La tendance à ridiculiser les gens qui se mobilisent pour la première fois en demandant : « où étaient ces personnes quand nous manifestions contre ceci et contre cela ? » peut être interprétée de différentes façons
a. Il s’agit d’une vérité partielle, indument généralisée, étant donné que dans ces rassemblements, il n’y a pas que des « débutants » mais aussi beaucoup de personnes qui ont participé à des luttes précédentes, personnes qui, confrontées à la question : « où étais-tu ? » pourraient facilement répondre : « Moi, j’étais dans la rue. Jusqu’à il y a quelques temps, tu y étais aussi. Où es-tu maintenant, toi ? »
b. C’est une affirmation d’identité et de propriété : « les manifestations sont traditionnellement notre truc à nous, on était là avant ! » dit la « bonne gauche ». Néanmoins, les rues n’appartiennent à personne. Sinon à ceux qui les prennent. Quant aux « bons de gauche », ils les ont laissées vides.
c. C’est une manifestation de snobisme face à une mobilisation sans « pédigrée », illisible selon les paramètres habituels.
d. C’est la manière la plus rapide d’abaisser une mobilisation qui met la « bonne gauche » devant des contradictions qu’elle n’a aucune envie (ni capacité) d’affronter.
e. C’est une façon de faire taire sa propre mauvaise conscience : l’adhésion acritique à la gestion de la pandémie a poussé certaines personnes à une soumission et une passivité totales : « laissons faire ceux qui nous sauvent la vie ». Maintenant, le sujet passif est à moitié conscient du fait qu’il y aurait de bonnes raisons de descendre dans la rue, vu que les politiques de Draghi augmentent les inégalités, mais il est difficile de se débarrasser de deux années de passivité et de peur, alors la « bonne gauche » garde de la rancœur envers elle-même et envers les manifestants qui lui rappellent sa passivité.
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