Ces excellents résultats ont provoqué la colère de nombreuses ONG et experts, alors que les ménages se retrouvent plongés dans la précarité énergétique et ont des difficultés à faire face à cette flambée des prix.
A qui profite la crise ? Assurément à la major pétrolière TotalEnergies, dont le dernier résultat prouve à lui seul à quel point la multinationale est bien loin d’avoir amorcé une transition énergétique crédible. Grâce à la remontée des cours des hydrocarbures, et en particulier du gaz, TotalEnergies a annoncé ce jeudi un bénéfice net multiplié par 23 sur un an, à 4,6 milliards de dollars au troisième trimestre.
Les citoyens voient leurs factures augmenter dramatiquement, tandis que les caisses des plus grandes majors pétrolières se remplissent de façon indécente. TotalEnergies vient de défrayer la chronique en annonçant le résultat de son bénéfice net au troisième trimestre : 4,6 milliards de dollars.
Il a donc été multiplié par 23 en comparaison au troisième trimestre 2020, alors de 202 millions de dollars en raison de la déprime des cours en pleine pandémie. Hors-crise, le bénéfice représente toujours une manne substantielle pour l’entreprise : en le comparant au troisième trimestre de 2019, avant la crise du Covid-19, ce résultat indique une forte progression de 66%.
« La reprise économique mondiale, notamment en Asie, a entraîné une forte hausse des prix de toutes les énergies au troisième trimestre », a souligné dans un communiqué Patrick Pouyanné, le PDG du géant français.
En plus de la remontée des cours des hydrocarbures, la major pétrolière a tiré profit d’une augmentation de sa production d’hydrocarbures, en hausse de 4% sur un an au troisième trimestre, grâce à la forte demande pour le gaz et au choix des pays producteurs de pétrole de remettre des barils sur le marché.
Ces excellents résultats ont provoqué la colère de nombreuses ONG et experts, alors que les ménages se retrouvent plongés dans la précarité énergétique et ont des difficultés à faire face à cette flambée des prix.
« En parallèle de ces « excellents » résultats, TotalEnergies annonce un troisième acompte sur dividende au titre de l’exercice 2021 de 1,63 milliard € : alors que les usagers souffrent de l’envolée des prix du gaz et du pétrole, les actionnaires se frottent les mains. » avertit Maxime Combes, économiste et co-auteur du rapport « Allo Bercy »
Le rapport « Allo Bercy » liste et dénonce l’augmentation des revenus des actionnaires des grandes entreprises, alors qu’elles ont touché des subventions publiques. Pendant la pandémie, le groupe TotalEnergies a ainsi reçu des subventions publiques à travers le plan de relance et la BCE. Le groupe va par exemple bénéficier de 40 millions d’euros par an, pendant vingt ans, pour la seule centrale au gaz de Landivisiau.
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La major pétrolière est aussi activement soutenue par l’Etat français dans ses velléités d’expansion à l’international, quitte à ce que soit au détriment des droits humains les plus élémentaires et de la protection de l’environnement, comme c’est le cas pour le projet pétrolier pharaonique de TotalEnergies en Ouganda.
« Autant dire que le gaz payé si cher par les ménages remplit les poches des actionnaires de la firme, dont le 1er n’est autre que BlackRock ! Autant dire aussi que l’exploitation de l’Arctique, des eaux du Suriname ou encore des réserves naturelles d’Afrique de l’est #stopeacop ont de beaux jours devant elles, tant que nous laissons impunies ces atteintes majeures au climat et à la justicesociale. Nous demandons justice. » a réagi l’eurodéputée Marie Toussaint
TotalEnergies vient également d’être entachée par les révélations de chercheurs sur la façon dont le pétrolier a alimenté le climatosceptiscime pendant 50 ans. Ils ont ainsi révélé comment Total et Elf, ayant fusionné durant les années 1999-2000, ont renié les données scientifiques qui menaçaient leurs activités, tout en connaissant très bien dès 1971 les risques climatiques liés à l’explosion des émissions de gaz à effet de serre.
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Face aux scandales et à l’occasion du dernier Climate Finance Day du mandat d’Emmanuel Macron et à la veille de la COP26, de nombreux activistes ont ainsi organisé des actions coups de poing lors de rassemblements politiques et devant les devantures des plus grandes banques françaises, comme la BNP Paribas.
Ils exigent que le gouvernement impose immédiatement aux acteurs financiers de cesser tout soutien à l’expansion pétrolière et gazière, alors que les financements des grandes banques françaises aux énergies fossiles ont près de doublé depuis la COP21 et l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat.
Crédit photo couv : Par HJBC
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