne-sur-Mer en juillet et en août deux affiches d’Emmanuel Macron représenté en Hitler et Pétain. Michel-Ange Flori a indiqué à la sortie du Tribunal judiciaire de Toulon qu’il allait faire appel de cette décision.

Après une audience de près de 3h, la présidente et ses deux assesseures se sont retirées pour délibérer. Quelques dizaines de minutes plus tard, les magistrates sont revenues et la présidente a indiqué que le Tribunal reconnaissait coupable Michel-Ange Flori des faits qui lui étaient reprochés et le condamnait à 10.000 euros d’amende. « Les motivations complètes de cette décision sont dans le jugement mais sachez qu’il y a toujours une limite Monsieur Flori« , a commenté brièvement la présidente.

Dans une longue plaidoirie mêlant arguments de droit et surtout tribune politique anti-Macron, l’avocat de Michel-Ange Flori a tenté de démontrer que son client devait être relaxé. « Ces affiches sont dérisoires, peut-être vulgaires et outrancières, mais elles ne constituent pas une injure » affirme Me Béranger Tourné s’appuyant sur une décision de la Cour européenne des droits de l’homme transposée, selon lui, à trois décisions en droit français.

Me Béranger Tourné, suivi de son client Michel-Ange Flori devant le Tribunal judiciaire de Toulon
Me Béranger Tourné, suivi de son client Michel-Ange Flori devant le Tribunal judiciaire de Toulon © Radio France – Christelle MARQUES

« Je ne regrette rien, j’assume complètement ma liberté d’expression » indiquait un peu plus tôt le prévenu. « Vous pensez qu’on peut rire de tout avec tout le monde » l’interroge la présidente. « Je n’ai pas dépassé les limites » lui répond Michel-Ange Flori. La magistrate lui rappelle alors qu’il n’a pas été poursuivi pour toutes ses affiches, comme celle par exemple de Macron en César. « Vous ne voyez pas la nuance ? » s’enquiert-elle auprès de l’afficheur qui lui répond simplement par un non.

« Chacun comprendra qu’il n’est pas reproché à Michel-Ange Flori d’avoir usé de sa liberté d’expression mais d’en avoir abusé. Michel-Ange Flori n’est pas un humoriste, ni un intellectuel mais un délinquant récidiviste« , argumente le parquet faisant allusion aux dix mentions sur le casier judiciaire du prévenu et avant de prendre ses réquisitions.

Sonné mais pas à terre

À l’énoncé de la décision, pas un mot dans la salle. La présidente avait indiqué en préambule qu’elle ne tolérerait aucun débordement. Mais à l’extérieur, l’avocat de Michel-Ange Flori peine à contenir son agacement. « Nous avons été jugés dans un délai sacrément record. C’est à croire que le Tribunal de Toulon ne connait pas l’engorgement judiciaire que l’on connait à Paris, à Marseille, à Brest ou à Strasbourg. Ce procès est évidemment un procès politique, un procès exceptionnel. Ce procès est devenu un procès exorbitant et ça, nous ne pouvons pas l’accepter. Puisqu’il a été rendu en quelque sorte finalement au nom de la raison d’État et pas en droit, nous irons chercher le droit devant la Cour d’appel. Si on ne le trouve pas, on ira devant la Cour de cassation. Et si on ne le trouve pas encore, devant la Cour européenne comme elle l’a fait à l’époque s’agissant de « casse toi pauvre con » et de Sarko. Elle viendra dire le droit et l’imposer à la France puisque certaines juridictions sont sourdes au bon droit « , a réagi Me Tourné.

Semblant accuser le coup, mais persuadé de son bon droit, Michel-Ange Flori regrette que « cela soit à Toulon, ville où je vis que le droit à la caricature soit enterré. Je vais continuer car sinon cela signifie qu’il faudrait un brevet pour faire des caricatures. Ce que le Tribunal avait l’air de penser ou plutôt le procureur. Donc je continuerais ma parodie et ma satire. Je ne regrette rien. Je pense que si Thierry Le Luron était encore en vie et qu’il habitait Toulon, on l’aurait incarcéré« .

Quelques sympathisants qui avaient fait le déplacement pour soutenir Michel-Ange Flori ont scandé « Liberté, ne crachez pas sur le droit. Justice à deux vitesses. Liberté expression artistique » et l’ont applaudi à la sortie du palais de justice.

Quelques sympathisants de Michel-Ange Flori venus le soutenir avant son procès
Quelques sympathisants de Michel-Ange Flori venus le soutenir avant son procès © Radio France – Christelle MARQUES

Michel-Ange Flori se disait prêt au combat la veille de son procès. Un peu sonné visiblement par la décision du Tribunal correctionnel de Toulon, il s’est très vite relevé, prêt pour le deuxième round.

L'afficheur varois Michel-Ange Flori, comparait ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Toulon pour injures publiques à cause de ses affiches représentant Emmanuel Macron en Hitler et Pétain.

À Toulon, l'afficheur controversé Flori compare Emmanuel Macron à Hitler

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